Aux portes de la Capitale

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Le lendemain, il fallut partir. Dans la fraicheur du petit matin, elles préparèrent leurs cavales. Elles repartaient accompagnées de trois louves. Tsine ne courrait plus de danger particulier aussi n'avaient-elles pas de raison de rester. Mais Lunés avait décidé de demeurer chez les Shejin. Comme pour s'excuser de cette défection, elle courait de l'une à l'autre, portant couvertures et selles, harnais et bagages. Loubia se tenait à l'écart de ce remuement. C'était Oscar qui tenait pour elle exclusivement le rôle d'écuyer et Héliante comprit alors la raison de cette séparation. Lunés ne leur accorda pas d'attention, seulement un salut froid au moment du départ. Tsine n'était pas là mais Fai se tenait, hiératique, à l'entrée de l'enclos, assistant à leur départ. Définitivement, Héliante ce dit qu'elle n'aimait pas Tsine, sa façon d'être. Solen lui adressa un regard navré. Héliante l'était aussi, se demandant si ce n'était pas la jalousie qui faisait barrière, qui l'empêchait de connaître et d'apprécier l'amante de son frère. Le sourire de son frère indiquait qu'il penchait pour cette supposition. Et son deuil qui l'avait tenu à l'écart. Solen opina de la tête. Bientôt, tout le monde fut prêt et il donna le signal de départ. Elles trottinèrent doucement pour traverser le campement. De sa yourte, montée au centre d'un arc de cercle qui délimitait une large place, la tête de Tsine apparue. Solen approcha sa monture et s'arrêta juste à l'entrée. Il démonta et elles échangèrent un long baiser. Héliante préféra se détourner, talonna sa cavale et mit sa troupe au galop. Quelques minutes plus tard, il la rejoignait à la tête de son escorte et la gratifiait d'un sourire tendre et moqueur qui la fit fondre.

La veille, Sacha les avait informé par télépathie que l'armée odilane approchait de la Capitale. Par conséquent, elle lui demandait d'arriver rapidement ; il serait appréciable que le Prince Régis soit à leur tête, devant les portes de sa ville.

Ce fut une chevauchée silencieuse, concentrée, efficace. En cinq jours, elles rallièrent leur armée qui les attendait à une journée seulement de la Capitale. Entre Sacha et Pertise, Régis reprit sa place. En compagnie de Zoé, Lula et d'Erasto, Aradante chevauchait derrière. Puis venait l'armée : les escadrons de cavalières, les fantassines et les piétonnes, l'artillerie tirant les machines de guerre dont le Prince espérait n'avoir pas besoin de se servir. Durant toute sa progression, l'armée Princière avait mordu les talons de celle de l'Usurpatrice. Sacha et sa petite troupe s'était livrée à un travail de harcèlement, attaquant et piquant sans relâche leurs arrières mais évitant toute confrontation... ce que l'armée, fuyante, ne recherchait pas non plus. Pertise la laissa d'ailleurs pénétrer à l'intérieur de la Capitale et refermer ses portes sur ses combattantes. Avec le Prince, elles avaient décidé de s'installer pour la nuit dans la plaine. Régis voulait se présenter avec son escorte princière le lendemain matin pour pénétrer avec les honneurs qui lui étaient dus. Sacha avait ri de sa prétention. Régis lui avait répondu qu'il était le Prince des Deux Peuples et qu'il avait autorité sur les gardes de la ville, toutes fées qu'elles soient. Et puis il aurait Aradante avec lui. Il lui adressa un long regard appuyé, lui signifiant qu'il attendait beaucoup d'elle et qu'il la plaçait désormais à ses côtés. Cette décision dont elles n'avaient jamais débattues laissa Aradante dépitée mais Régis lui répondit avec force et conviction qu'il était son Prince et qu'elle était sa sœur. Comme si cette simple relation justifiait tout !

C'était le soir, après le repas, qu'elles avaient pris à la mode Shejin, dehors, au milieu du campement, entre ses troupes. Puis, la suite du Prince s'était retirée dans sa tente et elles avaient délibéré ensemble de la marche à suivre. Si on ne leur ouvrait pas, ce serait le siège, ce que Régis espérait éviter, grâce la présence d'Aradante et la force de sa magie. Si on leur ouvrait, il entrerait avec trois escadrons de cavalières. Mais l'escadron de Sacha, grossit par les montagnardes d'Aradante investiraient le palais grâce à son passage resté secret.

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now