TOME 1 : Entre désillusions et trahisons, notre amour survivra-t-il ?

||Thirty three||

Il s'agissait d'un faire-part de mariage de Naomi G. et d'Ismaël C.
Choquée ! Je me tins fermement dans la rampe de l'escalier pour ne pas tomber. J'avais subitement des vertiges. Je ne saurais vous décrire à quel point j'étais éberluée, sur le coup. Donc ce monstre ne racontait pas des sornettes quand il affirmait que Naomi et lui s'étaient fiancés ?? Pour être franche, je ne l'avais jamais cru. J'avais toujours cru qu'il s'agissait plutôt d'un moyen pour m'atteindre, ou pour me rendre jalouse. J'étais certes très amoureuse de Salem, mais j'ai plus passé de temps avec Izo (2 ans), et plus partagé de choses avec ce dernier qu'avec Salem. Du coup, je pense que ma réaction était plus que compréhensible. Ce faire-part m'avait fait l'effet d'une gifle cinglante.

En outre, je suis restée des minutes et des minutes assise sur les escaliers, perdue dans mes pensées, comme une personne fraichement devenue SDF, après le passage d'un huissier. Je n'avais aucune envie qu'Assie me voit ainsi, ça ne ferait que l'inquiéter et dans son état, il valait mieux la ménager. Un flot de pensées m'assaillit : je me revoyais avec Ismaël l'année dernière, au mois de décembre, heureuse et comblée, mon avenir auprès de lui déjà tout tracé. Pourquoi avait-il fallu que ce con me trompe, et de surcroit avec une de nos connaissances communes ? Pourquoi persistait-il à dire qu'il m'aimait alors qu'il se préparait à convoler en justes noces avec cette garce ? Qu'a-t-il trouvé chez Naomi que je n'ai pu lui offrir (à part le sexe, bien-sûr) ? L'esprit tourmenté et ailleurs, je n'avais pas entendu les pas d'Assie.

_Assie : Bah alors, qu'est-ce qui t'arrives ? T'as vu le diable en personne ou quoi ? Je me suis inquiétée grave. Depuis quand le fait de récupérer le courrier te prend une demi-heure ? Tchiiip

Elle a dû lire la douleur et la confusion sur mes traits car elle s'est aussitôt accroupie et installée à côté de moi sur les escaliers.

_Assie : Que y'a-t-il Sarah ? Tu sais très bien que tu peux tout me dire ma puce.

Sans prononcer un seul mot, je lui tendis le faire-part, devenu froissé, à force de le lire et de le relire. Elle le parcourut et se leva d'un geste vif :

-Assie : Allons mettre nos manteaux, on va aller rectifier le portrait à cette guenon italienne. Allez, lève-toi ! Tchiiip

Ah Assie ! Elle avait le don de me faire passer du rire aux larmes, et vice-versa. Je me mis à rire comme une folle. Sérieusement, c'est une vraie blédarde celle-là ! Pour elle, tout problème pouvait se résoudre par la violence. Elle avait la mémoire bien courte, en tout cas. Quant à moi, je garde toujours à la bouche ce goût amer du jour où Romain m'a appelée à Dakar pour m'annoncer qu'Assietou était en détention à la police, après avoir bastonné Naomi. Je n'allais pas une fois de plus l'embarquer dans un autre pétrin, même en sachant pertinemment que ce faire-part venait de la garce. Ismaël ne m'aurait jamais envoyé cela.

_Moi : Tu es folle, toi. Elle n'en vaut vraiment pas la peine. Je leur souhaite bien du bonheur à tous les deux. Mais en attendant, il faut que je parle à Ismaël une dernière fois.

_Assie : Non, c'est toi la folle à lier ici ! Qu'est-ce que tu vas aller foutre chez ce mec, Sarah ? Il ne t'a pas fait assez de mal ? Allons juste menacer Naomi pour qu'elle te foute la paix une bonne fois pour toutes, et après, si tu veux, histoire classée.

Je n'écoutais même pas le plaidoyer d'Assiétou. Quand une idée me trottait dans la tête, personne ne pouvait me l'ôter. Et je ressentais une envie irrépressible de voir et de parler à Izo une dernière fois. Le regard réprobateur, Assie me regarda porter mes bottes, enfiler mon manteau et enfin prendre ma bandoulière, en me traitant de « tête de mule ». Dès que je sortis les fameuses chouquettes de mon sac pour les lui donner, elle se jeta dessus, comme une affamée, et me ficha définitivement la paix. Ouf ! Enfin ! Maintenant, j'étais libre d'agir.