Chapitre 17

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Une semaine s'écoula avant que les choses ne se calme, mais la tension, entre mon père et moi était toujours présente. Il ne me restait plus que sept jours pour convaincre mon père de changer d'avis. Cela s'annonçait délicat en raison des circonstances. Mais je ne perdais pas espoir. Installée confortablement dans le canapé toujours en pyjama, une tasse fumante de chocolat à la main, j'allumai le téléviseur. Le générique venait à peine de démarrer lorsque quelqu'un sonna à la porte.

- Oh nooon, râlai-je.

Péniblement, je me redressai pensant sûrement que c'était le facteur. J'ouvris la porte. Je fus stupéfaite de découvrir Paul, debout sur le seuil les mains dans les poches.

- Salut, je peux... dit-il en désignant le hall d'entrée.

J'allai répondre lorsque je me rendis compte de l'état dans lequel je me trouvais. Les cheveux en batailles et mon pyjama trop grand ne passa pas inaperçu.

- Je t'ai réveillé ? demanda-t-il.

- Non pas du tout. Entre.

Il s'asseyait sur le canapé et retira sa veste.

- Tu voulais me dire quelque chose ?

Paul hésita quelque secondes avant de se lancer.

- Ma grand-mère souhaiterait te parler. Apparemment, ça avait l'air important.

- Quand ?

- J'en sais rien. Je peux t'y emmener cet aprèm si tu veux.

- Non merci ça va aller, je me débrouillerais.

Je vis qu'il semblait préoccupé, peut-être voulait-il s'expliquer pour l'autre soir. J'appréhendais ce moment en raison du déménagement qui approchait à vue d'œil. Je ne voulais pas faire de peine ni à lui ni à Ilyana.

- Je voulais m'excuser pour l'autre soir, j'aurais pas dû m'emporter.

- Non, t'inquiète c'est pas grave. C'est de ma faute.

- Bon je crois que je vais y aller, dit-il en se levant.

Je le raccompagnais jusqu'à la porte. Honnêtement, je n'avais aucune envie de me retrouver seule toute la journée. Une idée me vint.

- Attend ?

Interpelé, il se retourna brusquement.

- T'as quelque chose de prévu aujourd'hui ?

- Non. Pourquoi ?

- Je viens à peine de commencer une série, ça te dit qu'on la regarde ensemble.

- Ça dépend, c'est quoi comme série ? demanda-t-il en étirant ses lèvres.

- Dark !

- Ok j'suis partant.

Nous avions passé la journée à enchaîner les épisodes les uns après les autres, un saladier de pop-corn sur nos genoux. Vers 17 heures, il se prépara à rentrer chez lui.

- Tu peux me déposer chez ta grand-mère ?

- Maintenant ?

- Oui.

Il me passa un casque avant de démarrer. Moins de cinq minutes plus tard, nous arrivions chez Olga.

- Merci, dis-je en me retournant.

- Pas d'soucis.

Il repartit tandis que je sonnais à la porte.

- Tu peux rentrer.

Une odeur alléchante me parvenait de la cuisine, je m'y dirigeai. Olga, le dos courbé sur son plan de travail, décorait un gâteau de vermicelles colorés.

- Vous vouliez me voir ?

- Oui. Assied toi.

Je m'exécutai, ayant l'ultime conviction que quelque chose n'allait pas.

- Alors ?

Elle prit place en face de moi et croisa ses doigts étonnement maigres. Elle inspira plusieurs fois avant de continuer :

- As-tu parlé à ton père de notre dernière discussion ?

- Non, il est trop occupé en ce moment. Pourquoi ?

- Il vaudrait mieux qu'il ne soit pas au courant.

Je ne comprenais pas en quoi cela devait rester secret et j'étais totalement perdue. Si elle avait quelque chose à me dire, autant qu'elle soit directe et précise.

- Je ne t'ai jamais parlé de mon mari n'est-ce pas ?

- En effet.

Je ne savais rien à son sujet seulement qu'il nous avait quitté il y à quelque temps.

- En réalité, je ne sais pas où il est ?

- Comment ça ?

Son visage resta impassible de toute expression à l'exception de ses lèvres qui se crispaient par moment. Je ne doute pas que ce devait être dur de parler d'un être cher qui n'était plus parmi nous.

- C'était en novembre 1999, mon mari, Lucien était allé aider ton père à tailler les arbres dans sa cours. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois qu'il lui demandait de l'aide. Nous avions l'habitude de leur rendre service. De temps en temps, je te gardais avec ta sœur le weekend. Enfin, c'était des voisins très sympathiques. Surtout la femme, toujours aimable et tendre. Bref, depuis cet après midi là, il n'est jamais revenu. Plus aucun signe de vie.

J'étais complètement abasourdie, à tel point que je ne savais quoi dire. Elle avait du être tellement triste. Paul, lui, ne devait probablement pas s'en souvenir.

- Aucune enquête n'a suivie ?

- Non, rien.

- Pourquoi est-ce que vous me dites tout cela ?

- Ton père n'est pas celui que tu crois... lorsque je devais vous donner le bain, vous aviez des bleus sur le corps. Au début je me suis inquiétée mais ta mère m'a affirmé que vous étiez de vrais petits singes, toujours à grimper dans les arbres.

Je n'avais aucun souvenir de ces moments passés avec ma sœur. Mais ce qui me préoccupait le plus, était le fait que je n'avais strictement rien de l'endroit où elle se trouvait.

- Où est-elle ?

- Aileen ?

- Non Keyla.

- ...

- Olga ?

Son regard s'était perdu dans le vide. Et son teint devînt blême.

- Olga !

- Oui quoi ?

Elle paraissait totalement déboussolée. Brusquement, elle se redressa renversant sa chaise.

- Tout va bien ? m'inquiétai-je.

- Oui, il commence à se faire tard, tu devrais rentrer.

Tout en me dirigeant vers la porte, je lui lançai un rapide au revoir avant de sortir.

Trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant