Chapitre 24

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Lucas

J'observe le trou dans le mur de ma chambre. Je ne l'ai pas raté, ni ma main, d'ailleurs ! Cela m'a mis hors de moi quand Julie m'a avoué avoir eu un mec entre temps. Mais je l'ai bien cherché !

L'idée qu'un autre que moi est posé ses mains sur elle m'horripile. Je m'attendais à quoi honnêtement ? Qu'elle m'attende sagement que je revienne comme une fleur ? Je suis beaucoup trop crédule !

Elle était froide lorsque je l'ai appelée. Pourquoi ai-je insisté d'ailleurs ? J'ai mis le feu à la poudre plus qu'autre chose. Elle m'en veut et c'est tout à son honneur.

Son texto m'a mis le cœur à l'envers. Soirée de merde ! Je ne sais pas si j'ai la moindre petite chance de réparer ce que j'ai cassé. Je m'insulte mentalement pour mes erreurs commises. Je n'ai même pas eu les couilles de lui répondre et de me confondre en excuse. Où peut-être, il vaut mieux que je me taise.

Ce qui me réconforte un peu, ce sont ses paroles :

"On reste ami pour le moment"

Elle sait très bien que l'on ne pourra jamais être ami. Elle et moi nous sommes comme ça, c'est du tout ou rien. En fait non, cela ne m'apaise pas tellement !

Cette fois pour avoir le tout, il va falloir qu'on se voie physiquement. Sinon cela ne pourra jamais marcher, et seul Dieu sait que j'ai envie de la voir. Sauf que ça va être une autre paire de manches avec mes parents.

Quand ils ont appris que j'ai quitté Justine pour la deuxième fois, ils ont pété un câble. Mon père pendant une semaine m'a ignoré. Ma mère, elle m'a hurlé dessus, cela durée une dizaine de minutes et elle est passé a autre chose. Pauvre petite Justine au cœur attristé.

Néanmoins, elle a su se retrouver très vite un mec pour s'occuper de son petit cul. Qu'il la garde ! D'ailleurs, c'est mon père qui me la dit, l'ironie ! Il a cessé de la prendre en pilier quand il l'a vue se rouler un joint avec son toxico de mec. Justine est une affaire réglée, je ne veux même plus en entendre parler.

Il faut que je me concentre sur Julie maintenant. Il faut que je la fasse changer d'avis ! Elle va m'en faire baver !

Dos à la grille du lycée, clope a la bouche, je vois Erwan s'avancer vers moi. Nous faisons notre check habituel pour nous saluer.

- T'as une sale tronche Lucas !

- Nuit blanche, je lui réponds en aspirant une dernière taf et jetant mon mégot au sol.

- Tu as joué toute la nuit ou quoi ?

- Non. dis-je en fixant la petite fumer qui sort encore de mon mégot.

- Alors mon pote que se passe-t-il ?

- Julie. je lâche tout me passant la main sur mon visage.

- Oh ! Raconte !

- Je l'ai appelé et ça, ce n'est pas super bien passer, je grogne.

Je me confie à mon pote. Je lui raconte ce qu'on sait dit. Je lui montre l'état de mes phalanges.

- Ah ! Et tu t'attendais à quoi ? T'es mon pote, tu sais. Mais là, je peux te dire que tu as vraiment merdé. Rame un peu mec, ça ne te fera pas de mal.

La fin de semaine des cours arrive et je suis impatient d'être enfin à ce week-end. Erwan m'a proposé une soirée samedi soir, j'ai refusé. Il faut que l'on se parle avec Julie. Je n'ai plus de ses nouvelles depuis mercredi soir. Je n'ai pas cherché non plus à en prendre. Je préfère la laisser respirer et digérer.

Ce soir sera déterminant. Si elle me parle, c'est que j'ai encore une chance avec elle, sinon tout est fichu et ça sera une belle leçon. Si elle accepte que l'on soit ami, du moins pour le moment, c'est qu'il reste un espoir, un tout petit. Je m'accroche au fait que l'on ne peut pas rester des amis bien longtemps, on a toujours été plus que ça.

