La mission de Tsine

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La colère la galvanisa. Nettoyée de sa souillure, reconstruite par les manipulations magiques de Fai, elle était prête à agir. Tsine se présenta au conseil des clans, accompagnée de Fai. Han, et ses fidèles soutiens, que Tsine considéraient désormais comme ses complices, la regardèrent entrer avec surprise et inquiétude. Sa détermination, son aura féérique, les cloua sur place. Son visage était un marbre sur lequel elle avait sculpté sa colère, son corps tendu comme la corde d'un arc prêt à décocher sa flèche. Sans préambule, elle dit :

« Comme vous le savez toutes et tous, ici, j'ai eu déjà plusieurs visions qui confirment celles de Fai. Toutes les deux, nous avons vu la terre qui nous ait promise, celle pour laquelle nous avons entrepris le périple qui nous a mené ici. Mais ici n'est pas le terme de notre quête contrairement à ce que Han prétend dont l'aveuglement... »

Han s'agita et tenta de l'interrompre mais d'un geste, elle le contint.

«... son aveuglement et son obstination risque de nous engager dans un combat incertain dont nous avons toutes les chances de sortir anéanties : Nous ne sommes pas de taille à lutter contre les odilanes et le contrat que nous avons signé avec Talila est une tromperie. Elle ne nous accordera jamais ce qu'elle nous a promis. »

Tsine observa une pause et balaya d'un regard courroucé les affidées du Prince, le Prince lui même qu'elle défia.

« Nos visions chamaniques, celles de Jun aussi, ont toutes confirmées que de grands changements allaient bouleverser notre peuple. Je vous en propose donc un de plus... »

Elle sentit Jun lever une onde magique et furieuse mais Fai la maintint à l'impuissance permettant à Tsine de continuer son discours.

« Han à démontrer son incompétence. Il est incapable de mener notre peuple. Je vais donc prendre la tête de nos clans. Désormais, je serais votre meneuse. » Sur ce, elle relâcha le sort qui contenait Han et l'empêchait de s'exprimer, espérant qu'il révèle son incompétence par ses paroles, son comportement. »

« Tu n'as pas le droit de faire cela ! C'est moi, le meneur ! » Han s'était levé, empli de rage, écumant et trépignant, prêt à bondir sur elle mais Hudo le retint en prenant son bras. « Tes prétendus rêves, c'est... » Mais il n'eut pas le temps de finir. Elle le foudroyait de son mépris et de sa haine :

« Et toi ! Tu avais le droit de faire ce que tu as fait cette nuit ? Le viol d'une fée est un sacrilège qui est puni de mort... »

L'assemblée la regardait, stupéfaite de ses paroles, de l'énormité incroyable de la faute dont elle accusait le Prince ! Comment pouvait-on violer une fée ? Ses pouvoirs magiques ne la protégeaient-ils pas ? Comment un tel sacrilège avait-il été perpétré ? Comment Tsine osait-elle en parler devant toutes. Plus personne ne bougeait. Jun fut la première à se reprendre :

« Ce n'était pas un viol ! » S'écria-t-elle. « Nous n'avons fait qu'aider la prophétie à s'accomplir... » Ainsi se dénonça-t-elle, en tentant de se justifier.

« Une prophétie n'a nul besoin d'être aidée, si elle doit s'accomplir. Je n'étais pas consentante ! Vous m'avez forcée et ta magie m'a empêchée de me défendre, Jun. Je ne suis encore qu'une apprentie chamane mais j'ai déjà quelques pouvoirs et je sais ce qu'il en ait de la magie chamanique. Tu as abusé de ta puissance contre moi, ta Princesse. Aussi, je vous maudis, tous les trois ! Toi, Han, tu seras puni comme dois l'être tout criminel, et toi aussi, Jun ! Et ne n'aurais pas besoin de me salir les mains à appliquer la sanction. La punition a déjà commencée et elle va s'accomplir, bientôt. Jun ! Tu n'es plus digne du titre de chamane et en tant que Princesse de mon peuple, je te destitue. Quand à toi Wei, le complice qui tenait ses hommes à la porte de ma tente, je ne veux plus te voir poser un pied dans le cercle de mon clan. Hudo. J'ose espérer que tu ignorais tout de ce complot ?»

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now