20 Décembre, J-5 avant Noël.

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  Je suis rentrée bouleversée de ma journée d'hier. Je repensais au baiser de Nathan au milieu de la carrière : d'un côté j'étais subjuguée par la beauté du geste, mais d'un autre j'étais perdue. J'ai tout de même couchée avec mon garde du corps et embrasser un autre mec et tout cela en même pas deux semaines.
Je sus par la suite que Will avait dit que je me reposais, que j'avais été particulièrement touché par le départ de Georges, par conséquent j'avais besoin de repos. Oui, un repos où je m'en vais en balade avec un mec inconnu qui m'embrasse, oui bon ça va.
En cette veille de bal, Catherine m'avait prévu tout un programme pour la journée : essayage de robe pour les dernières retouches, répétition de danse ainsi que des essais de coiffure. Je souhaite bon courage au coiffeur. On aurait très bien pu faire ça demain dans l'après-midi, seulement la dame de maison avait insisté pour faire ça aujourd'hui, prétextant que demain je devais me reposer avant le grand soir. De plus elle  ne voulait pas que je torture mon esprit avec l'enterrement de Georges auquel je ne pouvais assister.
Allongée sur mon lit, je jouais avec Jingle en lui chatouillant les pattes, quand on frappa à ma porte. Je me redressais en lançant un « oui ». Je fus surprise de voir mon frère rentrer, l'air presque grave.

— Tout va bien Will ? Tentai-je.
— Léa, tu n'aurais pas quelques explications à me donner par rapport à hier ?
— Hier ? Non je ne vois pas pourquoi ?
— Léa, répéta-t-il avec insistance, tu ne m'aurais pas menti ? Fit-il.

Je le regardais dubitative et j'attendais qu'il continue à éclairer sa requête. Même si je commençai à deviner où il voulait en venir...Je suis démasquée!

— J'ai envoyé un message à Trice hier, puis lui dire de faire attention aux journalistes si vous passiez près de la maison.
— Oui, lâchai-je timidement.
— Et elle m'a dit que vous n'aviez pas prévu de vous voir...
— Oopsy...
— Léa, je me fiche de savoir avec qui tu étais, même si je meurs d'envie de le savoir, mais diable où étais-tu ? Grogna-t-il. J'ai menti pour toi, et tu m'as menti aussi par la même occasion !
— J'étais au haras, commençai-je, avec Nathan.

Il me regarda, presque étonné que je lui dise aussi facilement avec qui et où j'étais, mais après tout autant lui dire la vérité. Je vais pas me cacher derrière des excuses alors que oui, je lui ai menti pour aller me balader avec un « presque inconnu ». Je crois que je l'ai choqué : âllo, tour de contrôle Will pour Léa ?

— Nathan, Nathan ? Posa-t-il après quelques secondes de silence.
— T'en connais 15 ? Oui Nathan.
— D'accord. laissa-t-il simplement.
— Je suis désolé fréro de t'avoir menti, je voulais pas à la base, mais si je t'avais dis, t'aurais jamais accepté que je mette un pied en dehors de cette pièce.
— T'as raison, mais à l'avenir, met moi dans la confidence, histoire que l'on reste des frères et sœurs unis par des secrets, plaisanta-t-il.

Je souris à mon tour et le pris dans mes bras. J'aimais mon frère et pendant longtemps il a été la seule famille que j'ai eu. Notre complicité restera toujours la même et jamais je ne laisserais un petit copain s'initier entre nos délires et notre relation fraternelle. A la fin de notre embrassade, il m'informa que Catherine m'attendait avec le couturier pour les dernières retouches de ma robe.

 J'étais sur un podium pour que le couturier réajuste l'ourlet de ma robe. Puis moi je cherchais un quelconque confort....

— Non, mais c'est vraiment nécessaire les chaussures à talons là ? Me plaignis-je.
— Oui, répondit fermement Catherine, vous êtes une dame Eléanore.
— Alors un peu moins haut si c'est possible... j'ai réellement l'impression d'être montée sur des échasses.

Le jeune couturier se releva et j'attrapais le bas de ma robe pour montrer les chaussures : de magnifiques escarpins noirs, pailletés sur le bout et le talon. D'ailleurs ce dernier devait avoisiner les dix centimètres et je ne me sentais absolument pas à l'aise.

— J'ai pris les moins haut que j'ai trouvé, affirma ma dame.
— Mon œil tiens, marmonnai-je. Sérieusement, je galère déjà à aligner trois pas de danse avec des bottines et un talons de trois centimètres et là vous voulez que je tienne une valse avec dix centimètres sous chaque pied ? Je vais y laisser une cheville à ce bal, j'vous jure !
— Mais non, au pire votre cavalier vous rattrapera....
— Oui enfin si c'est pendant la danse avec mon frère, il attendra patiemment que je sois bien étalée par terre avant de faire quelque chose!

