Chapitre 20

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LALI 

Quoi ?

Quoi ?! 





ZIA

J-7
Le temps s'est arrêté. Plus rien ne peut advenir désormais. Je fixe SolènnDirine qui ne me regarde pas. Impossible, il n'a pas dit ces mots-là. J'ai rêvé. Réveillez-moi !






SOL

Jour J
- Tu...
J'ai désarçonné le grand Carl Preston. Mais il se reprend rapidement :
- Tu ne peux pas accepter ?
Je secoue légèrement la tête.
- Lorna et Oggy ne pourront pas payer et ce qu'ils envisagent pour la suite est...
Je laisse sciemment ma phrase en suspens, laissant chacun imaginer ce que Lorna et Oggy feront quand ils ne pourront plus assurer notre survie à Lali et moi. La bouche de Carl Preston forme tout doucement un petit O. Il a compris. Il semble sincèrement surpris. Peut-être finalement que Lorna et Oggy ont eu leur brillante idée de martyrs tout seuls, sans aide de quiconque.
- Je ne pourrai plus me regarder dans la glace, Carl. Vous comprenez ?
Il hoche le menton lentement. Sa main tripote son oreillette. Il ne veut pas montrer qu'il écoute ce qu'on lui dit, mais il n'arrive pas à aligner trois mots et à se concentrer en même temps sur les instructions qu'il est manifestement en train de recevoir. Il y a comme un blanc, durant quelques secondes, puis Carl reprend les rênes :
- Mes amis ! Quel choc ! Quel choc !
Il sourit de nouveau de toutes ses dents. Lorna s'est ratatinée sur son siège, mais Oggy semble respirer mieux qu'il ne l'a fait depuis une semaine entière. Un poids vient de disparaître de ses épaules. Tant mieux pour lui. Lali reste figée, comme une statue. Je peux voir les engrenages dans sa tête. Elle est en train de réfléchir, derrière son visage de marbre, à ce qu'elle peut faire pour rétablir la situation.
Il n'y a rien à faire, Lali, tu n'as plus la main.
C'est moi qui décide maintenant, et je choisis de sortir.
Le branle-bas de combat qui s'ensuit me happe comme un tourbillon. Je ne peux plus reculer. Carl n'a pas préparé d'interview personnelle, ni de discours d'adieux, il improvise. Il me parle de jardinage, je l'en remercie d'un sourire en coin. Parlons jardinage, Carl, bonne idée. Il me pose des questions, je réponds avec les mots de M. Mestre. Il fait un peu durer, ça ne me gêne pas. Il faut juste que je reste concentré sur ce qu'il me dit, que j'évite de divaguer ou de regarder ailleurs. Je ne veux pas croiser le regard de Zia. Pas maintenant. Carl se dit rempli d'admiration pour les gens qui travaillent la terre, il ne cesse de proférer à tout-va que la verdure, c'est la vie. Pendant ce temps, l'écran latéral est inondé. Bip bip bip. Carl finit par arrêter de parler et il m'invite à me lever. Lali se lève aussi, une caméra zoome sur son visage. Il a perdu toutes ses couleurs. Ses mains tremblent toutes seules. De peur ? De tristesse ? De rage ? Quant à Zia, je sais qu'elle me fixe, abasourdie. Elle a l'air perdue. Je sais que ce que je suis en train de faire lui semble insensé (et elle a raison, à l'évidence), mais c'est la seule chose que j'ai trouvée.

Sept joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant