Sans maison à Poudlard

CHAPITRE 15

Après l'illumination, la clairière plonge à nouveau dans l'obscurité de la nuit anglaise.

Dorian, toujours à terre, est complètement immobile, mais sa respiration sifflante indique qu'il est conscient même s'il souffre. J'ai cru distinguer que le sortilège doré l'avait atteint à la jambe.

-Quelqu'un vient de nous attaquer ! Murmure Leo, qui décidément aime commenter les évidences. Je tire la barque dans l'herbe et la dresse comme protection devant nous quatre. Dorian tente vainement de se redresser mais étouffe un cri et abandonne.

-Je l'ai vu, commente Hélène, pragmatique, c'était un sorcier, il était près de l'arbre et...

Brusquement elle se tait, sa baguette projetant toujours un faible halo de lumière à son extrémité.

-Là ! Elle se fige en montrant une silhouette noyée dans les ombres de la forêt.

Nous nous regroupons les uns contre les autres, derrière l'embarcation en bois.

-Nous sommes des élèves de Pouldard ! Crié-je en direction de l'homme. Nous sommes perdus ! Pouvez-vous nous ramenez...

Ma voix s'éteint quand un second sort, rouge cette fois-ci, atteint notre bouclier de fortune qui commence à fumer dangereusement.

Donc, ce n'est pas une terrible méprise, cet individu semble nous en vouloir personnellement.

Je tente de me souvenir d'un sort quelconque de protection que j'aurais pu lire dans un des manuels scolaires. Sans succès, et en plus je n'ai jamais utilisé ma baguette jusqu'à présent, il ne risquerait pas de marcher.

-Avada Kedavra !

Cette fois, le sort est vert brillant, stoppé un extremis par le bateau. Sans que je comprenne pourquoi, Hélène commence à véritablement paniquer, forçant Dorian à se lever.

-Il veut nous tuer ! Articule-t-elle en aggripant frénétiquement son ami. Il faut partir d'ici, maintenant !

Sauf qu'autour de nous, rien, une clairière à découvert sur au moins cinquante mètres, et derrière nous, un lac. Le piège parfait pour empêcher toute tentative de fuite.

-On ne connaît pas un seul sort pour se défendre, continue Hélène, on est fichu, il faut... AU SECOURS !

Nous hurlons avec elle tandis qu'un nouveau sort me manque de peu. Il atteint l'herbe qui s'enflamme. Je songe à battre en retraite par le lac, mais le temps de mettre le navire à l'eau, le sorcier nous abbatrait comme des lapins.

Et puis, une volée de sortilèges vient de pleuvoir sur la coque, créant un trou béant dans notre abri de fortune. Impossible qu'il puisse flotter dorénavant.

L'unique option qui nous reste consisterait à fuir à la nage dans l'étendue glacée. Mais alors les Selkies reviendraient achever le travail de notre agresseur.

La vague de sortilèges qui suit nous force encore à reculer, réduisant notre protection à quelques planches, le reste venant de se désagrèger en poussière dans nos mains.

Nous avons les pieds dans l'eau, et comme si ce n'était pas assez, j'aperçois les affreuses démones du lac rodant à la surface en quête de leur repas.

Nous nous taisons, conscients que la prochaine attaque sera sûrement fatale. Le jet vert fonce droit sur moi, mais au dernier moment semble dévié par une force invisible.

J'entend des cris et des pas précipités, et tout de suite après deux sorciers à cape débouchent précipitamment dans la clairière.

Amis ou ennemis ? Sont-ils là pour nous sauver ou nous achever ?