||Thirty one||

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Prise soudainement de sanglots, Assie m'annonça :

_Assie : Je suis dans la merde jusqu'au cou Sarah. Je suis enceinte de deux mois.

Mamma Mia ! Nous étions foutues. Je suis restée des minutes entières, bouche-bée, à la regarder comme si elle était une revenante. Assie enceinte ? Comment cela pouvait-il être possible ? Je m'absente pendant deux mois et demi, et Romain et Assie en profitent pour concevoir un bébé derrière moi ? Non, ils sont vraiment forts ces deux-là. Mais l'heure n'était pas à la plaisanterie. C'est quand je me rendis compte que j'avais la bouche ouverte de confusion, que je me ressaisis pour la fermer, pour ensuite la rouvrir. Il fallait bien que je dise quelque chose, et que je sorte de ma consternation, vu que les pleurs d'Assiétou avaient repris de plus belle.

_Moi : Calme-toi ma chérie. On va trouver une solution. Chuuut ! Calme-toi et explique-moi clairement. Depuis quand es-tu au courant ? En es-tu sûre ? As-tu fait un test de grossesse ou vu un spécialiste ?

Je sais que sur le moment je l'ai bombardée de questions, mais des réponses étaient nécessaires afin de trouver d'éventuelles solutions. Je la pris spontanément dans mes bras pour l'exhorter au calme. Au bout d'un moment, elle se détendit et ses pleurs s'arrêtèrent enfin.

_Assie : J'en suis sûre et certaine Sarah. Là, c'est vraiment officiel. Putain ! Mes parents vont me tuer, surtout mon père : il m'a envoyé en France pour étudier et non, pour me faire mettre en cloque. Bon Dieu, je suis foutue. Que vais-je faire, Sarah ? Que vais-je faire, dis-moi ?

_Moi : Chuuut ! Calme-toi Assie. Tu te fais un sang d'encre pour rien : on trouvera bien une solution. Et puis, le stress, ce n'est pas bien du tout pour le bébé. Dis-toi que tu n'es ni la première, ni la dernière, tout le monde commet des erreurs. L'essentiel c'est de ne plus les répéter et d'en tirer des leçons. Allonge-toi un moment, on a toute la soirée pour en parler.

Cette nuit-là, on la passa à parler des heures et des heures. Ou plutôt, je la passai à écouter Assie se confier à moi, à cœur ouvert. Elle me raconta tout dans les moindres détails, la réaction de Romain face à la situation, leur relation en mode stand-by..... La vie était vraiment étrange : je pense que c'est cette grossesse qui nous a définitivement plongées dans la phase de l'âge adulte. Jusque-là, nous agissions comme de simples jeunes filles insouciantes et croquant la vie à belles dents. Mais à partir de ce jour-là, on prit conscience du fait que nos actes avaient une influence directe sur la vie d'un petit bout de chou enfoui dans le ventre d'Assie.
Dès qu'elle m'annonça la nouvelle, je m'étais aussitôt sentie liée à ce bébé pour je ne sais quelle raison. Il faut reconnaitre que j'ai une certaine passion pour les bébés, et je me surprenais à fixer obstinément le ventre (pas encore rond pourtant) d'Assie.

J'espérais de toutes mes forces qu'elle ne penserait pas à avorter. Elle avait encore un mois pour se décider. Même si elle optait pour subir une IVG, je comprendrais mais je n'approuverais pas. Dans tous les cas, je serai toujours à ses côtés en tant qu'amie : mon rôle était de l'épauler, et de la soutenir, et non de la juger. C'était bien beau de toujours se cacher derrière nos « Moi je, Moi j'aurai fait ci, j'aurai fait cela... », mais tant qu'on a pas vécu la même situation que la personne concernée, on ne peut prétendre à aucun jugement de valeur. Alors on la boucle, et on reste humble. Nous ne sommes que des humains après tout, et aucun d'entre nous est infaillible.

Dix jours passèrent depuis la fameuse nuit de la révélation d'Assie, et la vie suivait son cours monotone. Je préparais mon mémoire de fin d'études que j'aurais à soutenir en mi-janvier, et je commençais donc à m'y mettre sérieusement. Je m'étais transformée en une maniaque du travail de recherche universitaire. Toutefois, derrière cette nouvelle lubie, se cachait un pressant désir d'oublier Salem ainsi que de reléguer aux confins de mon esprit la tournure désastreuse de notre relation amoureuse. Mais c'était très difficile d'y parvenir : je n'arrivais pas à l'ôter de mon esprit, passant des heures et des heures sur son Facebook qui était devenu mon mur des lamentations, et parcourant ses photos encore et encore. Je notais avec un certain pincement au cœur que Monsieur avait veillé à supprimer notre photo « en amoureux ». Je n'avais même pas eu le temps de l'enregistrer dans mon ordi pour en faire ma relique d'amour désabusé. Quel triste sort.....

TOME 1 : Entre désillusions et trahisons, notre amour survivra-t-il ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant