J'étais comme électrocutée par la révélation de Leila Sadiya. Je mis quelques minutes à digérer l'information. Mes larmes perlaient déjà sur mon visage. Heureusement que je n'avais pas mis ma cam, sinon Leila aurait vu la souffrance se dessiner sur mes traits. Je tenais quand même à ma dignité. Je pleurerai certes, mais seule, sans que personne ne puisse me voir. Nous les filles, on a beau jouer à la forte, mais parfois il fallait absolument laisser les larmes sortir de leur loge, histoire de se soulager et de laisser son cœur s'épancher. Cette soudaine douleur cuisante me fit presque oublier la présence de Leila devant mon écran Skype. Elle fixait obstinément la cam, son front touchant presque l'écran : on aurait dit qu'elle souhaitait rentrer dans l'ordi pour me rejoindre et voir dans quel état je me trouvais. Ne pouvant plus supporter mon silence interminable, elle me dit :
_Leila Sadiya : Sarah, t'es toujours là ? Allô ? Allô ?
Saisissant ma dignité à deux mains, je lui répondis enfin d'une voix étranglée :
_Moi : Oui je suis toujours là. Merci de me l'avoir annoncé, tu aurais d'ailleurs dû me le dire depuis le jour où tu l'as su. Mais t'inquiète, considère que la page est désormais tournée pour ma part.
_Leila Sadiya : Arrête de faire la forte Sarah. Eh oooh ! C'est moi ma puce. Moi Leila ! Ton amie ! Tu peux me parler à cœur ouvert. Je sais que tu as hyper mal. Parle-moi. Dis-moi ce que tu ressens. Parle ma puce, ça te soulagera.
_Moi : Tu veux que je te dise quoi que tu ne saches déjà ? Je l'aime à en mourir. Mais il n'a pas su me pardonner, aller de l'avant et nous donner une nouvelle chance. Je reste là des mois et des mois à faire une dépression pour un type qui n'a pas perdu de temps pour tourner la page. Alors, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je suis une pauvre idiote amoureuse ? J'ai affreusement mal Sadiya. Même si tu penses que je l'ai mérité parce que j'ai joué un « double jeu », j'estime que la punition est beaucoup trop sévère.
_Leila Sadiya : Ne dis pas ça, ma puce. Je ne pense pas que tu mérites tout ce lot de malheurs. Comment peux-tu penser ça d'ailleurs ? Tchiiip. T'es folle toi. Je voulais juste que tu prennes conscience du fait que tu as aussi blessé Salem et que sa réaction est compréhensible, même si elle est excessive.
_Moi : Bref, laisse tomber. En tout cas merci. Je dois me déconnecter. Bien des choses à Tata Shahnaz (la maman de Leila). Bisous.
Avant qu'elle ne puisse répondre, je raccroche net l'appel. Inconsciemment, je commence à en vouloir à Leila de m'avoir annoncé cette très mauvaise nouvelle, et d'avoir en quelque sorte « entaché » l'euphorie de la réussite de ma soutenance. En l'appelant pour lui apprendre que j'avais obtenu mon diplôme, je ne m'attendais pas à entendre cette vérité qui faisait si mal. Mais j'étais consciente que c'était parti d'une bonne intention. J'avais bien fait de raccrocher à toute vitesse, sinon j'allais passer mes nerfs sur elle. Quand on était blessé, on cherchait parfois un souffre-douleur sur qui se défouler.
Ainsi donc Salem avait tourné la page avec une certaine Madjiguéne ?! Waouh ! Je ne m'y attendais pas du tout. Comment est-elle ? Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi ? L'aime-t-il ? Telles étaient les questions qui revenaient incessamment dans mon esprit. Rien qu'à imaginer une autre fille se blottir dans les bras de mon Salem, embrasser ses lèvres si douces et si sucrées, caresser son beau torse, me donnait envie de me tirer une balle dans la tête. Non ! Ce n'était pas possible ! Dites-moi que je rêvais ! Cette nuit-là, j'ai déployé des efforts surhumains pour ne pas éclater en sanglots comme un enfant à qui on aurait arraché son doudou préféré. Malgré les questions insistantes d'Assiétou, je refusais d'en reparler. A quoi bon remettre le sujet sur le tapis ???? De toute manière, la conclusion restait la même : Salem avait tourné la page, il ne m'aime pas autant que je l'aime.
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TOME 1 : Entre désillusions et trahisons, notre amour survivra-t-il ?
RomanceJe sortis à la hâte de son building dont l'air était devenu étouffant, et m'apprêtai à héler un taxi pour m'y engouffrer moi et ma peine insupportable, lorsqu'Ismaël se pointa. _Ismael : Je t'avais bien dit que je ferai de ta vie un enfer sur terre...