Tsine fit un rêve. Elle vit Han. Elle se tenait au bord de la rivière, elle ne savait laquelle, la Limone ou la Chérone. Il était de l'autre côté de la rive et l'appelait. Mais elle refusait de traverser ; elle refusait de l'entendre. Elle se détourna pour ne plus le voir. Mais elle le voyait quand même, s'engager dans le flot violent et se mettre à nager. Elle était terrifiée. Elle entendait l'impétuosité irrésistible de l'eau, comme un torrent gonflé par les pluies et les cris de Han, qui l'appelait et l'implorait de la rejoindre. Elle se rendit compte que toute cette eau qui s'écoulait venait de ses larmes qui formaient une rivière furieuse dans laquelle Han nageait et se débattait. Bientôt, elle le vit sombrer. Mais elle ne parvenait à tarir ses pleurs et elle le vit s'éloigner, comme un tronc d'arbre mort, arracher à la rive et balloter par l'eau, avant de disparaître sous une vague qui l'engloutit
Quand Tsine se présenta chez Fai, elle eut la surprise de découvrir Ermès, en culotte auprès du feu, en train de préparer la tisane du déjeuner tandis que Fai était assise sur sa banquette-lit. La rougeur qui envahit le visage du jeune homme la renseigna sur la raison de sa présence si matinale tandis que Fai affichait une humeur parfaitement calme, comme si cette situation était tout à fait habituelle. Gêné, Ermès prétexta d'aller chercher de l'eau pour la toilette et enfila rapidement une veste. Fai salua Tsine et lui demanda ce qu'elle lui voulait de si bon matin.
« Pas si tôt que cela ! » lui signala Tsine avec un rien d'humeur. « Cela fait déjà trois heures que le soleil est levé ! » Elle voulait lui parler de son rêve mais finalement le garda pour elle. Pourquoi ? C'était idiot ! Comme une sorte de représailles. Elle lui en voulait d'avoir coucher avec Ermès. Elle se sentait trahie. Elle lui répondit donc :
« En fait, rien de spécial, ni d'urgent ! Simplement organiser des activités pour occuper notre peuple... » Mais Fai l'attira vers elle et la fit asseoir sur la banquette.
« Moi aussi, j'ai rêvé qu'il se noyait... C'est peut-être toute cette eau qui est tombé, ou bien c'est réellement ce qui c'est passé. Deux rêves en même temps, cela fait beaucoup... » Prémonition ? Était-il déjà mort. Impossible de savoir. Mais cela expliquait peut-être pourquoi Jun et ses cavales blanches ne l'avait pas à nouveau attaqué.
« La prochaine fois que tu viens dans la tente, annonce-toi ! » Lui lança Fai tandis que Tsine s'apprêtait à partir.
« Bah, tu reçois qui tu veux... »
« Je l'espère bien ! » Dit Fai en souriant. « Après tout, pourquoi une chamane n'aurait pas le droit de vivre sa vie pour elle, aussi ? » Elle était devenue grave.
« Pourquoi pas ! Nous avions dit que les choses devaient changer en arrivant ici. Mais, il me semble qu'elles ont déjà commencé à changer il y a bien longtemps... » Tsine faisait allusion à l'aveu que Fai lui avait fait, d'être sa mère. « ... Ces choses-là ne devraient pas être dissimulées ! »
« Oui. Nous sommes d'accord là-dessus. Cela était une grande douleur, pour moi... renforcée par le fait que je te côtoyais quotidiennement. Il y a des jours, j'avais envie de hurler... »
Tsine la regardait avec compassion et amour. Fai avait était aussi importante dans sa vie, que sa mère, officielle, Lian. Plus même, puisqu'elle s'était chargé de son éducation quand elle eut quitté la protection de son père, tandis que Lian assumait la chefferie de leur clan puis de leur peuple.
« Va, maintenant. » Fai eut un geste auguste, lui présentant la portière et Tsine s'en offusqua un court instant ! Qui était la princesse, sous cette tente ? Voilà qu'elle se faisait congédier comme une simple fée.
« N'est-ce pas ce que tu as décidé d'être ? »
« Pas encore ! Quand nous seront arrivées... » Répondit Tsine avec une majesté feinte et elle sortit enfin.

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La Princesse des Steppes
FantasíaLe Prince des Deux Peuples est parvenu à maintenir la Ville de Marsa attachée à son territoire mais nos héroïnes, ses fées les plus proches, sont gravement blessées. Aradante en convalescence découvre l'héritage de Héro. Sacha est en fuite de sa vie...