Je rentrais encore perturbée de ma discussion avec Olga. Les évènements s'enchaînaient trop rapidement. Depuis plusieurs semaines, je n'avais pas eu une minute à moi sans que quelque chose ne me préoccupe. Je devais lâcher prise. D'un geste de la main, je balayai toutes mes pensées avant de me préparer un bon chocolat chaud, pour ensuite monter dans ma chambre et me détendre un peu. Mon réveil indiquait 18 heures. J'avais encore une bonne heure avant que mon père ne rentre du travail. Je m'effondrais sur mon lit en soupirant. J'étais totalement exténuée. Tandis que je commençais à m'assoupir, la sonnette de la maison retentit. Je mis plusieurs minutes avant de comprendre qu'une personne devait sûrement m'attendre en bas. Je me redressai péniblement quand je fus surprise en apercevant Paul dans l'encadrement de ma porte.
- Désolée, la porte était ouverte et personne ne répondait alors je me suis permis d'entrer.
Je restais interdite. Je ne l'avais même pas entendu monter les escaliers.
- Si tu veux, je peux repartir, dit-il en se retournant.
- Attends ! Pourquoi es-tu venu ?
Il avança d'un pas hésitant.
- Je voulais savoir comment c'était passé ta discussion avec ma grand-mère.
- Pourquoi tu ne vas pas le lui demander ?
- Parce que je sais qu'elle ne me dira rien.
Je bus une gorgée de ma boisson qui avait déjà refroidi.
- Pourquoi tu tiens tant à savoir ?
- Je ne sais pas, fit-il en s'asseyant à côté de moi. Je m'inquiète, c'est tout.
Je restai muette, ne sachant pas quoi répondre. Je ne voulais pas le mêler à cette histoire.
- Après que tu sois allée la voir pour la première fois, commença-t-il, elle n'était plus la même. Quelque chose avait changé. Elle m'a même demandé de veiller sur toi. Mais je ne comprends pas pourquoi.
- Il n'y a rien à comprendre.
Devais-je lui mentir ? Honnêtement, je n'en avais pas envie. Ou du moins, pas la force. Il n'insista pas.
- Ta grand-mère m'a parlé de ton grand-père.
Ses yeux s'écarquillèrent dévoilant ses iris verts émeraude. Il planta son regard dans le mien, m'encourageant ainsi à continuer.
- Elle m'a tout raconté sur sa disparition.... Et...
- Elle a peur, me coupa-t-il.
- Qu-quoi, bégayai-je.
- Elle a peur qu'il t'arrive la même chose.
- De quoi tu parles ?
Il inspira profondément.
- Elle n'a jamais cru qu'il avait simplement disparu. Moi non plus d'ailleurs.
- Qu'est-ce que tu insinues?
- Je pense que ton père est lié à tout ça..
J'arrêtais de respirer pendant quelques secondes. Certes mon père me cachait des choses, mais qui n'a pas de secrets ? Pourquoi l'accusait-il ? Le pistolet dans son armoire me revint en mémoire. Je ne pus retenir mes larmes plus longtemps, elles perlèrent sur mes joues et s'écrasèrent sur mon drap. Paul me prit alors dans ses bras et serra son étreinte comme pour être sûr que je ne m'échapperais pas. Son odeur s'immisça dans mes poumons. C'est à ce moment-là que je compris une chose. Je l'aimais.
- Aileen, ça va ?
- Oui, chuchotai-je en essuyant mes joues.
- Ecoute, je ne sais pas ce qui s'est passé il y a neuf ans pour que tu déménages de cette maison, mais je compte bien le découvrir.
Son ton se faisait ferme et je savais que rien ne pourrait le faire changer d'avis. De même j'étais bien déterminée à trouver la vérité. Seulement, je ne pensais pas qu'elle arriverait si vite. Je m'écartais de lui. Ce qui me torturait, n'était pas de savoir où était Lucien. Mais plutôt où se trouvait ma sœur.
- Je vais t'aider Aileen. Je te le promets.
Je souris et passa une main sur sa joue. Je l'attirais vers moi jusqu'à ce que nos lèvres s'effleurent pour la seconde fois.
- Aileen je...
- Chut, le coupai-je.
Je déposai délicatement ma bouche sur la sienne et me laissai emporter. Le temps semblait s'être arrêté. Il passa une main dans mon dos et me rendit mon baiser. Il était plus sûr et ses lèvres moins pressées. Mes bras s'enroulèrent autour de son cou tandis que ses mains serraient fermement mes hanches. Soudain j'entendis la porte d'entrer claquer au ré de chaussé. Aussitôt, je m'éloignais de Paul sentant la panique arrivée. Je n'avais pas vu l'heure passer, il était déjà 19 heures 05.
- Merde ! lançai-je. Il ne doit pas te voir là. Sors par la fenêtre.
- T'es folle, on est au premier étage.
- Essaie d'attraper la branche en face. S'il te voit ici t'es mort.
Je me précipitai à la fenêtre et l'ouvris le plus discrètement possible. Paul me rejoignit et passa sa tête dehors. Trop tard. La porte s'était ouverte, laissant percevoir la carrure imposante de mon père dans l'embrasure. Je m'attendais à ce qu'il hurle. Mais son visage resta neutre, impassible de toute expression. Et c'était justement ça qui m'effrayait le plus.
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Salut tout le monde. Comme c'est bientôt Noël, je vais faire une courte pause donc on se retrouve à la rentrée pour un nouveau chapitre.
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Trop tard
Misterio / SuspensoAileen, une jeune adolescente, vient d'emménager dans une nouvelle ville. Tout se passe pour le mieux jusqu'à la découverte d'une mystérieuse photo lors d'une soirée, qui remettra toute son enfance en question. Avec l'aide de son ami Paul, elle fera...