18 Décembre, J-7 avant Noël.

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  J'ai absolument insisté pour sortir Jingle ce matin. J'avais besoin de prendre le grand air, quoi de mieux que de profiter d'un petit moment avec mon petit chien dans le froid de l'hiver. Nous avons fait tranquillement le tour du parc et je profitais de cette balade pour apprendre le rappel à Jingle. J'avais réussi à piquer une poignée de friandises dans la cuisine quand je suis passée pour sortir par la porte de derrière afin d'éviter les journalistes qui restaient plantés devant les grilles de la maison. Le parc était particulièrement calme, je croisais quelques joggeurs et des couples de retraités qui se promenaient, auquel Jingle saluait dans un jappement adorable quand je le rattachais à sa laisse pour éviter qu'il ne leur saute dessus. Je m'assis sur un banc, profitant de mon anonymat. Je me perdis dans mes pensées et je fus prise d'un profond sentiment de tristesse.

— Et bien, ça n'a pas l'air d'aller ! Lança une voix que je commençais à connaître.
— Nathan, répondis-je en ramenant mon esprit à la réalité.
— Léa, c'est ça ? Je hochais la tête positivement. Et lui alors c'est quoi son petit nom ? Demanda-t-il en donnant de l'attention à mon chiot.
— C'est Jingle, on me l'a offert il a quelques jours.

Il s'assit à côté de moi toujours en caressant la tête de mon petit chien. Je souris en posant mes yeux sur ce dernier qui ne cessait de faire des petits aboiements joyeux. Et je repartis dans mes pensées.

— Vous n'avez vraiment pas l'air d'aller fort... reprit-il en posant son regard sur moi.
— Mon... grand-père est décédé hier matin, avouai-je, je suis quelque peu déboussolée.
— Oh, je suis vraiment désolé... lâcha-t-il doucement.

Ces paroles avaient l'effet d'une caresse sur moi. Ses yeux bruns qui me regardaient me donnait une certaine impression de réconfort. Toujours penché à jouer avec mon chien, il me regardait pas dessus son épaule.

— Vous aimez les animaux ? Demanda-t-il.
— Bien sûr, c'est pour cela que l'on m'a offert Jingle, indiquai-je en montrant ma tête blonde.
— C'est vrai, suis-je bête. Et les chevaux ?
— J'adore les chevaux, je montais quand j'étais petite.
— Que diriez-vous de m'accompagner au haras demain, il faut que je monte ma jument, proposa-t-il en se redressant, un petit sourire aux lèvres. Cela vous permettra de vous changer les idées et de penser à autre chose qu'au décès de votre grand-père.
— Serait-ce une demande de rendez-vous? Questionnai-je charmeuse. Non, je plaisante, j'accepte volontiers. Souriais-je.
— Très bien, on se retrouve à l'entrée du parc demain à 15h30, ça vous convient.
— C'est d'accord, je serais là.

Il se leva et me tendit la main en guise d'invitation pour marcher avec lui. J'acceptais et nous faisions un tour de parc en abordant divers petits sujets. Nous sommes venus à parler de séries, de musiques et de films. J'appris donc que sa série favorite à monsieur est Game of thrones, mais qu'il a adoré Glee. Niveau musique ce sera un goût pour le rock, bon d'accord. En film, il n'a pas réussi à se décider. Je dois avouer que ce petit temps m'a radicalement changer les idées et je me suis sentais légère, comme si je n'avais aucun problème et que tout allait bien. Je me sentais moi, Eléanore la petite roturière de base, pas la minable serveuse, ni la grande héritière.

Il est près de 14h et je cherche désespérément mon chat dans toute la maison. Depuis son arrivée, j'ai ordonné que ce dernier ne sorte dehors par peur de le perdre ou qu'il se fasse renverser par une voiture, puisque la demeure est beaucoup plus proche de la route que ne l'était notre ancien appartement. De plus il avait largement assez de place dans toute la maison pour courir, chasser les mouches et plus généralement occuper ses journées. D'autant qu'il passe la plupart de son temps libre avec Jingle à dormir dans un des nombreux paniers douillets de la maison.

— Dîtes-moi, vous n'auriez pas aperçu mon chat ? Interrogeai-je à l'une des domestiques que je croisais là.
— Ah non, je ne l'ai pas croisé.
— Mais enfin, où est-il encore passé ce chat ? J'ai sa pipette de puces à lui mettre ! Râlai-je en traversant la pièce.

Je me stoppais net en soufflant un « oh non c'est pas vrai » quand j'entendis un bruit sourd, brisant le silence de la maison. Je jetais un coup d'œil interrogatif à la domestique toujours à côté de moi, regard qu'elle me rendit. Je me précipitais alors dans la pièce sous le regard toujours incrédule de la femme de maison. J'avais beau chercher mon chat dans les moindres recoins de cette maison, s'il était passé dans le salon, il avait sûrement fini dans le sapin. Bingo ! Lorsque j'arrivais dans la pièce, je shootais dans une des décorations de noël et j'apercevais rapidement le sapin couché sur le sol et mon chat quelques mètres plus loin entrain de se débattre avec une des guirlandes de Noël.