La domestique cacha un sourire et Catherine désespéra de mes arguments. Vous trouvez que je chipote ? Non. Mes cours de danses c'était avec une fausse crinoline et mes bottines de tous les jours, là je passe à une robe de bal sur mesure et des escarpins. On change de registre !

— Je vais vous prouver que vous allez très bien vous débrouiller lors de vos danses ! Lança Catherine. John, pouvez-vous venir ici s'il vous plait.
— Oh nan, chuchotai-je. Non, non, non...

Je pris mon visage dans mes mains en désespérant de ma vie. J'arriverais jamais à le regarder dans les yeux. Nathan m'a embrassé et j'ai couché avec John, je rappelle. c'est malsain tout ça. Dans un « Mademoiselle » doux et rapide, j'enlevais mes mains et j'hésitais longtemps avant d'accepter l'invitation. Je pris sa main peu rassurée et descendis du podium. Catherine me guida encore sur certains de mes gestes et ma mise en place. Quand mon garde du corps posa sa main sur ma hanche, je fus parcouru d'un frisson et tous mes muscles se contractèrent.

— Tout va bien ? Souffla-t-il.
— Oui, pourquoi ça n'irait pas, fis-je sur un ton mal assurée.
— Ton regard est fuyant, tu ne me regardes qu'un millième de secondes, or tu sais que pendant cette danse un contact se fait à travers le regard...
— Désolé, lâchai-je simplement.
— Tu n'as pas l'air... hésita-t-il, d'accepter ta nouvelle vie, tenta-t-il enfin.
— Si bien sûr que si, je ne vous aurais jamais rencontré !
— C'était parfait Eléanore, vous voyez que vous savez danser avec des talons hauts ! Conclut Catherine à la fin de la danse.

Je souris timidement en m'écartant de mon garde du corps. J'avais une boule dans la gorge et je forçais mes larmes à rester à leur place. J'ignorais où regarder et tout ce que je voulais c'était retourner dans ma chambre et pleurer tout simplement. J'avais trop d'émotions qui se bousculaient. Aussitôt que la dame de maison me laissa partir, je me précipitai dans ma chambre, rapidement rejoins par une domestique pour m'aider à enlever la robe. J'enfilais mon jean et un tee-shirt large qui traînait sur ma coiffeuse. Quand la domestique s'éclipsa en fermant la porte, je tombais sur mon lit et j'ouvris les vannes de mes larmes.

A peine quelques minutes plus tard, John entrait doucement dans ma chambre. Je m'étais relevé et j'avais essayé mon visage en quatrième vitesse, mais c'était foutu, on voyait que j'avais pleuré. Mes yeux rouges et mes traces de mascara ne pouvaient en témoigner le contraire.

— Eléanore, fit-il doucement.

Je refusais de lever les yeux dans sa direction. Je voulais cacher le plus longtemps possible mes larmes. Je fuyais encore une fois. Il avança doucement vers moi, comme si j'étais un animal sauvage et qu'il avait peur de m'effrayer. Il attrapa tendrement mon menton ce qui me força à lever le visage vers lui. J'aurais voulu me défendre mais je n'en avais pas la force.

— Je sais que tu as peur, nous le savons tous, assura-t-il. Mais nous sommes là, à tes côtés. Tu vis le rêve de milliards de petites filles. Penses à tout ce que tu pourras accomplir une fois que tu seras connue et que tu feras la une des journaux.
— Parce que tu crois que je vais aimer ne plus avoir aucune vie privée ? Ripostai-je d'une voix brisée.
— Tu vas trouver ça exaltant, tu te sentiras puissante et tu t'amuseras. C'est toi qui tient les rênes, n'en doute pas. Dit-il en s'asseyant à côté de moi.

Je me tournais vers lui. Je l'examinais, son expression fraternelle m'engloba et réchauffa mon cœur. Ses traits sont encore plus beaux que dans mes vagues souvenirs de l'autre soir. Ses yeux, je n'en parle même pas. Savoir qu'ils sont tous les jours posés sur moi me toucha et j'en eu un frisson dans le dos.

— Promets-moi, commençai-je, promets-moi que tout se passera bien ?
— Je te le promets.

J'ignore pourquoi je lui ai demandé de me promettre ce genre de chose. J'avançais mon visage près du sien et chuchotais un « merci » doux. J'embrassais sa joue en m'enivrant de son parfum masculin. Je me réconfortais, j'avais besoin de ça.

Il me laissa seule : il devait partir aux funérailles de Georges. Je ne pouvais y assister bien que j'en avais envie, je voulais être présente. Seulement Catherine ne voulait pas prendre le risque de m'exposer devant tous les journalistes, je n'étais pas préparée pour ça ; seulement, le serais-je un jour ? 

L'héritière de Noël - Avent 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant