Ça y est enfin, c'est le grand moment. Je suis scotché à mon bouton depuis une heure sans vouloir le lâcher ne serait-ce qu'une seconde.
Au cas où.
Dans le doute, j'ai ajouté à mes bagages mes deux lettres d'inscription pour les deux écoles de sorcellerie. Je pourrai les montrer à Andromeda, sûrement bien plus qualifiée que moi pour trancher. Il faudrait peut-être que je l'appelle grand-mère d'ailleurs?
À moins cinq ma mère se joint à moi.
Si quelqu'un nous voyait dans notre salon, toutes les deux, une mère et sa fille aux cheveux blancs avec leurs valises à attendre, scotchées à un minuscule bouton de manteau rouge... Il nous trouverait bien ridicules.S'il savait à quel point ce bouton compte pour moi. A quel point il va changer ma vie. Je le serre de toutes mes forces.
Ma mère fait le décompte. Une minute. La pression monte encore d'un cran.
Trente secondes. Je stress, et s'il ne se passait rien ?
Vingt secondes. Et si tout cela était une gigantesque blague, un canular monté de toute pièce ?
Dix secondes. Ou pire, si j'étais juste plongée dans un rêve terriblement réaliste, dont j'allais me réveiller à la fin du décompte ?
Cinq... Quatre... Trois... Deux... Un...
Un flash aveuglant m'eblouit et me plonge dans une transe, un monde de nulle part. C'est une expérience affreuse, imaginez-vous sauter à l'élastique tout en étant découpé par les pales d'un batteur électrique. Augmentez cette douleur puissance mille, et vous connaîtrez la sensation d'un voyage en portoloin.
J'ai l'impression que notre trajet dure des heures, quand finalement, j'arrête de tourner et retrouve enfin la terre ferme.
Avant d'ouvrir les yeux, je m'assure que mon estomac est remis en place. Puis, prenant mon courage à deux mains, je découvre le nouvel univers qui m'attend.
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Chose rassurante, ma mère est à côté de moi, et nos valises aussi. Nous sommes dans un grand jardin à l'anglaise, à la fois bien entretenu et sauvage, entourées de fleurs et de plantes tropicales, peu adaptées au climat pluvieux et froid britannique.
À l'arrière plan s'offre à mon regard une imposante bâtisse en pierre recouverte de lierre, des tours montant la garde aux quatre coins du bâtiment.
En face de nous se tient une vieille dame tout en élégance, souriante et apprêtée. Son visage paisible et ses rides aux coins des yeux montrent le portrait d'une femme qui malgré les souffrances qu'elle a endurées a su rester optimiste et profiter de la vie.
Sa robe violette et ses cheveux blanchis par l'âge s'accordent avec le paysage enchanteresque, tableau idyllique, seulement gâché par la présence d'une tripotée de créatures immondes, d'environ un mètre de haut, sales, à moitié nues, mi elfes mi serpillières, qui entourent l'inconnue.
Je vois ma mère reprendre diffilement ses esprits. D'ailleurs Andromeda, je suppose que c'est la femme venue nous accueillir, la regarde avec surprise, comme si elle ne s'attendait vraiment pas à la trouver ici.
Elle attend quelques instants de plus puis, à mon grand étonnement, s'approche et me prend dans ses bras avec délicatesse.
-Izé ! Murmure-t-elle les larmes aux yeux. Toute cette histoire est donc vraie ! Je... Je suis si heureuse que tu soies là. Que tu aies choisi de nous rencontrer, même si par notre faute tu as été élevée chez les moldus. Je suis ta grand mère Andromeda à qui tu as tellement manqué.
Je suis émue par l'accueil qu'elle me réserve car elle semble vraiment sincère et peinée.
-Vous devez être Anna, demande-t-elle à ma mère d'un ton poli et avenant malgré sa surprise devant son apparition.
L'interessée hoche la tête.
-Effectivement, et je vous prie de m'excuser pour mon arrivée imprévue. Je ne souhaitais en rien vous importuner, mais je voulais accompagner Izé le temps qu'elle découvre sa nouvelle famille...
