Le Conseil du Prince

2 0 0
                                    

Régis s'était installé avec désinvolture dans son fauteuil. Les pieds sur la table, il examinait sa timbale dans laquelle il venait de boire, y cherchant une réponse à ses questions. Clément déambulait autour de la table et, assisté d'une échansone, faisant servir la boisson énergisante qu'il avait préparé à l'attention des conseillères.

Celles-ci arrivèrent en ordre dispersé. Arnold pour le commerce et les échanges, Corée, pour la culture, Erasto, géographe et Marcus à la guerre, Mérédite, pour la ville et l'habitat, Pita, pour l'artisanat, Cérida pour l'agriculture et Brigide affectée à l'éducation qui travaillait en lien étroit avec Corée. C'était son ancienne maîtresse de magie, une fée à la réputation de sagesse. Et Clément, bien sur, pour la santé. Manquait toujours Sacha, sa première conseillère, sa favorite.

Régis les observa, entrer : Arnold, qui avait fait partie de l'ambassade de Sacha, avec Erasto, Marcus et Corée. Il ne nourrissait aucun doute sur celles-là qui avaient déjà fait preuve de leur loyauté. Il connaissait moins bien Mérédite, discrète, mais elle était originaire de la province d'Odilan, un de ses soutiens majeurs lors de son accession au pouvoir. La Gouverneure lui avait recommandée, elle était apparentée à sa lignée et il avait confiance en elle. C'était une des plus fervente défenseuse de la cause des hommes. Mérédite avait, comme toutes ses conseillères, le titre d'enchanteresse. Elle devait avoir l'âge de Sacha, environ trente cinq ans, mais plus grande, moins belle, et ce n'était pas une guerrière mais avant tout une intellectuelle, jusque dans sa gestuelle, hésitante, rêveuse, lunaire puis tout soudain, sortant de sa réserve, brillante et hardie, pointant sa pensée précise et affutée sur une proposition toujours remarquablement argumentée.

On lui avait dit aussi beaucoup de bien de Pita et il en attendait toujours, une fée brune, piquante et provocante. Elle avait déjà essayé plusieurs fois de flirter avec lui. Régis c'était donné comme règle de ne pas mêler sexe et gouvernement. Ce qui était une des raisons de ses sorties incognito en ville. Mieux valait ne pas parler d'amour... Il pensa à Aradante, qu'il avait laissé à Marsa, avec Rochenéré, en convalescence. Elle allait mieux mais il avait faillit la perdre. Cette seule pensée l'étreignait de désarroi.

Il revint à sa réunion en voyant entrer Cérida. Une grande fée blonde, hautaine et majestueuse. Il ne l'aimait pas. Pourtant, elle lui rappelait Adelfe. Elle avait cette beauté patricienne et hautaine. Il lisait trop souvent la condescendance dans son regard, quand un de ses conseillers prenait la parole. Il n'était pas sûr d'elle. Elle venait pourtant des Filandres, une province loyaliste.

Dès que toutes furent en place, Régis annonça qu'il avait modifié l'ordre du jour de la séance. Il leur raconta l'incident de la nuit. Cette nouvelle déclencha un brouhaha.

Pita s'exclama :

« Qu'elle idée de sortir ainsi en ville, sans escorte... »

« C'est l'idée, justement... sinon, je ne pourrais rencontrer personne... »

« Tu as des espionnes, qui peuvent faire ce travail pour toi ! C'est leur rôle ! » Intervint Marcus. « Tu ne les utilises pas assez... »

« Aucune espionne ne lui délivrera le sentiment qu'il obtient en y allant lui même... »

Régis remercia Cérida. C'était exactement cela. Il voulait sentir, comme un bon loup en chasse. Et il avait sentit le danger, depuis son retour.

« N'empêche que vous êtes toutes au courant de ses petites virées ! » Fit remarquer Clément. « Ce n'est plus un secret... il est trop partagé... » Ajouta-t-il en s'adressant plus particulièrement à Régis.

« Tout le monde le sait et le voit passer quand il sort le soir en faisant semblant de ne pas le reconnaître... » Dit Erasto.

« Il va falloir y renoncer. » dit Corée.

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now