Mon sentiment serait donc partagé ? Je lui plaisais aussi ? Il me trouvait donc « très très belle » ? Wouah j'en étais vraiment flattée. Toute cette foultitude de questions m'empêchait de me concentrer. Je ne savais même pas quoi répondre. Je devenais très gauche lorsqu'il s'agissait d'extérioriser mes sentiments. De toute façon, je ne pense pas que l'on puisse parler de « sentiments » dans ce cadre-ci : je venais tout juste de le connaitre, et cette attirance n'était que physique. Je n'allais quand même pas sortir avec un mec juste parce que je le trouvais beau. Il existait pleins d'autres critères à prendre en compte et je n'étais pas de ces filles superficielles que la beauté obsédait. Quoique, à vue de nez, Monsieur avait l'air assez intelligent et cultivé. Bref, mes pensées m'éloignaient du sujet principal. Il ne fallait surtout pas que je m'emmêle les pinceaux, Salem me trouvait belle certes, mais il n'avait jamais parlé de sortir ensemble.
_Salem : Sarah, tu m'écoutes au moins ?
_Moi : Excuse-moi, j'étais plongée dans mes pensées. Je suis tout le temps sur les nuages, désolée. Tu disais ?
_Salem : Oui je le constate. Tu es une rêveuse ? Bienvenue au club. On me reproche très souvent de quitter la planète Terre pour sillonner les autres. Je dois t'avouer que j'ai un petit faible pour la planète Mars : c'est mon lieu favori.
Je me surprenais à sourire. Un premier point en commun alors, pas mal pour un début. Nous étions déjà arrivés à la pointe. C'était fou comme la plage était peuplée malgré l'heure tardive. Dakar ne dormait-il donc jamais ? On s'installa dans un coin reculé et calme, loin des regards indiscrets. Je dégustais ma glace pensivement. Salem, assis à côté de moi, avait le regard lointain et semblait fasciné par la danse sensuelle des vagues. La brise maritime me caressait le visage, et je savourais les chuchotements de la mer qui semblait vouloir me livrer tous ses secrets. Ainsi donc, pour ma première sortie de vacancière, le menu était composé d'une atmosphère magique et d'une très bonne compagnie : que demander de plus ? Je me décidais enfin à rompre le silence :
_Moi : A quoi tu penses ?
_Salem : Euh à rien de spécial.... Je me demandais juste si je n'ai pas été trop brusque tout à l'heure en t'exposant mes sentiments.
_Moi : Ah non. Pas du tout. Enfin, cela m'a surpris, mais ça n'avait rien de brusque.
Il me regarda intensément. J'en avais des frissons.
_Salem : Tu sais, la nuit où je suis venu te chercher à l'aéroport, j'ai vraiment eu du mal à m'endormir. Je ne crois pas du tout au coup de foudre, mais notre rencontre sème vraiment le doute dans mon esprit quant à la véracité de cette légende.
Je ne répondais pas, gênée. Je ne voulais pas m'avouer vaincue encore une fois par l'amour. De plus, ce que je ressentais à son égard était carrément différent de ce que j'éprouvais pour Ismaël. Avec Izo, j'étais « bien », mais avec Salem, c'était tout autre chose, et le sens de cette « chose » m'échappait tout simplement parce que je n'arrivais pas à structurer ma pensée en sa présence. Tout ce que je savais, c'était que Monsieur était la cause de ces contractions au niveau de mon ventre, et de cette sensation de gorge sèche. Je me refusais à croire que j'avais pu tomber amoureuse de lui en l'espace d'une semaine. Je m'obstinais donc à nier l'évidence. Et puis, ne disait-on pas que les coups de foudre étaient aussi poignants qu'éphémères ?
_Salem : Je ne vais pas te demander de sortir avec moi parce que c'est tout juste insensé, et déraisonnable, mais je t'en prie Sally, apprenons au moins à nous connaitre. On se connait à peine, et pourtant j'ai l'impression de te connaitre depuis des lustres. Je n'arrive certes pas à lire en toi comme dans un livre ouvert, mais j'ai l'intime conviction que tu as été blessée tout récemment, d'où ta méfiance, mais accorde moi le bénéfice du doute. STP Sarah, laisse nous une chance.
