5 Décembre, J-20 avant Noël.

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  « Reprendre mon nom ». Le disque rayé dans ma tête tournait toujours répétant cette même phrase. Ça doit d'ailleurs être la seule phrase que j'ai retenu de ma petite après-midi d'hier, qui a résonné dans mon esprit toute la soirée et qui encore maintenant embrouille mes idées. J'avais quitté Monsieur Georges de Cambraway dans un état second. En me raccompagnant à la porte, Catherine m'avait donné quelques explications car je n'y croyais pas. C'était totalement improbable que moi là, la petite orpheline roturière, devienne une si grande riche du jour au lendemain. Elle m'apprit donc que ce gentil Monsieur Georges de Cambraway aimait venir dans le café où je travaille (avant même que j'y sois serveuse) car c'est un lieu très passant et conviviale. Il m'a donc vu évolué depuis que je suis enfant à travers ce lieu puisque j'y passais après les cours pour prendre mon goûter toujours aux environs de dix-sept heures. Le jour où j'ai commencé à travailler là-bas, il venait toujours autant jusqu'à ce que sa maladie l'attrape le clouant dans un fauteuil roulant et l'affaiblissant d'autant plus. Dans un sens il se sentait proche de moi sans pour autant connaître la petite gamine que j'étais. Cependant il n'a aucune descendance, ni de frère et sœur, ni autre famille. A son décès, toute sa fortune retournerait dans les caisses du gouvernement et le nom des Cambraway s'effacerait avec lui. Il se refusait d'imaginer qu'un grand nom qui perdure dans les générations puisse s'éteindre avec lui, alors il recherchait une héritière « en or » pour offrir un goût de nouveau à sa fortune.
A la fin de ses explications, Catherine avait demandé au garde du corps de me ramener chez moi, mais je refusais. Il fallait que je marche dans le froid de l'hiver pour essayer de remettre un poil d'ordre dans mon esprit. Puis si je dois reprendre ce nom, je ne pourrais plus me balader tranquillement dans la ville sans être arrêter , ou espionner par un journaliste. Autant que j'en profite encore.
Par un simple bout de papier avec une signature donc, j'allais devenir une « De Cambraway ». Pourquoi ? Je crois que c'est la question que je me suis le plus posée entre ce goûter et aujourd'hui. Dans ma tour de contrôle, ça ressemblait donc à un concerto entre « Reprendre mon nom , Pourquoi ? » et des minies Eléanores en PLS. Franchement, pourquoi moi ? D'après la dernière explication de Catherine, qui au passage est la principale dame de maison mais également la plus fidèle amie de Georges, m'a aussi vu évolué en même temps que lui et disait que je serais une fille sage à l'esprit noble et au grand cœur.

Sage... Sage ? Je ne suis pas sage du tout ! Je me retrouve à relooker le garde du corps alors que j'ai un copain. La façon dont il prononce mon prénom déclenche d'agréables frissons le long de ma colonne vertébrale. Et je suis sage ? Nous ne devons pas avoir la même définition du mot sage.

A ma grande surprise, j'ai réussi à quitter le travail à l'heure. Bon en même temps avec les cinq tasses brisées et mes quatre assiettes en mille morceaux, Trice m'avait dit de partir à l'heure sinon ça aurait été retenu sur ma paye, déjà qu'elle est pas bien élevée. Mon frère n'est toujours pas rentré au loft et je ne lui en ai toujours pas parlé. Comment aurais-je pu ? Je suis partie tôt ce matin, et hier soir j'ai prétexté être fatigué de ma journée, en soit stressante et riche en émotions. Je n'ai même pas envoyé de messages à mon petit copain. J'ai eu beaucoup de mal à comprendre ce qui pouvait m'arriver (bien que je n'y comprends encore pas grand chose) et j'ai très longtemps pensé que je rêvais. Snowflake, mon chat était tendrement allongé sur mes jambes, comme s'il voulait me consoler de quelque chose. Je lui caressais doucement le haut de la tête, ça me détendait d'autant qu'il avait lancé la machine à ron-ron, le tout en regardant le film de noël du jour. Je dois avouer que je suis en pilote automatique depuis ce matin et que j'ai eu beaucoup de mal à assumer mon service au café.

— Je suis rentré, lança Will en poussant la porte.
— Hum... salut.
— Alors quoi d'neuf soeurette ? Demanda-t-il en se servant un verre de jus d'orange. Kev' est passé à la boutique, il a pas eu nouvelles de toi depuis votre conversation téléphonique, il me demandait comment tu allais. Ajouta-t-il en venant à côté de moi.

L'héritière de Noël - Avent 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant