Combat de sorcières

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Sacha, Lula et les trois louves avaient d'abord filé vers le nord. Leur piste suivait la Sécane. Elles crurent les tenir aux abords du port. Là, les docks étaient déserts. Les chalands, gabarres et autres péniches avaient été abandonnées, chargements et déchargements suspendus. Les débardeuses avaient refermé consciencieusement les cales ainsi que les entrepôts. Les tombereaux, charrettes et autres caisses rangées devant les magasins. Quand aux bœufs et aux cavales de travail, elles avaient été parquées dans les enclos, un peu à l'écart. L'activité été nulle ! Toutes accueillaient Prince. Mais la trace télépathique de Talila était prégnante. Sacha, qui s'était focalisée sur elle, pensa qu'elle devait s'être embarquée dans un des bateaux et tenta de déterminer lequel en longeant le quai. Lula et les trois louves s'exclamèrent en même temps :

« Elles se sont séparées ! Il y a une piste qui repart vers le sud ! »

« Alors nous aussi, séparons nous ! » Proposa Loubia, la grande louve.

Sacha hésita. Elle était la seule à bien connaître la Capitale, mais en même temps, elle tenait à attraper Talila...

« Je pense que c'était un leurre ! » dit Lula qui se concentrait sur sa piste.

« C'est à dire ? » demanda Livia, la petite Louve.

« Elles sont reparties... s'il y a quelqu'une dans un des bateaux... celui–ci. » Lula désigna une petite péniche. « Ce n'est pas Talila... »

« Pourtant, je la sens ! » Insista Sacha.

« Elle a dû laisser une trace pour nous tromper... »

« Je m'en occupe ! » Déclara Loba, la forte louve, en se dirigeant vers la dite péniche. Sacha Balançait. Elle se demandait si elle ne devait pas accompagner Loba, au cas où mais ce serait désavouer Lula.

« Partez devant, je vous rejoindrais ! » Ajouta Loba et Sacha n'hésita plus.

Elle mena ses suiveuses à travers les ruelles qu'elle connaissait si bien. Une bouffée de reconnaissance pour sa ville adoptive la réchauffa.

« Elle va à la rencontre du Prince. » commenta-t-elle et quittant le chemin qui méandrait entre les parcelles des prés et des jardins, pour traverser les quartiers d'habitation, elle fit franchir à ses camarades les barrières des clos, disperser les troupeaux sur leur chemin et sauter entre les allées de poireaux et de carottes, pénétrer dans les cours, suivre les étroites venelles qui séparaient les maisons pour arriver finalement avec sa troupe sur une large avenue. Là, elles furent arrêtées par la foule excitée. Il leur fallut jouer des coudes. Talila était bien là, au milieu de tout ce monde. Sacha était trop petite pour apercevoir sa tête ; Lula aussi. Seule, leur magie pouvait les guider, bousculant les spectatrices mécontentes pour progresser. D'un accord tacite, les louves se séparèrent. Une sur la droite, l'autre sur la gauche. Et Loba qui déboucha soudain de l'autre côté de l'avenue. Comment avait-elle fait , si vite ? On l'avait laissait au port, dans une ville qu'elle ne connaissait pas ! Excellente pisteuse ! Sacha et Lula furent à leur tour séparées ; ce n'était pas intentionnel. Sacha parvint enfin au bord de la chaussée, sur le devant de la foule de badaudes. Elle aperçut alors Talila, en face, qui la vit aussi et qui lui sourit, sardonique, provocante. Sacha envoya un message télépathique à Régis. De là où elle était, on apercevait les premiers rangs de sa colonne de guerrières, son panache blanc, son manteau bariolé. Elle vit une cavalière se détacher et partir de l'avant suivie par deux autres. C'était Aradante. Elle s'arrêta net au milieu de l'avenue, entre Talila et Sacha. Là-bas, la suite princière avait aussi fait halte. L'assistance médusée, recula et Talila se retrouva seule sur le bord de la chaussée. Elle fit un pas déterminé vers Aradante.

La Princesse des SteppesWhere stories live. Discover now