7 Décembre, J-18 avant Noël.

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Tout de suite après mon service, j'ai rejoins la demeure pour mon fameux cours de danse. J'ai prétexté à Trice un rendez-vous important chez le médecin pour avoir une bonne raison de partir. Dans tous les cas, le patron se tape encore une fermeture, bien fait, ça lui fera les pieds à cet esclavagiste. Je n'ai jamais dansé de ma vie, du moins pas ce genre de danse. Moi ça s'arrête à la Macarena et encore je suis sûre que je me trompe dans les gestes, et puis la dernière fois que je l'ai dansé, j'ai du envoyé au moins trois personnes à l'hôpital. Moi un désastre en matière de danse ? Totalement !

J'ai répété plusieurs fois des révérences, des saluts, des tours, des rondes, des placements de mains, toujours repris par Catherine qui relevait mes mains ou mon menton, me montrait comment faire ou alors me dirigeait. Je mettais vraiment de la bonne volonté dans ce que je faisais et j'essayais vraiment d'être à la hauteur. Catherine avait réussi à récupérer une jupe avec une crinoline en prétextant qu'il fallait que je m'habitue à avoir ça pour danser, parce qu' à un bal, on ne danse pas en jean ou mini-jupe. J'ai réussi à faire tomber les boules du sapin qui se trouvait dans la pièce, ainsi que quelques cadeaux vides qui servaient de décorations sans oublier un petit vase « sans valeur ».

— C'est très bien Eléanore, vous vous en sortez plutôt bien ! Me félicita Catherine, même si j'étais loin d'être de son avis.
— On pourrait pas changer d'exercices s'il vous plaît ? J'ai les neurones en bouilli et j'ai l'impression de ressembler de plus en plus à un épouvantail qui à la grâce d'un moulin à vent, tentai-je.
— Un moulin à vent très joli en tout cas, chuchota John à une domestique. Je l'entendis et lui lançait un regard provocateur.
— Un peu de silence, râla Catherine envers John et la domestique qui pouffait de rire.

La dame de maison s'avança vers moi en prenant mes mains. Elle se plaça devant moi comme si nous allions danser une valse et me présenta ses mains pour commencer la danse. J'hésitais puis je posais doucement mes mains sur les siennes en la regardant dans les yeux cherchant ce qu'elle attendait de moi dans son regard.

— Bien, nous allons passer à la danse en duo à présent. En règle général, c'est Monsieur qui tient la danse, vous n'avez simplement qu'à le suivre. Expliqua-t-elle.

J'écoutais ses explications dans les moindres détails. J'eus un peu de mal à danser sur le début, je lui marchais sur les pieds en autre, ou alors je m'emmêlais les jambes dans la crinoline. Une fois que j'avais le rythme, je m'amusais comme une petite folle. En fait je réfléchissais trop au début, il ne faut pas se poser de questions et juste se laisser porter. Je la suivais et je prenais de plus en plus confiance et de grâce dans mes gestes.

— Il y a du progrès, me fit-elle un soupçon de fierté dans sa voix. Maintenant révérence je vous prie. Je m'exécutais. Parfait ! S'exclama-t-elle. Au moins vous savez saluer !
— Et je n'ai plus qu'à prier pour avoir un cavalier expert en valse que je puisse suivre, plaisantai-je. Ou alors qu'on ne m'invite pas du tout à danser...
— Bien, passons à la vitesse supérieure, ajouta-t-elle ignorant ma dernière réplique. Je la regardais dubitative. Nous allons voir ce que vous valez avec un cavalier, John, par ici je vous pris.
— Mais... essayai-je, rapidement coupée.
— Tatatatata, pas de « mais » qui tiennent ! Avec moi c'était facile puisque je suis plus petite et moins musclée, seulement il faut vous habituer à danser avec un homme.

J'étouffais un rire au moment où Catherine parlait de taille et de muscles. Rire que John remarqua bien entendu. Ce dernier me lança un regard provocant mais tout de même charmeur. Je sentis mes joues s'enflammer et je fuis son regard comme une gamine qui fait une bêtise.

— Un peu de tenue s'il vous plaît, jeunes gens ! Rappela Catherine. Allez, en place je vous prie, révérence!
— J'espère pour vous que vous avez vos chaussures de sécurité, chuchotai-je à mon cavalier en faisant ma révérence.
— Je ne crains pas vos petites chaussures à talons Mademoiselle, se moqua-t-il.
— Vous devriez, puisque je ne sais pas où mettre les pieds.
— En place, indiqua Catherine à quelques mètres de nous. Maintenant dansez !

