CHAPITRE 13

187 17 3
                                    

L'été s'achève à une vitesse folle, partagé entre réunions de l'ordre et préparation de la rentrée.

Depuis la libération du Hôra, le climat familial et harmonieux qui régnait au manoir s'est effiloché, révélant des personnalités brisées par les horreurs subies, et affolées à l'idée de les revivre.

Je reste à l'écart des résidents ponctuels, déjà car ils refusent de m'informer de quoi que ce soit concernant les projets de l'ordre du Phoenix, ensuite car ils sont sûrement trop occupés pour s'intéresser à une gamine comme moi.

Et puis il faut dire que je préfère rester seule en ce moment. Je tombe sans cesse de fatigue, en raison de mes cauchemars nocturnes qui m'effrayent tellement que je refuse d'aller me coucher.

Chaque nuit, je lutte le plus longtemps possible contre le sommeil, refusant de céder au gouffre sombre de mon subconscient. Mais au bout de plusieurs heures de veille, je plonge dans une torpeur sourde. C'est alors que les voix glaçantes m'assaillissent de toute part et inondent mon âme.

Lyall est très inquiet à propos de moi et m'exhorte à oublier, enterrer cette conscience. Il me conseille de m'occuper l'esprit, en praticant mon pouvoir de métamorphomage, en étudiant, en faisant du sport...

Malgré ces recommandations, la peur ne diminue pas, la seule chose qui me réconforte est la conversation journalière que ma mère et moi entretenons grâce au parchemin jumelé. Elle est l'unique personne qui me rassure et me protège contre les dangers de la folie.

J'attend désormais le premier septembre avec hâte, moi qui souhaitais que cet été ne se termine jamais. J'espère que m'éloigner de Barntown me calmera les nerfs et apaisera mes tensions.

______________________________________


Enfin, le jour de la rentrée arrive. Mes valises sont prêtes depuis hier, aussi ai-je le temps de m'attarder dans la tourelle qui m'a servi de chambre et de sanctuaire. Nostalgique, je me rappelle mon impatience en arrivant ici, et les semaines merveilleuses de cet été qui fut le plus beau de ma vie.

Aujourd'hui, j'entame encore une nouvelle existence, loin de ma famille à peine retrouvée.

A huit heures tapantes, Andromeda, Lyall, Ted et moi quittons le manoir par sa cheminée et rejoignons la capitale britannique. Nous n'aterrissons pas sur le chemin de Traverse, comme je le pensais, mais dans une boutique décrépie aux alentours de la gare.

Valise sous un bras et Shimmy dans sa cage sous l'autre, je cours presque pour suivre la foulée athlétique de Ted, pressé de retrouver ses amis et d'aborder fièrement son insigne de préfet.

A King cross, nous ne risquons pas de passer inaperçus avec nos chouettes et nos capes, pourtant aucun moldu ne semble remarquer quoi que ce soit.

J'aperçois déjà le fameux mur dont on m'a parlé, celui entre la voix neuf et dix, et un père et son fils viennent justement de disparaître au travers.

Grand mère, qui perçoit mon appréhension lorsque mon tour vient, me rassure et me conseille de courir en fermant les yeux. J'imagine facilement la scène, moi, le nez en sang cherchant à taton mes dents de devant sous le regard étonné des balauds...

Finalement je m'élance seule et surgit dans un univers qui contraste fortement avec les quais crasseux aux sans abris que je viens de quitter.

Un train à vapeur rouge pétant des années 1900 accueille les familles de sorciers qui se pressent pour embrasser leurs enfants avant le départ.

Dans la foule de nouveaux arrivants, je reconnais quelques visages familiers, comme Bill Weasley accompagnant son fils Louis, ou des membres de l'ordre du Phoenix croisés au manoir.

Sans maison à PoudlardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant