Sans maison à Poudlard

CHAPITRE 37

La missive de Lyall raisonne encore dans mes oreilles quand j'ouvre la porte de mon dortoir privatif. À tel point qu'elle efface l'ordre pourtant très clair de la directrice, surtout ne pas sortir et ne pas avoir de contact avec personne.

Tu te mets en danger de mort, me chuchote une voix pernicieuse.

Mais il m'est impossible de mettre de côté cette culpabilité grandissante qui emplit toutes mes pensées. Je comprendrais qu'Hélène ne veuille pas m'écouter, mais je dois tenter de m'excuser pour le mal que je lui ai fait.

Arrivée dans la grande salle déserte à cause du couvre feu, je réalise que je n'ai aucune idée de l'endroit où se trouve le dortoir des Serpentard. Je sais qu'il est quelque part en sous-sol, sous le lac, mais comment trouver l'entrée ?

Alors que j'erre dans les cachots moisis de l'école en priant pour ne pas tomber sur un professeur, j'aperçois Peeves atelé à repeindre en rose le tableau de la salle de Potion.

-C'est joli cette couleur pivoine, commenté-je, je suis sûre qu'elle plaira à Mazoni.

L'esprit frappeur se retourne en sursaut, surpris de ma présence. Un partout, songé-je avant de me reconcentrer.

-Oh mais c'est la petite Izé sans maison ! S'exclame la bruyante créature. Quel plaisir de te revoir dans ces conditions ! Je vais pouvoir me faire une joie d'appeler Picott pour te faire laver les casseroles de la cuisine pendant trois semaines !

-J'ai une meilleure proposition. Tu pourrais me dire où se trouve le dortoir des Serpentards, tenté-je avec un grand sourire.

L'esprit frappeur s'eclaffe de rire et se remet à étaler sa peinture dégoulinante sur ce qui lui tombe sous la main.

-Et pourquoi ferai-je une chose pareille ? Demande-t-il tout de même.

-Parce que Mcgonagal m'a interdit plus que clairement de m'y rendre, et que si elle était au courant de mon escapade, je ne nettoyerais pas des casseroles pendant trois semaines mais pendant toute ma vie, lui assuré-je, brodant un peu autour de la vérité.

Peeves semble prendre ma déclaration en compte, et se gratte le menton, le colorant par la même occasion en un rosé poisseux.

-Tu me serais donc redevable, pour que je me taise... Et en attendant, Mgco-chacal irait péter en enfer... Ça me plaît, s'exclame-t-il enfin. Viens, je t'y conduis.

Il me guide au travers de plusieurs cachots et finit par s'arrêter devant un pan de mur totalement identique aux autres.

-C'est là, grogne-t-il, comme je t'aime bien je te donne le mot de passe, si tu me promets de faire plein de trucs illégaux pour me distraire un peu de cette école où on s'ennuie à mourir !

J'aquiesse avec empressement, après tout, si le plan de Thomson fonctionne, je vais passer mon année dans l'illégalité.

-Oeil de bœuf, termine l'esprit frappeur. A très vite pour constater tes bêtises, lance-t-il avant de disparaître au travers du mur voisin.

Je prends mon courage à deux mains et prononce à voix basse le mot de passe, déclenchant un mécanisme dans le mur. Un passage sombre m'invite à pénétrer dans la salle commune des Serpentard, et je me demande si ma démarche en vaut véritablement la peine.

Tranchant que oui, je m'engouffre dans l'embrasure et débouche sur une longue pièce tamisée d'une lumière émeraude. Des fauteuils moelleux sont disposés autour d'un agréable feu de cheminée, et les larges fenêtres donnent sur les profondeurs glacées du lac, où paressent quelques poissons au milieu des algues.