Chapitre 5

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Julie

Couchée dans mon lit, je souris comme une idiote en lisant le message de Lumy.

Ces quelques semaines à tchater avec lui me font énormément de bien. Je ne sais pas vraiment ce qu'il se passe entre nous. Tout est si simple avec lui. Pas de prise de tête, des sous-entendus par-ci et par là. Ce qui me rebute un peu, c'est qu'il est déjà avec quelqu'un, alors je ne dois pas trop espérer.

C'est juste un petit jeu de séduction, un peu malsain d'un côté. Le problème avec lui c'est qu'on est déjà plus ou moins sortie ensemble plus jeune. Je qualifierai plutôt que c'était un flirt, peut-être un peu plus pour lui. Ce qui m'a fait prendre la fuite. J'ai l'impression de retrouver la même complicité que l'on avait. Mais honnêtement se lancer dans une relation longue distance à quatorze ans était un peu n'importe quoi.

Aujourd'hui, il me fait encore le même effet. Je ressens les mêmes sensations. Je ne sais pas comment je pourrais le décrire. Cet effet de se sentir libre, bien, le fait de pouvoir oublier ou presque cette douleur qui est encrée au plus profond de mon âme.

Et sa sœur, un vrai phénomène. Elle qui essaie désespérément de savoir mes sentiments envers son frère. Sauf qu'encore une fois, il a une copine, je ne veux pas me retrouver comme une imbécile à lui dire que je me sens plus que bien avec lui et qu'il me dise que ce n'est pas possible. Je ne veux pas espérer. Et la distance, je ne sais pas si c'est possible.

Je m'endors encore une fois avec cette sensation de bien-être.

J'attends mon train sur le quai de la gare, il a cinq minutes de retard. Je sors mon téléphone et traîne un peu sur le réseau social Facebook. Je parcours un peu l'actualité de mes amis, mais rien d'intéressant.

Je relève la tête et vois que mon train entre en gare au même moment que le haut-parleur annonce son arrivé.

Installé dans le train, je sors mon mp4. Tête collée contre la vitre du train, je ferme les yeux et j'écoute ma musique.

Rémis et ses parents vont venir me chercher. Je dois passer la journée et la nuit chez lui. 

Il est mon meilleur ami, je le considère comme mon frère adoptif. Je l'ai rencontré lors de mon premier jour de cours. Il est venu me chercher sur mon banc, dehors dans la cour du lycée. J'étais toute seule et nouvel établissement, complètement perdue. Je suis venu faire un bac commerce. Lui aussi est interne. Il est en bac Logistique. Nous nous sommes liés d'amitié tout de suite, comme si nous nous connaissions depuis des années. Dès que l'on peut être ensemble, on l'est, on ne se sépare jamais.

Nous sommes dans la voiture de ses parents avec sa mère au volant. Il n'a pas encore le permis. Lui devant et moi derrière.

- Merci d'être venu me chercher Madame.

- Mais de rien, appelle-moi Marie, me dit-elle

- D'accord Marie. Alors Rémis, on va faire quoi de cette journée ?

- Comme c'est une belle journée, j'ai prévu une petite ballade. Le soleil chauffe un peu et ça nous fera du bien. Et ce soir, on flemmarde devant un film.

- OK, chef ça me convient.

Nous arrivons enfin à sa maison, Rémis s'occupe de ma valise tel un gentleman pour la montée dans sa chambre. Il me propose de dormir dans une autre chambre ou de dormir avec lui. Je prends la seconde option, dormir avec lui. C'est un ami, je sais qu'il ne se passera rien, qu'il ne tentera rien. Et autant profiter au maximum d'être ensemble même si on y est déjà toute la semaine ce n'est pas pareil au lycée.

Le repas du midi fini, Rémis me propose d'aller faire une petite balade. C'est une belle journée d'hiver avec un magnifique soleil, il faut en profiter.

Nous voilà partis dans son petit village à pied.

- Alors avec ton fameux Lucas ? me dit-il avec un sourire en coin.

Mes joues s'empourprent instantanément. Je ne suis pas du genre à me confier sur ce plan. Mais effectivement, j'en ai parlé très vaguement à mon meilleur ami.

- Ne rougis pas. Aller raconte !

- On va donc dire que l'on va avoir une conversation téléphonique dans la semaine un soir. Il m'a demandé mon numéro hier soir et veut m'appeler.

- Tu l'apprécies ?

- Je ne sais pas, je me sens bien quand on se parle, il me manque la semaine, mais c'est absurde d'un côté, on ne se connaît pas vraiment, il habite à neuf cents kilomètres, une relation à distance ce n'est pas simple. Je l'apprécie, mais j'ai peur de me ramasser.

- Ce n'est jamais simple la distance, il y a des couple pourtant qui y arrive le temps de leurs études. Comment l'as-tu connu ? Si tu as envie d'en parler bien sûr.

- Il y a quelque temps par le biais d'un jeu et de sa sœur avec qui je parlais. On s'était perdu de vue et il m'a recontacté début décembre sur Skype, j'ai toujours la même adresse et on a retrouvé notre complicité. Ce n'est pas une complicité amicale comme toi et moi, c'est plein de sous-entendus. Il m'a avoué que je lui manquais la semaine et j'ai fait de même. J'avais mis un pull, car j'avais froid, dis-je en rigolant et il m'a dit qu'il aimerait être a la place de mon pull. Honnêtement, je n'ai pas relevé, mais c'est mignon.

- À l'amour ! Tu es amoureuse !

- Non, non pas à ce point. Je lui ai dit qu'il faut qu'on parle. En plus, il a une copine donc ce n'est pas possible quelque chose entre nous. Même sa sœur essaie de me tirer les vers du nez pour savoir ce que je ressens. Tu me connais, je ne me dévoile pas comme ça et je ne veux pas faire un ménage à trois avec sa copine.

Il faut que je mette les choses au clair cette semaine avant que ça n'aille trop loin. Lui donner mon numéro n'était peut-être pas la meilleure des idées. Mais c'est la seule façon de se parler et de mieux comprendre ses intentions.

Nous parlons de choses et d'autres avec Rémis et nous évitons de reparler de Lucas de la journée. Notre ballade terminée, nous sommes rentrés pour nous faire un bon chocolat bien mérité.

Nous restons la fin d'après-midi au salon avec ses parents et faisons une ou deux parties de jeu de société.

Le souper terminé, je vais prendre ma douche. Rémis fait de même dès que j'ai terminé. On va dire bonsoir à ses parents et nous montons dans sa chambre. Nous choisissons ensuite un DVD à regarder. Aimant les films gores, nous avons choisi "L'armée des morts" un film avec des zombies, un classique. Tout est enfin prêt, nous nous installons dans son lit et lançons le film.

Comme à mon habitude, je m'étouffe avec le pop-corn ce qui fait rire mon meilleur ami. Cela ne nous dérange absolument pas de manger devant ce genre de film, c'est juste que je ne sais pas manger.

Il est presque vingt-trois heures et le film se termine, nous ne sommes pas fatigués, alors nous discutons encore un peu.

- Je n'ai pas envie de reprendre les cours demain. Je souffle.

- Tu commences par quoi ?

- Deux heures de Français, ensuite, deux heures de dessins, heureusement avec Clem ça passe-vite. Et toi ?

- J'ai quatre heures de logistique. Dit il en soupirant.

Rien que de l'entendre parler d'un bloc de quatre heures pour seule matière me fatigue pour lui.

- Je crois qu'on va dormir, finalement je suis fatiguée quand même et demain il faut reprendre le train pour aller au lycée. Bonne nuit. Rémis.

- Bonne nuit à toi aussi Julie.

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24/11/2019

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