- Rassurez-vous, la coupe Andromeda, cette intention est plus que louable, quelle mère laisserait sa fille dans l'antre d'inconnus ? Vous avez eu raison, et ne vous inquiétez en aucun cas de votre présence. Le manoir aura bien la place de vous accueillir, suivez-moi, je vais vous le faire visiter.
Je remarque seulement maintenant que les affreuses créatures ont profité de notre échange pour se placer en haie d'honneur, alignées en deux colonnes pour nous tracer un chemin jusqu'à la porte d'entrée.
-Qui est-ce ? Demandé-je mi curieuse mi effrayée à ma grand mère alors que nous passons au milieu d'eux.
-Ce sont nos efles de maison, me répond Andromeda le plus naturellement du monde, des serviteurs qui veillent au bon fonctionnement du manoir. Ils sont une quinzaine à travailler sous nos ordres, et tous tenaient à vous accueillir, vous, nos nouvelles hôtes.
Surprise et attendrie par leur sollicitude, je les salue de sourires et de gestes de la main, ce qui les fait rougir d'embarras. Ils ont l'air tout émus de me voir s'intéresser à eux.
Enfin nous arrivons devant la majestueuse maison, à trois étages, si l'on se base sur les rangées de fenêtres. Nous franchissons la porte qui nous amène directement dans un splendide salon, dont les baies vitrées s'ouvrent sur une agréable terrasse surplombant les champs et les collines alentour.
L'intérieur est tout aussi charmant avec son parquet verni et ses imposants tableaux aux murs. Je m'attendais plutôt au style maison de retraite, avec moquette et photos de chat, je vois que je me suis trompée.
Mais ce qui me frappe, c'est surtout le monde présent. Au moins une dizaine de personnes sont réunies, la plupart portent des capes et nous saluent à notre arrivée. Je suppose qu'ils devaient être des proches de mon père pour sembler me connaître aussi bien.
Gênée par la présence d'autant d'inconnus, j'essaye de m'effacer discrètement en détaillant la pièce du regard. Après tout, c'est l'endroit où je vais vivre plusieurs mois.
Les elfes de maison s'activent pour distribuer des petits fours aux invités, tandis qu'Andromeda présente ma mère à la communauté. Je me fige en apercevant l'un des tableaux aux murs se déplacer dans son cadre et aller rejoindre son voisin. Il en est de même pour les sculptures, qui semblent également dotées du mouvement et qui, posées sur leur étagères, s'asseyent, discutent entre elles et échangent de place. Les personnages des œuvres d'art semblent avoir pris vie, être devenus chaire, eux qui ne sont que papier et pierre. J'en reste époustouflée.
La cheminée retient tout particulièrement mon attention. En marbre, je tiendrais dedans debout facilement. Au dessus d'elle, trois portraits encadrés. Majestueux, et surtout immobiles, contrairement aux personnages des autres toiles.
Y sont représentés un homme âgé et ses deux enfants. Je distingue leurs noms écrits en lettre d'or en bas du cadre. Ted Tonks, Nymphadora Tonks et... Mon souffle se coupe. L'homme représenté est mon reflet. Même visage, et mêmes boucles chatain, la ressemblance est flagrante.
Atlas Tonks.
Au moment où je prend conscience de notre lien, mes cheveux toujours blancs et courts depuis la veille foncent, frisent et poussent, jusqu'à revenir à mon habituelle tignasse bouclée et emmêlée. Exactement la même que lui.
J'avais des photos mais je reste muette devant ce portrait qui semble faire revivre mon père pour quelques instants sous mes yeux. L'assemblée, qui a assisté à ma transformation physique, me laisse prolonger encore un peu de ce moment magique, sans mot dire.
Puis, Andromeda adresse quelques mots à ses invités, les priant de nous excuser quelques instants, avant de me saisir délicatement par le bras et de m'emmener à l'étage par un escalier massif en bois de chêne.
Je m'en veux de laisser ma mère seule au milieu de l'arène remplis de fauves affamés et curieux, mais je crois que l'heure des réponses, que j'attendais depuis onze ans bientôt, a enfin sonné.
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Sans maison à Poudlard
ФанфикVoici une fanfiction Harry Potter. L'histoire se passe 17 ans après le combat final, soit l'année où James Potter Jr entre à Poudlard. La plupart des personnages sont de JK Rowling sauf Izé, son père et quelques autres inventions... Bonne lecture...