Sans maison à Poudlard

CHAPITRE 34

Ma nuit écourtée est comme d'habitude tourmentée de cauchemars tous plus sombres les uns que les autres. Cela devient presque une torture de dormir, alors que mon corps réclame à tout prix quelques heures de sommeil.

Mais l'angoisse de ce qui m'attend aujourd'hui me fait presque regretter mes rêves asphyxiants. J'avais réussi à mettre de côté mon appréhension après la dispute avec Hélène et la soirée chez les Gryffondor, mais désormais je ne peux plus y échapper.

Car aujourd'hui, je passe un dernier test avec Fleming, et si rien n'a changé, si notre incroyable découverte se poursuit, elle devra prévenir le ministère, les autres professeurs, et Mcgonagal. Ce sera alors le bran-le-bas de combat. Que va-t-il se passer pour moi ? Je ne savais pas que cela était si grave, et je n'ai aucune idée de ce qui va advenir de moi si rien ne change.

Je garde tout de même l'espoir que ce dernier test me révèle enfin la véritable maison à laquelle j'appartiens, même si cet espoir semble de plus en plus ténu à mesure que les jours passent.

Je m'habille et décide de ne pas aller prendre de petit déjeuner. Je ne pourrai de toute façon rien avaler, et je n'ai aucune envie d'y croiser un Serpentard par mégarde après mon comportement d'hier.

Aussi filé-je rapidement à la volière pour embrasser Shimy, revenu de Barntown. Je remarque des lettres pour moi, déposées à la sortie de mon dortoir, comme il est compliqué de me les envoyer dans la grande salle. Je suis nerveuse et impatiente à l' idée de les ouvrir, surtout celle de Lyall, qui doit contenir les actualités concernant le Hôra. Mais je préfère ne pas les décacheter pour le moment, vu mon état de tension et l'heure qui tourne.

Je les dépose rapidement sur mon lit et file dans la salle de classe dans laquelle j'ai déjà passé pas mal de tests. Sauf qu'à peine sortie de mon dortoir, je croise Hélène et Leo, sûrement en route pour leur cours de Sortilège.

Mais quelle poisse c'est pas croyable ! Le destin peut-il juste pour une fois me laisser tranquille ?

Avant que l'un d'entre eux, plongés en pleine discussion, ne m'aperçoive, je me terre dans un angle reculé du couloir, dans un coin sombre abritant une armure de preux chevalier brandissant un boulier poli. C'est un réflexe idiot de fuite, mais je ne peux pas affronter encore une fois le regard pétrifiant de la Serpentard, pas après ce qui s'est passé hier, notre discussion sur les maisons, la question qu'il ne fallait pas poser et mon ridicule départ.

Recroquevillée en maudissant le sort, je prends conscience que ma cachette est dérisoire, et je sais qu'arrivés à mon niveau, ils remarqueront forcément ma présence et que la situation sera encore plus embarrassante.

Le cœur battant à mille à l'heure, je sens mes mains trembler et mes cheveux se colorer à cause de la panique. Les deux élèves ne sont plus qu'à quelques mètres de moi et je suis trop paralysée pour faire un geste, sortir de mon trou avant qu'ils ne me trouvent. J'entend leur conversation distinctement, mais suis incapable d'en comprendre le sens tant mon attention est focalisée sur le fait de ne pas me faire repérer.

Enfin, le duo franchit l'armure en bronze et, comme je m'y attendais, leur œil est attiré par une silhouette qui tente maladroitement de se fondre dans le mur.

Les deux s'arrêtent et me regardent bizarrement, presque blasés. Je sors piteusement de ma cachette, cherchant les mots pour m'expliquer et peut-être m'excuser. Mais avant que j'aie pu annoncer quoi que ce soit, Leo me sourit.

-Picott a fait ses rondes après les soirées d'hier, ça n'a pas été possible de rentrer te coucher cette nuit ?

Une expression d'incompréhension totale doit maintenant s'afficher sur mon visage. Je fixe les Serpentards, en quête d'explications.