Sans maison à Poudlard

CHAPITRE 41

Les bras pendant dans le vide surplombant la volière, je me laisse emporter par les piaillements incessants des centaines de volatiles. Shimmy me manque.

Il n'est pas le seul d'ailleurs. Ma mère, Andromeda, Lyall. Ma vie d'avant. Mais le pire ce sont ceux que je vois tous les jours. Ted, Hélène, Léo, Dorian, James, Samantha, Lysander, Lorcan ... Je me rends compte que moi qui étais toujours à me plaindre d'être seule, j'avais des amis.

Et j'en ai encore, me réprimandé-je en allant rejoindre le groupe de Serdaigle de deuxième année. Rien ne sert de ressasser de tristes pensées encore et encore.

En descendant, je croise Alex au milieu de sa bande d'amis qui me jette un regard appuyé et lourd de sous-entendus.

En le quittant ce midi, j'ai hésité longuement à me rendre dans mon dortoir d'urgence du quatrième. Mais je me suis affolée seule pour rien, et je ne dois pas faire tomber ma couverture encore intacte. Surtout que cette vie de Sarah Gelbero me convient plutôt bien. En y repensant, songeais-je en grimpant dans la tour des Serdaigle, rien ne justifie que je m'alarme. Un peu de chantage, mais je saurai me débrouiller pour ne pas attirer les soupçons, et si la situation vrille trop, il me restera toujours l'option fuite.

L'après-midi, les cours se sont déroulés à merveille et j'ai même pu faire gagner vingt points à la maison bleu azur en cours de sortilège. De quoi me faire pardonner d'Elina suite à ce matin.

Au dîner, je savoure chaque bouchée, n'ayant rien avalé depuis ce matin. Mais Oliver et Vera se lancent dans un débat sur l'éthique animale, aussi ai-je légèrement du mal à finir mon assiette.

J'observe Yann, toujours très calme. Je trouve que nos comportements se ressemblent, en terme de moments de silence, de fuites de regard... Et cela ne peut vouloir dire qu'une chose : tout comme moi, le jeune garçon cache quelque chose. Et j'ai bien l'intention de découvrir quoi.

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En me couchant, je suis légèrement nerveuse. Dans la dernière note de Thomson, celui-ci indique qu'a la fin du prochain cours de métamorphose, en l'occurrence demain, nous effectuerons un premier bilan de ma fausse identité. Mais ce sera surtout le moment pour moi de dresser le compte rendu de ce que j'ai pu apprendre en tant que mouchard.

Et malheureusement, je n'en sais pas beaucoup plus que ce que j'ai déjà révélé à Mcgonagall ou Thomson il y a deux semaines. Il faut dire que j'ai été un peu occupée ces derniers temps...

Consciencieuse de ma mission, je règle mon réveil sur deux heures du matin, pour effectuer ma première escapade nocturne en tant que Sarah Gelbero.

A l'heure dite, j'enfile ma cape en vitesse et avale un verre d'eau avec mes restes de poudre anhilis. Le chat sangré est mort, mais on ne sait jamais quelle autre surprise Picott et Hagrid peuvent réserver. Je sors précautionneusement du dortoir commun et me glisse dans l'escalier de la tour, désert. J'ai déjà repéré les marches grinçantes, aussi les enjambé-je sans un bruit sous l'œil désapprobateur des portraits au mur.

Je me fige, prise d'une idée subite. Les tableaux , accrochés le long des murs, parfaits espions surveillant jour et nuit les allées et venues de chacun. Ces hommes et femmes peints et dotés de parole voient tout, si quelque chose d'anormal se trame dans Poudlard ils s'en sont forcément rendu compte.

-Bonsoir, chuchoté-je à l'un d'eux, l'esquisse d'un vieux chevalier empoignant son épée comme une canne.

-C'est l'heure du couvre-feu jeune fille, grogne-t-il d'une voix intransigeante.