La journée passe d'une extrême lenteur. Surtout avec Justine dans les parages. Elle ne traîne plus avec notre petit groupe. Elle est dorénavant avec le groupe de camé du bahut. C'est désolant de la voir dans cet état. Elle est défoncée toute la journée. Elle sèche aussi les cours, quand elle est là, elle est invivable, elle se fait souvent virer. Je ne sais pas quel est son problème, mais honnêtement, je m'en fiche maintenant. Tant que j'ai la paix.

À table avec mes parents, le repas du soir passe aussi d'une lenteur impossible. Ils ont décidé de me casser les couilles pour mes projets futurs !

- Non ! Hors de question ! Après ton bac, tu continues tes études. rétorque mon père.

Les cours et moi cela fait deux. Même si je ne m'en sors pas trop mal dans mes études, je préfère aller bosser que de continuer après mes examens. Mes parents ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, je dois continuer, il ne veut pas que je me retrouve à l'usine. Certes, on ne me demande pas d'être médecin ou avocat, mais de continuer au moins encore deux années de scolarité dans mon domaine. Être assis sur une chaise, toute la journée, a écouté des profs parler, je peux bien le supporter encore quelques mois. Mais encore deux ans de plus, hors de question. Je ne suis pas fait pour les études.

- Lucas, mon chéri, tu nous remercieras plus tard quand tu auras un bon travail. Crois-moi, deux petites années en plus ce n'est pas la mer à boire.

Je ne relève pas. On verra. De toute manière, c'est moi qui décide, non ?

Le repas se finit plutôt dans le calme. Nous débarrassons la table, j'aide ma mère à faire la vaisselle et me prépare un café.

Pendant que la machine fait son travail de préparation, je surfe un peu sur les réseaux sociaux. Cela fait longtemps que je n'y ai pas été faire une tour. Je ne suis pas accro à ce genre de chose. Justine poste des photos avec son nouveau mec. Il a vraiment une tête de drogué. Des cernes sous les yeux et le regard livide... Je ne pensais pas qu'elle m'avait gardé dans ses amis. Je vois aussi des photos Julie, ce qui est plus intéressant. D'ailleurs, une qu'elle a postée il y a quelques minutes. Je clique sur le petit pousse bleu, une photo d'elle et un de ses potes, je présume. Puis plusieurs notifications se font retentir. Des commentaires postés sur la publication de Julie.

Quand je les lis, je suis un peu déçu. Elle parle avec une autre fille, d'une éventuelle sortie en discothèque ce soir. Donc cela veut dire qu'on ne pourra pas se parler. Il va falloir encore attendre.

Je quitte l'onglet et lance mon jeu en ligne.

Je n'arrive à rien, je n'arrête pas de me faire tuer. Ce sentiment de frustration ne me quitte pas. Je décide de quitter ma partie et d'éteindre mon ordinateur. Je n'ai plus qu'une chose à faire : celle d'aller me coucher.

Dans mon lit, je tourne comme un lion en cage. J'aurais voulu qu'on se parle ce soir. Je vois les heures défilées en consultant régulièrement mon portable. En fait, je le consulte surtout pour y trouver un texto ou le moindre signe de Julie. Mais rien. Silence radio. J'habiterais vers chez elle, je serai allé la rejoindre à sa soirée. Et si cela se trouve, on serait encore ensemble, car il n'y aurait pas cette putain de distance entre nous ! Les choses auraient pu être plus faciles. Ou alors, on ne se serait jamais rencontré. Non, il ne faut pas que j'y pense !

J'ai fait le con et il faut que j'assume et que je lui laisse de l'espace. Et si elle ne venait pas me parler du week-end ? À demi assis dans mon lit, je me tape la tête contre le mur. De l'espace, elle en a eu et elle en a bien assez. Il faut que je prenne les choses en main. Il faut que je sache. Il ne faut pas que je lâche.

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15/12/2020

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