L'héritière de Noël - Avent 2018

15 Décembre, J-10 avant Noël.

  La journée d'hier fut riche en émotions, celle d'aujourd'hui aussi d'ailleurs. Hier je me suis excusée auprès de Monsieur Georges pour mon comportement de la veille. Puis j'ai énoncé quelques conditions sur mon futur «règne de princesse » comme s'amusait à dire mon amie. Dans un premier temps je voulais qu'on me laisse gérer mes petits problèmes, seule et j'avais insisté sur ce dernier mot en regardant John. Je ne voulais pas de garde rapprochée ni de petit copain pour me protéger. Ceci étant dit, j'enchaînais sur le fait que certaines choses seront faites à ma manière, quitte à ce que je prenne le mûr de temps en temps. A cela a rajouté Will que j'étais plutôt prudente quand je commençais quelque chose et qu'il fallait me laisser faire mon truck. Tout le monde avait acquiescé et j'espère qu'ils vont en tenir compte. A ce propos, Monsieur Georges me présenta également des excuses.

Aujourd'hui c'est à Kevin que je me confronte dans l'après-midi. J'espère que ça sera calme et plus posé que je ne l'imagine. Étrangement j'étais apaisée et c'est très certainement parce que Jingle m'accompagnait. Je lui avais donné rendez-vous au café après mon service. Trice veillait de loin sur moi et je sentais des petits regards sur moi de temps en temps. Mon petit chien fut sage et s'est couché au pied de ma chaise près de la porte.

— Tout d'abord, je te remercie de m'accorder un peu de temps, commençai-je.
— C'était la moindre des choses. Je voudrais m'excuser.
— S'il te plaît, laisse-moi parler, laisse-moi déballer tout ce que j'ai à te dire, suppliai-je. Tu pourras tout me dire ensuite.
— Très bien je t'écoute.

Je listais donc tous les points que j'avais établi dans ma tête depuis la veille quand je lui avais donné rendez-vous. Je passais en revue tous les sentiments par lesquels je suis passée quand j'ai appris qu'il connaissait mon « secret » depuis le début. Puis j'ai abordé le fait que j'étais véritablement perdue côté cœur depuis quelques temps et que je pensais faire une pause pendant un petit temps en prenant un peu mes distances. Enfin je m'excusais aussi sincèrement que je pouvais pour tout et je le remerciais aussi par la même occasion pour ces huit derniers mois ; je lui proposais que l'on reste en bon terme. C'est bien moi ça, voir le positif et la gentille fille qui veut la paix dans le monde ! Suite à tout cela, il me présenta ses excuses à son tour et me confia plusieurs petites choses. Il termina par dire :

— Notre relation est devenue toxique et avant qu'elle ne nous empoisonne, il vaut mieux arrêter, affirma-t-il. Ce fut merveilleux, court mais intense. Eléanore, je t'ai aimé, et je t'aimerais encore, mais il est temps que nous nous libérons de nos emprises respectives.
— Oui, soufflai-je touchée par ce qu'il disait.
— Je serais heureux que l'on reste amis et que l'on garde contact après ma mutation.
— Bien sûr.

Nous nous sommes levés et il me prit dans ses bras comme il le faisait souvent. Seulement là ce n'est pas une étreinte amoureuse mais ce fut bien de l'amitié qui passait entre nous. Je lui rendis son étreinte et lui soufflait à l'oreille :

— Je te souhaite une très bonne continuation mon cher ami. Tu as auras toujours une place dans mon cœur.
— Ma belle Eléanore, je te souhaite le meilleur du monde ainsi que tout le bonheur que tu mérites, murmura-t-il. Nous nous sommes écartés. Et surtout, ne change jamais. Reste la Eléanore que nous connaissons tous, aimante, souriante, généreuse.
— C'est promis, je ne te décevrais pas.

Nous avons parler longtemps. Très longtemps en fait, près de deux heures. Nous sommes pour ainsi dire repartis de zéro mais sur une nouvelle base, une base amicale et non amoureuse comme nous avions avant. On pourrait penser que la cause de notre rupture est bête, mais si vous saviez à quel point j'ai été blessé, je ne pourrais le pardonner vis-à-vis de ça. Nous nous sommes quittés sur de bon terme et c'est ça le principal. Je n'aime pas avoir un froid avec quelqu'un, c'est bien une chose que je déteste. D'un commun accord, nous restons amis et nous prendrons des nouvelles chacun notre tour. Comme des amis.