Vie de famille

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Aradante prit le bras de Rochenéré et le conduisit vers le verger. Doucement, elle reprenait le rythme de sa vie. Elle souhaitait marcher, profiter de la douceur de l'air avant le repas. Elles prirent le chemin des collines et montèrent doucement vers les hauteurs de la ville. Aradante était à la peine et elle en était accablée. Elle du s'arrêter plusieurs fois pour retrouver son souffle et calmer son cœur affolée.

« Tu as failli mourir... » Relativisait Rochenéré, tâchant de masquer sa propre alarme à la voir si affaiblie.

« J'étais morte ! » cracha Aradante. Furieuse, elle le regardait durement. Il se détourna et s'éloigna, blessé.

« Excuse-moi." Elle le rattrapa et se pendit à son bras. « Je sais que tu n'y es pour rien. C'est contre moi que je suis en colère ! »

Arrivée en haut, elles contemplèrent le port à leur pieds, l'alignement des vaisseaux de hauts bords, le fourmillement des débardeurs qui s'activaient sur les quais, l'étagement des toitures en tuiles d'argile aux tonalités allant du beige clair et délavé, jusqu'à l'ocre rouge, presque marron. Elles formaient des petits carrés enchâssés en quinconces des tâches d'ombres et de verdure des jardins. Et au-delà de la ville et du port, on apercevait la mer bleu azur qui se confondait avec le ciel en une brume légère qui était signe de beau temps, avait-elle appris à reconnaître.

Elles redescendirent plus aisément. Aradante courrait presque et retrouva une humeur plus heureuse. En arrivant dans le verger, elles aperçurent le trio des inséparables : Zoé, Ishtar et Azar.

Si elle avait été sensible à la beauté du jeune guérisseur, et reconnaissante de ses soins, Aradante n'aimait pas Ishtar. Elle s'en prenait à tout ceux qu'elle aimait. Elle savait qu'elle avait couché avec Solen. Elle en avait senti la trace dans son esprit quand elle l'avait contacté à plusieurs reprises avant qu'il ne reparte pour la capitale. Cette espèce de satisfaction très particulière qui émanait de lui après l'amour. Et voilà que depuis, elle s'en prenait à Clément ! Elle serra la main de Rochenéré.

« Est-ce qu'elle t'a... fait des avances ? » Question oiseuse. Rochenéré eut un temps d'incompréhension avant d'apercevoir la belle fée noire, longue et mince, au visage ciselé et poli comme un marbre doux et froid, à l'autre bout du verger, en compagnie de ses amies. Il éclata de rire.

« Tu es jalouse ? »

« Elle a séduit Zoé, a couché avec Solen et maintenant Clément ; Je la soupçonne d'avoir aussi été l'amante de Azar. Jusqu'où compte-t-elle allonger sa liste ? »

« Alors, je dois être trop vieux ! » fit Rochenéré et mimant un air désappointé. Puis il reprit son sérieux. « D'abord, Zoé n'est pas du genre à se laisser séduire. Ishtar était son alliée, à l'Ecole de Magie. Elles se sont entraidées. Sans Ishtar, elle serait peut-être morte ! Quant à Azar, cela ne me regarde pas. Pour ce qui est de Solen... et bien, je crois qu'il faudrait que tu le regardes pour ce qu'il est : un beau jeune homme qui fait envie a beaucoup de fées... et comme il n'est pas de marbre... »

« Il est seul. Je le sens, quand il se lie avec quelqu'un... »

« Bah, peut-être que l'émotion érotique était particulièrement forte... »

Aradante bouillonnait de colère.

« Qu'est-ce que tu crois ! Que nous fréquentions la Ribote aux fées que dans but de soutirer des infirmations sur ce qui se disait ou se passait dans la Capitale ! Ce sont les fées que nous cherchions et souvent, elles sont à la recherche d'un bref amusement sans lendemain... Vois-tu de quoi je parle ? Et cela nous allait bien !»

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now