Sans maison à Poudlard

CHAPITRE 27

Sentant le souffle froid sur ma nuque, mon esprit perd les pédales et mon corps, mécaniquement, se cripse à s'en liquéfier. Je ne peux même pas hurler.

Derrière moi, un éclat de rire moqueur me sort de ma torpeur et je pivote, lentement, tombant nez à nez avec un affreux petit gnome.

Il s'agit d'un homme d'environ un mètre de haut, barbu et au visage sournois. Un chapeau haut-de-forme complète son ensemble orange à rayures. Mais le plus surprenant reste le fait qu'il flotte à moitié, ne touchant pas le sol pour se déplacer.

-Eh bah ça n'a pas raté avec toi, raille l'espèce de spectre coloré terrifiant. Quand je pense que pendant de siècles j'ai perdu mon temps à crier "bouh" aux humains... Un souffle froid est quand même bien plus flippant !

J'hésite entre la panique et l'incrédulité devant cet être étrange. Ma peur est redescendue et mon cœur tente difficilement de se calmer.

-Vous êtes... Un fantôme ? Lui demandé-je en reculant doucement, au cas où.

-Pff, souffla l'intéressé, même les élèves ne me connaissent plus maintenant. Je suis Peeves, l'esprit frappeur de Poudlard !

Je reste amorphe. Un esprit frappeur ? Il faudra que je demande à Lyall ce que c'est exactement.

Face à mon absence de réaction, Peeves s'empourpre.

-Je suis le gardien de ces murs, entonne-t-il en chantonnant, je vois tout, je sais tout, prof comme élève je fais chanter, je connais tous leurs secrets.

-Vous espionnez ? Tout à coup, cet étrange personnage m'apparaît bien utile. Il sait peut-être des choses que les professeurs ignorent...

-Si j'espionne ? Peeves se dresse et bombe le torse. Je suis la pire crapule de ces murs, je commère, je pille, je ruine les cours et salit les dortoirs. Ma passion, faire punir les innocents, les premiers de la classe et les préfets. Ce n'est pas que j'espionne, je surveille mes jouets et m'assure que chacun soit châtié à sa juste mesure.

-Alors comment cela se fait-il que je n'ai jamais entendu parler de toi ?

-Redescend un peu mon chou, raille l'esprit avec un sourire narquois. Tu es loin d'être parfaite. Et puis tu n'as déjà pas de maison, je ne vais pas en plus te pourrir la vie. Enfin sauf si tu le souhaites...

-Non non non non, m'empressé-je de répondre à sa question à demi mot. Je n'ai vraiment pas besoin d'ennuis en ce moment, je me débrouille suffisamment toute seule.

Je le regarde, en hésitant à lui demander un service, mais Peeves a l'air de s'ennuyer à mourir, et notre discussion semble le sortir de sa torpeur, ce qui me décide.

-Du coup, tu dois en connaître des choses non ?

-Plus que tu ne te l'imagines, chérie, déclare-t-il flatté. Je sais que tu aimes passer tes nuits à la bibliothèque, d'ailleurs c'est moi qui ait fait fuir le chat l'autre nuit.

-Bah euh... Je reste pantelante. Merci mais pourquoi ?

-Voyons ! Deux élèves, la nuit, à se livrer des secrets intimes... Si Picott était arrivé j'aurais raté le baiser.

Je m'étrangle à moitié. Quoi ? Mais Peeves reprend avant que j'ai pu le détromper.

-Et je sais aussi que toi, miss sans maison, tu passes ton temps à fouiner, avec ton nez de cochon.