sacrilège

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Le reste de la journée passa lentement. Tsine respecta l'ordre de Han de rester consignée dans sa tente. C'était lui prêter allégeance. Elle ne voulait pas le fâcher plus encore, surtout sachant ce qu'elle lui préparait comme traitrise. Elle savait qu'il le prendrait ainsi même si elle pensait que c'était lui qui faisait preuve d'obstination et d'aveuglement. Elle était prête à faire éclater son peuple. N'était-ce pas cela que Fai avait prédit : qu'il deviendrait un autre peuple, qu'il devait renoncer à être ce qu'il avait été pour devenir ce qu'il devait être. Et elle serait leur meneuse.

Fai lui murmura qu'elle voyait du danger pour elle, que la partie n'était pas gagnée. Elle se retira dans sa tente pour revoir ses rêves et consulter ses interprétations.

La nuit tomba. Si elle avait obéi à Han, pour ce qui était de la journée, il était hors de question qu'elle passe la nuit à l'attendre. D'ailleurs, elle avait décidé de faire voler cette loi-là. Jamais elle ne lui donnerait d'enfant et elle ne l'accepterait plus dans sa couche.

Malgré les deux gardes de Han, en bonne fée, elle sortit de sa tente. Derrière la banquette de son lit, il y avait un espace sans latte par où il suffisait de soulever la peau et le feutre pour se faufiler. Quand on montait la tente, ses proches prenaient bien garde de dissimiler cet espace par un treillis de lattes amovibles. C'était depuis longtemps par là qu'elle passait pour rejoindre ses amants... Une fois dehors, elle courut à l'enclos et attrapa une selle et un harnais dans la tente qui le jouxtait et servait d'atelier. Quatre petits sacs enveloppèrent les sabots de sa cavale et elle s'éloigna discrètement. A cette heure, elle n'avait que le pont, pour accéder à la ville et passa les portes qui ne tarderaient pas à fermer. Elle laissa sa cavale comme la première fois. Cette fois-ci, elle s'installa dans la chambre qu'elle retint et émis un message télépathique à l'intention de Solen afin de l'inviter à la rejoindre. Puis elle se coucha et s'endormit.

Elle fut réveillée par un grand courant d'air qui s'engouffrait sous sa couverture. Elle émit un petit cri et il rit doucement en se collant contre elle. Ses manières la surprenaient. Elle n'avait jamais connu homme si entreprenant. Ses mains partaient déjà en exploration de son corps, le parcourant entièrement, s'insinuant dans tous les creux, caressant toutes les éminences, cavalant dans ses vallons, titillant, griffant, frôlant, effleurant. Sa bouche, ses lèvres, sa langue n'étaient pas en reste, sans parler de... Débordée, elle le renversa soudain et le chevaucha pour jouir tout son saoul et à son rythme, écartelée de plaisir au dessus de lui. Elles aussi, elle voulait le découvrir. Ses mains s'agrippèrent dans son collier de barbe qu'il n'avait pas taillée depuis sa fuite du palais. Le poil envahissait ses joues. Elle posa sa bouche dans le creux fragile de son cou, huma l'odeur salée de ses aisselles, agaça ses tétons, effleura son ventre qui se contracta et envoya des ondes jusqu'aux plus intimes profondeurs de son être. Les cuisses de Tsine tremblèrent contre les siennes. Son cœur battait la chamade. Quand sa jouissance atteint son acmé, qu'il la sentit frissonnante et bientôt languissante, il la renversa à son tour, s'enfonça profondément et jouit à son tour.

L'aube les surprit et elles sautèrent chacune de part et d'autre du lit. Régis courut jusqu'au palais tandis que Tsine décida de rester sur place pour déjeuner. Elle ne tenait pas à affronter la colère de Han et comptait se rendre directement au conseil des clans. Elle retrouva le gout de ces déjeuners du matin, si différent des siens : beaucoup de fruits, plutôt secs en cette saison où sous forme de compotes ou de confits, quelques fromages frais, ce pain gonflé à la texture si légère, le pot de miel où elle trempa le doigt qu'elle lécha avec délice. Elle trouva sa cavale qu'elle s'attarda à soigner et brosser avant de la seller et de partir tranquillement. C'était une belle journée de soleil, déjà presque printanière. Elle marcha le long du fleuve et mouilla les jambes de sa monture. En face, elle apercevait leur campement. Elle décida de joindre le bac pour traverser. Sur l'autre rive, elle mit sa jument au galop et s'enivra de la douceur de l'air, à moins que ce fût du bonheur d'avoir retrouvé son amant et de leurs amours secrètes et tendres qui la comblaient. Elle parvint triomphante à son campement et travers la place sous les regards braqués sur elle. Elle revint d'un pas martial, après avoir laissé sa cavale entre les mains de Yu et se rendit directement à la tente du conseil. Elles la verraient toutes telle qu'en elle même, poussiéreuses et crottée de sa course, lasse de sa nuit sans beaucoup de sommeil, puant le stupre, la sueur et le bonheur.

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now