Ascension

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La porte s'ouvrit et une secousse la bouscula. Sacha trébuchait contre elle. Elle jura en l'enjambant. Lula se leva à demi ensommeillée et complétement engourdie. Elle dut se secouer et s'étirer douloureusement avant de ramasser ses affaires et de les serrer dans son sac pour descendre dans la salle à manger. Elle aperçut Sacha qui finissait son déjeuner. Elle n'eut que le temps d'attraper un morceau de pain quelques fruits... Sacha avait dû commander son encas de midi la veille. Elle avait oublié de le faire ! Il était déjà sur la table du déjeuner, dans un linge. Sacha le rafla et l'engouffra dans son sac de voyage. Déjà elle se levait, lui abandonnant la place sans un regard. Lula se dépêcha d'avaler une soupe trop chaude que lui apportait l'hôtesse. Elle croqua le morceau de pain et empocha les fruits ; ce serait au moins ça pour la journée. Dans la cour, elle n'oublia pas de remplir sa gourde. C'était l'essentiel dans ce territoire, même si la chaleur commençait à céder. Comme elle finissait, elle aperçut Sacha qui sortait sa monture et se mettait en selle. Lula se précipita à son tour dans l'écurie et harnacha rapidement sa vieille rosse qu'elle avait appris à apprécier, poussive mais sûre et endurante. Elle n'avait pas trouvé mieux dans sa recherche précipitée mais elle s'en contentait désormais avantageusement. Elle avait toujours un peu de mal à la mettre en branle. Elle dû la talonner durement pour la faire galoper et rejoindre Sacha déjà loin sur la route. Elle ralentit en parvenant à ses côtés et la mit au pas. La jument souffla de satisfaction. Un peu d'écume mouillait son poil.

« T'a pas peur qu'elle tombe raide morte sous ton poids ? » demanda Sacha avec un mépris affiché qui ne parvenait à masquer son amusement. Lula était trop heureuse qu'elle lui adresse la parole. Elle flatta son haridelle .

« C'est une brave qui connaît la vie. Elle sait s'économiser et elle est courageuse et endurante. »

Sacha ne répondit pas. Elles chevauchèrent quelques temps en silence. Tout à coup, elle demanda.

« Tu as l'intention de me suivre longtemps, comme ça ? »

« S'il le faut, jusqu'au bout du monde ! » dit Lula avec fougue.

« Je ne compte pas aller aussi loin... »

« J'ai promis à Régis de veiller sur toi. »

« Je suis capable de le faire toute seule ». Répondit Sacha sèchement.

Soudain, elle fouetta sa monture et partit au galop. Lula d'abord surprise, éperonna sa rosse. Elle avait déjà assez couru à son goût aussi rechigna-t-elle avant de consentir à adopter un petit galop. Lula voyait avec désespoir Sacha disparaître au bout de la route. Elle n'apercevait plus qu'un halo de poussière soulevé par leur course. Elle dût bientôt ralentir et adopta un petit trot poussif. A midi, elle retrouva Sacha, assise sur un rocher au bord de la route, en train de manger. Sa cavale attendait patiemment et avait déjà récupéré de sa chevauchée matinale. Lula n'eut que le temps de s'installer et de sortir son maigre ravitaillement. Déjà, Sacha repartait. Lula se dépêcha d'engouffrer son morceau de pain et ses fruits. Elle but un coup et regarda sa jument. Tiendrait-elle le coup ? Elle s'obligea à attendre une demi-heure, le temps de lui permettre de souffler, puis elle repartit. Sa vielle rosse endura sans rechigner un trot soutenu. Après le désespoir de voir Sacha lui échapper à nouveau, Lula s'était raisonnée. On était bien installé dans l'automne et si les journées étaient encore belles, les nuits rallongeaient et se faisaient fraiches, voir carrément froides. Sacha s'arrêterait donc à la prochaine étape dans une auberge pour dormir dans un lit chaud ! Elle arriverait juste un peu plus tard qu'elle. S'il n'y avait pas de chambre, elle dormirait à l'écurie ! Et c'est ce qu'elle fit.

A l'aube glacée, elle fut réveillée par le cliquetis métallique et l'ébrouement d'une cavale. Elle ouvrit un œil. C'était Sacha qui s'activait dans une stalle un peu plus loin. Elle la vit passer devant elle.

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now