L'héritière de Noël - Avent 2018

19 Décembre, J-6 avant Noël.

  Je prenais tranquillement mon petit déjeuner dans la grande salle en compagnie de Will. Nous discutions du dernier jeu vidéo qui venait de sortir, bien que je ne suis pas une grande fan de ce genre de truck, j'aimais écouter mon frère. Je ne comprenais pas grand chose à tout son baratin mais je voyais le plaisir de Will dans ses yeux, alors je l'écoutais. Son téléphone sonna une première fois, mais il n'y fit pas attention, ce qui m'étonna. Un deuxième bip attira mon attention à peine quelques secondes plus tard. C'est au bout du cinquième en l'espace de cinq minutes que je coupais mon frère dans son discours de geek.

— Qui te harcèle à ce point ?
— Personne, c'est une alarme que j'ai mis depuis l'interview de Catherine.
— Je te suis pas fréro, fis-je.
— A chaque fois qu'on parle de toi, précisa-t-il.
— Moi ?! M'étonnai-je.

Il se leva et me montra alors son téléphone : sur chacune des alertes on pouvait y lire mon prénom et la plupart du temps une question rhétorique l'accompagnait. Je survolais rapidement ce qui pouvait se dire sur mon cas. J'appris alors que « Eléanore » venait du grec « Eleos » signifiant « compassion » ou du latin « Lenire » qui veut dire « apaiser » ou bien même de l'arabe « Ellinor » traduit par « Dieu est ma lumière ». Bah tiens, je me coucherais moins bête ce soir. Le journaliste qui avait écrit son article d'une double page sur moi ajouta, à la fin, cette petite phrase qui me fit un frisson dans le dos : espérons que cette nouvelle héritière sera à la hauteur de la signification de son prénom et utilisera sa fortune pour la ville et les gens qui en ont besoin.
J'avoue que j'aurais aimé qu'une nouvelle notification apparaisse sur le téléphone, mais non. Je le rendis donc à son propriétaire non sans être un peu bouleversée.

— Tu suscites beaucoup de curiosité soeurette. Toutes les caméras seront visées sur ton joli petit visage très prochainement !
— Arrête Will, c'est totalement débile, tentai-je pour essayer de me déstresser. Et enlève-moi cette alarme, je vais avoir envie de l'éclater avant la fin de la journée !

Je repris ma tranche de brioche au chocolat en calmant mes pensées qui se bousculaient dans ma tête.. Les talons de Catherine résonnèrent dans le couloir et rapidement cette dernière franchit la porte de la grande salle où nous déjeunions.

— Ma petite Eléanore, je te conseille de ne pas sortir ton joli petit nez dehors aujourd'hui !
— Pourquoi ça ? M'empressai-je de demander encore la bouche pleine.
— Il y a une foule de journalistes devant les portes qui tente par tous les moyens d'avoir une petite information croustillante en exclusivité avant le bal d'après-demain, expliqua John qui la suivait de près.

Je levais les yeux au ciel. C'était donc à ça que j'étais destinée ? Être une bête de foire bonne qu'à attirer l'attention de minables journalistes ? Bravo Eléanore, je ne te félicite pas de t'être embarquée la dedans. Soudain je réalisais que j'avais rendez-vous avec Nathan aujourd'hui.

— Que vais-je donc faire aujourd'hui ?! Me plaignis-je. J'avais rendez-vous avec Trice et je voulais emmener Jingle faire une balade en forêt. Fis-je déçue.
— Votre amie devra comprendre, et la balade pour Jingle attendra trois jours, lorsque nous irons monter à cheval, riposta Catherine.

Je me sentis attaquée face à sa réplique. J'avais l'impression qu'on m'emprisonnait comme un oiseau en cage et je détestais cette sensation.

— Parce que nous montons à cheval dans trois jours ? Rétorquai-je.
— Oui, enfin si vous n'y voyez pas d'inconvénients Eléanore.
— Non aucun, mais seulement Catherine, j'aimerais pouvoir choisir mes activités journalières si ça ne vous dérange pas.
— Je comprends ma belle, s'excusa-t-elle. Cependant, m'accorderais-tu un peu de ton temps demain ? Il faut faire les derniers ajustements sur ta robe de bal et, si tu le souhaites, un dernier entraînement de danse.
— Pourquoi accorder autant d'importance à la valse, grommelai-je. Oui bien sûr, répondis-je à Catherine en levant les yeux vers elle.