— Snowflake... tu abuses ! Soupirai-je. Je pensais que ta passion pour les sapins aurait disparue depuis le temps que tu n'en as pas vu un, visiblement non, riais-je.

L'animal me répondit presque avec un miaulement sourd de détresse. Je lui portais donc secours en le démêlant d'une guirlande électrique. La domestique qui m'accompagnait remonta le sapin et ramassa les quelques décorations qui ont échappées aux branches de l'arbre.

— Ah non, tu as fais ta bêtise, tu partiras pas aussi facilement, annonçai-je en prenant mon chat sous le bras. Pour la peine maintenant tu vas avoir droit à ta pipette anti-puces.
— Ne maltraitez pas votre chat voyons Léa...
— John, croyez-moi, il est bien loin d'être maltraité mon chat.

Je m'asseyais sur le canapé et bloquait mon chat sur mes genoux. Ce dernier n'arrêtait pas de miauler, comme pour appeler « au secours » ; dans un « bon ça suffit maintenant », je sortis de la poche de ma veste la pipette qu'un des domestiques avait été me chercher dans la matinée. J'ai toujours pris l'habitude d'appliquer une pipette à mon chat au moment de Noël. Mon garde du corps aidait la servante à ramasser toutes décorations. Discrètement il lui fit signe de s'en aller pour que l'on se retrouve seule. J'hésitais un instant à laisser partir la femme de maison, mais j'étais bien trop occupé à appliquer le produit sur le dos de mon animal.

— Au sujet de ce qu'il s'est passé hier soir, enfin.... commença-t-il.
— Je n'ai rien à ajouter, le coupai-je précipitamment. Comme vous l'avez dit, j'étais dans un moment de faiblesse, mais je ne regrette rien. Et je serais même prête à recommencer.

Je m'attendais à ce qu'il relève; à la place j'eus droit à un long soupir. Vous trouvez que j'y ai été un peu fort ? Snowflake se débattait et je le libérais dans un petit « allez va, imbécile heureux ! ». Ce dernier grogna et se sauva dans la maison à la recherche d'une cachette pour les deux prochaines heures.

— Au fait, que faites-vous là John ? Adressai-je.
— Ce que je fais là ?
— Oui, qu'est-ce que vous faîtes au salon, en plein milieu de l'après-midi, désignai-je.
— Ah oui, je venais allumer la télévision pour voir la conférence de Catherine sur la chaîne des informations en continue.
— Oh non, la conférence ! M'exclamai-je. J'avais complètement oublié, fis-je en attrapant la télécommande sur la petite table.
— Le bal de charité sera maintenu cette année, expliqua-t-elle, c'est ce qu'aurait voulu Monsieur Georges.
— Elle a déjà du annoncer plus en détails le décès, ajouta John à côté de moi.
— C'est d'ailleurs lors de ce bal que nous vous présenterons l'héritière de la fortune des Cambraway, ajouta-t-elle. Les journalistes commençaient à bouger et prendre la parole, quand Catherine d'un geste de la main calma l'ambiance avant de reprendre : Je peux simplement vous dire qu'elle se prénomme Eléanore et que Monsieur De Cambraway avait une totale confiance en elle.

Mon sang ne fit qu'un tour à l'écoute de mon prénom. Ça y est mon prénom est dévoilée au grand jour à des dizaines de journalistes et en direct de je ne sais combien de pays, mon prénom est révélé au monde entier. La caméra fit le tour des journalistes : ces derniers notaient minutieusement le moindre de mot de Catherine, qui répondait aux questions à présent, pour écrire le petit article qui fera la une de leur magasine.

— Quand est ce bal ? Demandai-je l'air perdue presque à moi-même.
— Dans trois jours, le 21 décembre, confirma John qui s'était assis à coté de moi. Tu ne le savais pas Léa ?
— Si bien sûr, j'avais besoin d'un électrochoc.

Je m'accrochais à chacun des mots de Catherine à la télé. Ces derniers résonnaient dans ma tête sans que je contrôle leur écho. Mon cœur ratait quelques battements de temps à autre et je me concentrais l'espace d'une minute pour calmer ma respiration. Je sentis la main rassurante de John se poser dans mon dos et doucement me caresser en guise de réconfort. Dans trois jours, je serais connue de tous et je ferais la une de chaque médias et journal people ; à cette pensée, ma crise de panique me reprit et je fondis en larmes, rapidement John me pris dans ses bras. J'avais besoin de craquer, comme si je n'avais pas assez pleuré ces derniers jours...  

L'héritière de Noël - Avent 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant