Captivité

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« C'est toi qui a pris soin de moi ? » demanda Régis à la fée caracolante debout au pied de son lit.

« J'ai trouvé cette couverture dans ta roberie. Et je t'ai enlevé tes souliers. C'est mieux pour dormir !»

« Merci. »

« Je suis affectée à ta surveillance. »

« Et tu me surveilles, là ? Pourquoi ? Que craint-on ? Que je me sauve ? Par la porte qui doit être fermée à double tour et gardée ? Que je me jette par la fenêtre ? Elles en seraient trop heureuses. »

« Je ne sais pas trop, mais c'est ce qu'on m'a dit de faire. »

« Et tu dois rester là en permanence ? »

« Nous serons trois à nous relayer, si j'ai bien compris... »

« Bon. Voilà une bonne nouvelle... Mais, j'ai faim. Est-ce que tu peux me commander de quoi manger ? »

« Je ne suis pas chargée de cela. Je dois juste te surveiller mais tout à l'heure, pendant que tu dormais, on a apporté un plateau avec de la nourriture. Il est posé sur la table, dans la pièce à côté. »

En se levant, et traversant sa chambre, Régis constata qu'elle avait été mise sans dessus dessous : on avait bougé les meubles et les avait vidé complétement, abandonnant au sol ce qu'ils contenaient, tous les objets, décoratifs ou fonctionnels avaient été déplacés et reposés au petit bonheur la chance. Dans son salon, il remarqua le même désordre. La bibliothèque semblait avoir été démontée, ses livres abandonnés en vrac sur le sol, son matériel de géographie confisqué, les armes décoratives, une antique épée, une lance venue d'Orient, un arc et son carquois magnifiquement ornementés de plumes, de coquillages et de lacets de cuirs teintés de riches couleurs, avaient disparus.

Régis découvrit avec stupeur la composition des mets préparés. C'était un repas froid comportant quasi essentiellement des produits carnés, à part un morceau de pain et quelques fruits secs... Elles voulaient affaiblir sa magie. S'il n'avait été attentif à la remarque de Tsine sur la viande dans le régime du peuple des steppes, il aurait été inquiet mais il éclata seulement de rire.

« Pourquoi ris-tu ? » Demanda sa gardienne.

« Tu veux m'accompagner et manger avec moi ? »

Elle secoua de la tête.

« Je n'ai pas le droit... je suis seulement là pour te surveiller.. »

« Et tu vas faire ça pendant combien de temps ? » Demanda Régis en s'attablant.

« Jusqu'à ce que l'on me relaie... bientôt. Je suis ici depuis que l'on t'a ramené. »

La conversation s'arrêta là. Régis s'était mis à manger et dévorait ; il eut tôt fait de vider son assiette, jusqu'à la dernière miette. Sa faim n'était pas éteinte. Il but pour finir de remplir son estomac. La fée était à deux pas de côté, debout près de lui. Cela allait être difficile à supporter en permanence.

« Je voudrais me changer. Tu es obligée de me suivre dans la roberie et de continuer à me surveiller ? » C'était là aussi qu'était situé le cabinet d'aisance et il aurait voulu y passer.

« Je ne sais pas... on ne m'a rien dit à ce sujet... Mais... tes appartements ont été fouillés et on a saisi tout ce qui pourrait servir d'arme... »

« Non ! Vous avez oublié la chaise, le vase, la couverture... »

Il vit la fée blêmir.

« Tout ça pour dire que tout objet peut être utilisé comme arme létale à qui a un peu d'imagination... » Dit-il en manipulant le couteau à bout rond dont il s'était servi pour manger. »

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now