Je réfléchis à toute vitesse pour faire attention à l'emplacement de mes mains sur mon partenaire. Ce dernier tenait ma main droite avec une telle délicatesse et sa paume dégageait une chaleur rassurante. Je me concentrais également pour que la mienne ne tremble pas. Sa main sur ma hanche déclencha un frisson le long de ma colonne vertébrale. Aucun homme, à part Kévin, ne me touchait à cette endroit là. Kévin...

— Détendez-vous, je vous sens crispée dans votre main, souffla mon cavalier.
— Désolé.
— Mais je dois avouer que vous m'impressionner Mademoiselle Léa.
— Hoaw, j'ai presque failli croire que vous aviez oublié mon prénom !
— Comment l'oublier ? Charma-t-il.
— 1, 2, 3, 1, 2, 3, 1, 2, 3, répétait Catherine pour essayer de m'aider.

Au début, je faisais attention à l'endroit où je posais les pieds, puis j'ai compris que si je réfléchissais, ça ne fonctionnerait pas. Il fallait simplement que je me laisse aller et surtout que j'accorde une certaine confiance à mon partenaire. Pour peu, je n'ai pas marché une seule fois sur les pieds de John de toute la danse. J'ignorais où fixer mon regard, je l'ai donc planté dans les yeux bleus de mon cavalier : visiblement cela ne l'a pas déplu puisque lui aussi me fixait droit dans les yeux. J'avais l'impression de m'y noyer, d'être perdue au milieu d'un océan de douceur. Mon esprit était occupé à vagabonder et mon corps effectuait les gestes de la danse comme un automatisme.

— Ce sera tout, rappela Catherine en me tirant de mes belles pensées. Révérence je vous prie. Merci John.
— Ce fut un plaisir, Madame, répondit mon cavalier en hochant la tête amicalement.
— Bravo, vous étiez magnifiques ! Félicita Monsieur Georges en applaudissant à l'entrée de la pièce. Je vous félicite Catherine d'avoir fait d'Eléanore une danseuse hors pair en l'espace d'une après-midi.
— Mon élève a fait beaucoup et apprend très vite je dois avouer !
— Pensez-vous ma chère Catherine que cela sera pareil pour l'initiation d'équitation ?
— De l'équitation ?! M'exclamai-je à l'autre bout de la pièce alors qu'une dame de maison m'aidait à enlever la crinoline d'exercice. Mais c'est fantastique ! Continuai-je en appuyant sur le « i ». Pardon, je repris enfin en voyant les regards interrogateurs sur moi. J'ai fais de l'équitation jusqu'à l'âge de mes 12 ans.
— Cela sera facile alors ! S'enjoua la dame.

Monsieur Georges s'avança vers moi et attrapa mes mains. Je lui souris amicalement, sourire qu'il me rendit avec tendresse.

— Vous m'étonnez de jour en jour ma belle Eléanore. Fit-il. Justement pour votre reprise équestre, j'ai un petit cadeau pour vous, ajouta Georges en faisant un signe au domestique à l'entrée de la pièce.

Il s'approcha de nous et me tendit une grande boîte blanche et ronde. Le maître des lieux m'invita à l'ouvrir et j'y découvris avec surprise une bombe, des minis-chaps en cuire bien cirées, un tee-shirt noir avec l'inscription « horse-riding » dessus complétée par une tête de cheval en rouge et un pantalon rouge également. Une belle veste polaire complétait l'équipement. Bien évidement tout ça ne ressemblait en rien aux articles premiers prix que l'on peut acheter dans un quelconque magasin de sport.

— Oh mon dieu... soufflai-je en découvrant le colis. C'est magnifique, je vous remercie tellement, débitai-je.
— Oh mais ce n'est rien, ça me fait plaisir ! Répliqua Georges.
— On se retrouve donc demain pour la leçon d'équitation Mademoiselle Eléanore.
— Avec le plus grand des plaisirs ! M'enjouai-je.

Catherine ordonna une nouvelle fois à John de me ramener chez moi. Elle refusait que je traine aussi tard dans les rues toute seule, et Georges avait rajouté avec ce froid polaire, je risquais d'attraper mal. John avait pris la boîte que lui tendait le domestique, même si j'avais dis que je pouvais me débrouiller. Dans les couloirs de la demeure, il entama un semblant de discussion.

— Si je peux me permettre, miss Léa, j'ai attendu votre message toute la soirée d'hier.
— Ah, répondis-je simplement, je suis désolée. Sans vraiment l'être je l'étais. J'essayerais d'y penser ce soir...

Son regard se posa sur moi et un nouveau frisson me parcouru la colonne vertébrale. STOP, tu te calmes Léa. Tu as un copain, que d'ailleurs tu dois appeler ce soir, juste histoire de te remettre les idées en place un peu. Non mais regardez-moi ces yeux de saphir liquide...  

L'héritière de Noël - Avent 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant