Du temps où notre monde en était aux prémices
Et que l'être vivant tenait à l'essentiel,
L'homme sage, dressé devant le précipice,
Vint à penser un jour qu'il toucherait le ciel.Au diable les promesses puisque les lois régissent
Autant que les caresses sur des poules plumées.
Il aurait cette place que tant d'autres chérissent,
De l'éternel assis au-dessus des idées.Le voici donc parti pour gravir la montagne,
Sans douter un instant de sa noble conquête.
Le visage fermé tel un séjour au bagne,
Il s'enquit humblement de nos justes requêtes.« Moi je serai celui qui prône la justice... »
Déclarait-il encore du bord de sa falaise
D'où il apercevait les restes d'immondices
Dont la prégnante odeur lui provoquait malaise.« Je serai à l'écoute de tous ceux qui ont faim,
De tous ceux qui ont froid et de tous ceux qui souffrent »
S'exclamait-il toujours les bras levés en vain
Comme pour expier ses mots qu'il jetait dans le gouffre.La poitrine tendue, matador dans l'arène,
Les yeux levés au vent qui soudain s'envenime,
Repu dans la tourmente que la tempête amène,
Titube et, trébuchant au fond du trou, s'abîme.La morale étant là celle que l'on peut y voir,
Que l'homme tout puissant n'est pas plus grand qu'un autre.
Et si monter plus haut lui permettait d'y croire,
Sa chute, quant à elle, illustre bien sa faute.
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