Chapitre 30

98 15 0
                                    


Fleming reste muette, absente pendant de longues secondes, encore plus choquée que moi.

Mes craintes d'une perte de contrôle de sa part étaient donc fondées, rien des derniers événements ne faisaient parti du test.

Les scènes de la simulation s'emmêlent dans ma tête. Le chien ça allait. Puis le bateau et la noyade... Et après ?

C'est là que tout a dégénéré. Mon père. Jeune. Vu du point de vue de Fleming. Ils se connaissaient. Pourquoi je ne le savais pas ?

Comment ai-je eu accès aux pensées de la professeur ? Et pourquoi a-t-elle tenté à tout prix de masquer ses souvenirs, au point de me faire basculer dans un monde de terreur et d'apocalypse ?

En tout cas, ce n'est pas de la directrice des Serpentards que j'obtiendrai des réponses. Comme mise sur pause, elle fixe un point derrière moi.

Je me retourne, intriguée au plus au point et ma mâchoire se décroche quand je comprend.

Et merde.


______________________________________




-Salut Lys, comment va-tu ?

Au chevet de Lysander, je sens toute la pression des derniers jours se dégonfler d'un coup. Les murs blancs de l'infirmerie sont en effet un excellent moyen de souffler, et les bandages sur les yeux du garçon me permettent de relativiser sur ma propre situation.

-Mieux je crois, me répond le blessé en souriant sans tourner la tête. Je dors mieux, et je commence à retrouver l'usage de mes mains ! Par contre je m'ennuie à mourir ici, heureusement que Lorc passe beaucoup de temps avec moi. Mais je l'oblige à aller en cours, sinon on ne s'en sortira jamais. Et toi alors ?

Je reste deux bonnes heures avec le convalescent, qui semble ravi d'avoir enfin quelqu'un avec qui échanger. Je lui parle des ragots, des sélections de quidditch ayant lieu demain, de ma très surprenante découverte de tout à l'heure... L'après midi passe à une vitesse folle.

Drôle, intelligent et pétillant de vie, je ne peux m'empêcher de penser qu'à cause de son affrontement avec le chat sangré, ce garçon merveilleux a perdu une part essentielle de lui-même.

En partant, nostalgique, je demande à madame Pomphresh s'il pourra bientôt enlever ses pansements qui lui couvrent les yeux. Sa réponse me fait fondre en larmes.

-On lui enlèvera bientôt oui... Mais parce que cela ne sert plus à rien d'attendre une quelconque guérison. Le nerf optique gauche est complètement sectionné, celui de droite trop endommagé pour une opération. Il restera aveugle à jamais j'en ai peur.

-Mais...

Horrifiée par son ton indiscutable, je balbutille, comme pour effacer la dure réalité.

-Vous faites de la Magie ! On est des sorciers ! Pourquoi ne pourrait-on pas guérir ce type de blessures ?

-Le chat sangré est une créature fantastique, me répond l'infirmière d'une voix douce. Cela signifie que les dommages qu'il cause ne sont soignables que par des moyens moldus. Mais rassurez-vous, Lysander l'a accepté désormais, et je suis sûre qu'une fois sur pied il s'adaptera très vite à sa nouvelle vie.

Je hoche la tête sans conviction et ravalant de nouveaux sanglots. C'est trop injuste ! Pourquoi lui et pourquoi pas Bettie, Johan ou moi ?

En sortant, je croise James dans le couloir. Je tente de me métamorphoser pour cacher mes yeux encore rougis, ce qui semble fonctionner puisque le Gryffondor ne remarque pas mon chagrin.

Sans maison à PoudlardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant