Guet-apens

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Les deux jeunes gens marchaient épaule contre épaule. Même taille, même corpulence. L'un un peu plus large que l'autre, l'un à la démarche ferme, l'autre plus nonchalante. Enveloppés dans leurs grands manteaux, à la pointe d'une nuit voilée par une brume humide et pénétrante, ils tenaient conciliabules à voix chuchotantes d'où parfois un éclat de rire échappait. On se demandait quel secret ils pouvaient vouloir garder dans cette rue déserte.

Soudain, ils relevèrent la tête, alertés par une présence dangereuse. Plusieurs fées surgirent devant eux, de la venelle de droite, de celle de gauche qu'ils venaient de dépasser et ils se retrouvèrent encerclés. Des guerrières. Elles avaient déjà leurs épées en main. Les deux jeunes gens rejetèrent leurs manteaux en arrière dégainèrent vivement. Eux aussi, étaient toujours armés, par précaution, quand ils partaient en virée nocturne. Ils redoutaient toujours un danger depuis qu'ils étaient revenus de Marsa. La Capitale était agitée. Les partisanes d'une féérie extrémiste et intransigeante étaient combattives et les hommes seuls se faisaient bousculer, même si l'on ne déplorait pas d'agression sérieuse. Mais, là, ces fées, au nombre de cinq, étaient plus que menaçantes, elles attaquaient. Solen était un bretteur expert et bien entraîné. Clément un médiocre combattant mais il compensait par sa magie très affutée et ses dons d'empathie. Ils reculèrent et s'adossèrent au mur afin de ne pas se faire surprendre par l'arrière avant que les fées soient au contact. Face à leur agresseuses qui se ruaient ils étaient en garde. Pas de fioriture, ni d'interpellation. Elles allaient droit au but, qui était de tuer, ils n'en doutèrent pas. Un frisson traversa les deux hommes prêts à défendre vaillamment leurs vies. Elles échangèrent quelques passes violentes et brutales, fonçant, tentant d'attendre leur but le plus rapidement. Solen attaquait et fendait en avant, Clément défendait et paraît les coups. Elles avaient le nombre et leurs sorts pour les soutenir. Clément jeta un charme pour les circonvenir et maintenir les fées à distance. Mais elles eurent vite fait de le déchirer. Ils ne portaient même pas un gilet de cuir pour se protéger, alors qu'elles avaient revêtu une cuirasse de combat sur leurs épaisses tuniques d'hiver et pas de manteau pour les entraver. Solen sentit une pointe toucher sa poitrine qu'il arrêta en utilisant un charme de paralysie que lui avait enseigné Sacha, jadis... Il entendit la fée jurer avec colère.

« Ce salopard ! Il sait... » Mais il lui avait déjà cloué le bec en lui enfonçant son épée dans le cou. Ses imprécations se noyèrent dans un borborygme létal.

« On nous avait prévenu... » Lança une autre fée que Clément tentait d'immobiliser mais qui utilisa aussi sa magie pour contrée son charme.

« C'est pour ça... qu'il faut... l'éliminer...» Haleta celle qui semblait être la cheffe qui attaquait Solen.

Ce coup là, Solen ne put arrêter la lame, seulement la dévier, qui lui traversa le bras. Il entendit Clément pousser un cri. Autant de rage que de douleur. Ils échangèrent encore quelques passes sans parvenir à toucher leurs adversaires mais se faisant cribler. Ils n'avaient réussi à en éliminer qu'une seule. Maintenant, la fatigue et la peur l'accompagnant, commençait à les troubler et surtout leur magie qui devenait inefficace. Le désespoir n'était pas loin. Mourir au coin d'une ruelle, si bêtement ! La mort était si simple. Alors qu'ils se croyaient perdus, ils aperçurent une troupe de cavalières surgir dans la rue. Ils les entendirent charger en poussant des cris gutturaux qui surprirent leurs agresseuses. En deux coups de fouets et trois estocades elles les dispersèrent. Une deuxième fée tomba au sol. Solen aurait bien voulu en capturer une pour la faire parler. Mais il n'eut pas le temps de réagir. Il se sentait épuisé, tremblant encore de peur rétrospective. La cavalière qui semblait diriger la troupe mit pieds à terre et s'approcha d'eux.

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now