Comment refuser avec un regard aussi perçant ? Cerise sur le gâteau : Monsieur me prit la main au même moment. Je hochais lentement la tête pour signifier mon consentement. Mais dans quel pétrin m'étais-je encore fourrée ? Je venais à peine de sortir d'une rupture amoureuse, et déjà je me rejetais dans la gueule du loup. Mais bon, j'ai juste accepté de « nous donner une chance », histoire de mieux nous connaitre, rien de plus. Ce n'était en aucun cas une forme d'engagement. On verra bien ce que cela va donner dans quelque temps. Bref, on passa le reste de la soirée à discuter de nous, de notre enfance, de nos études, et convictions personnelles. J'étais agréablement surprise : nous avions plein de points communs. D'ailleurs, j'appris que Monsieur était un petit « surdoué », toujours premier de sa classe. Je compris mieux pourquoi il m'attirait autant : j'avais toujours eu un faible pour les petits intellos. Les mecs avec une cervelle vide, non merci, trop peu pour moi !
J'avais vraiment passé une excellente soirée en sa compagnie et je commençais à me laisser aller, me surprenant à le toucher, à le taquiner, et à flirter avec lui. En tout cas, je m'entendais bien avec lui pour le moment.
Le lendemain soir, je devais aller au restau avec Ibrahima Ndiaye. Bizarrement, j'avais hâte de le revoir. Puisque Monsieur m'avait demandé précisément de « me faire belle pour lui », il serait servi. Je m'habillais donc avec soin, et relevais mes mèches en un chignon haut, dégageant ainsi mon visage. Ma mère n'arrêtait pas de me tournoyer autour et de bourdonner dans mes oreilles , telle une abeille,« Fais toi belle hein, maquille toi « bamou saff » (maquille toi impeccablement). Elle avait sorti toute sa mallette de maquillage et de bijoux et avait transformé ma chambre en salon de coiffure apparemment. Ah les vieilles ! Toujours à vouloir revivre leur jeunesse à travers leurs filles. Mon père nous interrompit :
_Mon père : Sarah, tu sors encore ? Dis donc, tu es déchainée ces temps-cis hein. Fais gaffe à toi en tout cas.
Aie mon père qui me faisait une scène de jalousie, c'était plutôt rare. A moins que cela soit lié avec ma mésaventure avec Ismaël, et que ça soit une tentative de sa part, de chercher à me protéger._Moi : Oui papa. C'est un ami que j'ai rencontré lors de mon voyage qui m'invite à diner avec lui. Rien de spécial. Ne t'inquiètes pas, il vient me chercher, et il compte me ramener.
Ibrahima vint me chercher dans les coups de 21H. Ma mère l'accueillit comme un vieil ami de la famille, et le mit totalement à l'aise. J'en restais estomaquée. Elle n'accueillait même pas Ismaël de cette manière. Elle m'étonnera toujours elle.
Ibrahima était particulièrement charmant ce soir-là. Belle chemise, beau pantalon et superbes mocassins. Je dois avouer qu'il était beaucoup plus méticuleux que Salem. En outre, Ibrahima était un beau gosse aussi. Sa voiture, n'en parlons même pas : une vraie perle. Je n'avais pas besoin que l'on me le dise, pour deviner aisément que Monsieur était plein aux as. Il m'avait bien dit dès notre première rencontre qu'il était homme d'affaires non ? Et puis, Monsieur voyageait en première classe, pardi ! Bon, je ne suis pas matérialiste, mais se faire courtiser par un mec richard était un tantinet excitant lol
Il mit de la musique dans sa voiture : un bon vieux morceau de Stevie Wonder. Monsieur était traditionnel, à ce que je voyais. Justement, c'est ce qui me faisait peur : et si nous n'avions aucun point en commun ? Et si nous n'aimions pas les mêmes choses ? Il avait tout de même la trentaine (même s'il ne les faisait pas), et moi j'avais à peine 24 ans. Un gouffre de plus de 6 ans nous séparait. Moi j'étais fan de Beyonce, Jay-z, Alicia Keys et tous ces artistes en vogue, qui me dit que lui n'est pas fan de jazz, slow ? Bref, l'avenir nous édifiera.
C'était un numéro en provenance de la France. Je m'excusai auprès de lui et décrochai :
_Moi : Allo !
Avant que je ne puisse placer un mot, une voix sèche à l'appareil :
_Romain (Le copain d'Assie) : Tu es bien contente de toi Sarah ? Tu te tailles chez toi au Sénégal confortablement et tu demandes à Assie de foutre une raclée à Naomi pendant que tu te dores le c** ? Eh bah tu peux être fière de toi, elle a exécuté bêtement ta requête, et là elle est dans la merde, elle est en détention à la police suite à une plainte déposée par la p*** de ton Ismaël.
Whaaaaaaaaaaaaaat ?
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TOME 1 : Entre désillusions et trahisons, notre amour survivra-t-il ?
RomansJe sortis à la hâte de son building dont l'air était devenu étouffant, et m'apprêtai à héler un taxi pour m'y engouffrer moi et ma peine insupportable, lorsqu'Ismaël se pointa. _Ismael : Je t'avais bien dit que je ferai de ta vie un enfer sur terre...