Coup d'état

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Régis émergea hébété de sommeil. Il était dans son lit dans sa chambre. Des coups furieux frappaient à sa porte. Il se leva difficilement. L'amour lui prenait trop d'énergie ; il était rentré une heure avant l'aube et n'avait pu résister à la nécessité d'un peu de sommeil. Il attrapa une tunique qu'il enfila à la va vite, traversa son salon et ouvrit la porte à Marcus qui se tenait devant lui, affolé, effrayé.

« C'est une rébellion ! Il faut fuir... » Mais déjà une cavalcade piétinait le grand escalier.

« Les caracolantes... elles sont déjà là ! » Elles le bousculèrent brutalement. Marcus dégaina son épée.

« Celui-là, vous me le supprimez ! Il n'avait pas à violer notre caserne ! Et emparez-vous du prince. » Lança Asmonde.

Deux fées avancèrent vers Régis qui reculait, tandis que deux autres se précipitait sur Marcus. Il lança un regard tendre et désespéré au prince, ne songeant même pas à se défendre. Dagues et épées l'avait déjà transpercé. Il s'écroula sanglant sur le pas de la porte.

« Habille-toi ! » Ordonna Asmonde et passant par dessus le corps et pénétrant dans la chambre du prince. « Tu as l'air ridicule... » Dit-elle avec dédain en le regardant avec hauteur, encadré par les deux gardes. Et brusquement, elle lui porta un coup de dague rageur. Le cœur de Régis fit une embardée, il trembla, voulut reculer mais les deux fées l'empoignèrent et le maintinrent. La dague déchira sa tunique dans un grand crissement d'étoffe maltraitée. « Cet habit est réservé aux fées ! Tu n'en es pas une... de toute évidence ! » Fit la Capitaine d'un air méprisant et désignant son sexe du bout de sa même dague, menaçante. Régis résista à la tentative d'humiliation. Il s'était redressé, arborant sa nudité avec fierté. Une fine estafilade rouge zébrait son torse mais trop occupé par sa rage et sa peur, il ne sentait rien.

« Je veux bien m'habiller... mais il faudrait que tes sbires me lâchent ! »

Les yeux d'Asmonde lancèrent des éclairs. Il crut qu'elle allait le frapper. Il pouvait l'arrêter car il possédait désormais assez de magie pour lui résister. Mais il était encore son Prince et elle se retint.

« Dépêche-toi ! Tu ne vas pas à la parade ! Et notre Grande Sorcière n'aime pas attendre. »

Régis alla rapidement vers son antichambre ; personne ne le suivit. Elles l'attendaient à l'entrée. Aucune des guerrières n'avait encore songé à envahir dans sa chambre. Il prit soin de bien replacer la penderie contre le mur qui dissimulait la porte dérobée. Et fit tomber à ses pieds un fouillis de vêtement. Il s'ingénia à provoquer un grand désordre tout en extrayant les vêtements qu'il comptait revêtir. Même s'il était visiblement déchu, il tenait à continuer d'endosser sa fonction de Prince. Il enfila une chemise de fine baptiste, à poignets de dentelles, une culotte de daim par dessus un caleçon de cotonnade, choisit des bas de soie à baguettes argentées. Un gilet de brocart et une veste redingote de velours pourpre.

Asmonde l'interpellait avec impatiente, trouvant qu'il mettait trop de temps pour s'apprêter.

« Écourte un peu tes chichis de garçon ! Tu ne vas pas à la parade ! »

Elle apparut dans l'encadrement de la porte. Il glissa ses pieds dans la première paire de soulier qu'il trouva. Un peu trop claire. Elle ne contrastait pas assez avec les bas grèges et était d'une teinte tirant sur un gris bleuté qui jurait avec le pourpre de sa veste. Mais bon, il n'allait pas à un défilé de mode, mais à l'annonce de sa destitution.

Sortant dans le couloir précédé par le capitaine des Caracolantes, il aperçut la trainée de sang qui avait dégouté sur le tapis. LE corps de Marcus avait déjà été enlevé. Son estomac se révulsa. Heureusement qu'il n'avait rien mangé. Un trait de rage aigre remonta dans sa bouche. Il retint ses larmes, contint son chagrin d'avoir perdu un ami plus qu'un serviteur.

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now