Julie
Je ne reconnais pas du tout Andrew. Je vois son poing se serrer et prêt à bondir sur mon meilleur ami.
- Je te préviens Lucas, tu touches mon meilleur ami, c'est terminé !
Rémis, tourne la tête dans ma direction et me regarde avec de gros yeux ronds au moment où je comprends de ma connerie "Lucas".
- Pardon ?! s'énerve encore plus Andrew.
Il se met à rire nerveusement.
- Je m'appelle Andrew et non Lucas ! Je ne suis pas ton ex. C'est bon, je me casse !
J'avais parlé vaguement de Lucas à Andrew. Sans rentrer dans les détails.
- Casse-toi alors ! je lui réponds.
- Non, tu viens avec moi !
-Hors de question qu'elle part avec toi ! dit Adrien sur un ton assez ferme.
- Je crois que ce n'est pas à vous de décider !
- Ni à toi ! dis-je
Ses yeux me fusil. Il est dans une colère noire. Je n'ai pas envie de partir. Je ne veux pas partir avec lui. Je ne pensais pas que cette soirée allait prendre cette tournure. Je ne croyais pas qu'il était aussi possessif. Ça ne me plaît pas. Je ne peux pas rester avec lui.
Impossible
Andrew s'approche de nous, de moi, il me tend la main. Je le fixe, il me fixe et je lâche la bombe.
Déterminée
- Andrew, c'est terminé.
- Julie, es-tu sûre ?
- Dégage ! dis-je sur un ton amer.
- Tu ferais mieux de partir mec. enchaine Adrien.
Adrien fait maintenant barrière avec Rémis entre Andrew et moi. Clem est venue me rejoindre, elle s'accroche à mon bras comme pour me soutenir.
- Ne me contacte plus jamais, Julie. Je ne veux plus entendre parler de toi, plus jamais.
Puis il se retourne part en direction de la maison d'un pas rapide et lourd. Quelques secondes plus tard, nous entendons les pneus de sa voiture crisper au loin.
Rémis me prend dans ses bras et je m'effondre. Clem frotte d'un geste rassurant mon dos. Je me confonds en excuses auprès de mes amis. J'ai honte d'avoir gâché cette soirée, je me sens coupable d'avoir invité Andrew.
Quand mes pleurs cessent enfin, nous continuons doucement cette soirée. Néanmoins avec beaucoup moins d'entrain. Elle a été un peu gâchée par ma faute. Malgré que la bande essaie de me rassurer, je me sens mal pour eux.
Le lendemain, je me lève avec un léger mal de tête. Les événements de la veille me semblent un peu flous, mais reviennent peu à peu dans ma mémoire.
On a tous dormi à la belle étoile dans l'herbe sur des couvertures. C'est bien la première fois que je m'endors hors d'une tente. Se réveiller avec la brise fraîche et humide du matin avec les premiers rayons du soleil chauffant, entendre les oiseaux gazouiller est très apaisant. Je n'ai jamais aussi bien dormi.
Personne ne parle, nous prenons notre petit-déjeuner sur la terrasse au milieu des cadavres de bouteille de bière et d'autres alcools. Puis tour à tour, nous allons prendre notre douche.
Quand je sors de celle-ci, j'attrape un sac et commence à ranger les bouteilles dedans pour les faire disparaître ensuite dans la benne à verre directement. Rémis me rejoins dans ma tache. Clem fait la vaisselle avec Adrien. Je ne manque pas de remarquer, les petits sourires qu'il se lance. Leurs petits gestes d'affection.
Quand je sors avec Rémis à l'extérieur de la maison pour rejoindre la benne à verre, je lui fais remarquer.
- Clem et Adrien ?
- J'ai vu aussi. Aux dernières nouvelles, ils ne sont pas ensemble.
- Je ne les avais jamais vues aussi proches.
- Moi non plus. Pas autant que ce matin. Et toi ça va ?
- Comme une célibataire. dis-je en ricanant.
- Aucun regret ?
- Pour le moment aucun. C'est assez étrange.
- Et Lucas ?
- Pas envie d'en parler.
Non, je n'ai pas envie de parler de lui. Ce pincement au cœur est toujours là, je me sens trahi. Je crois qu'hier quand je me suis effondrée, j'ai aussi évacué un peu pour lui. J'ai tellement envie d'aller lui parler. Mais je ne le ferais pas. Il m'a vraiment prise pour une idiote et s'il revient, je pense l'envoyer sur les roses. Et il faudra que je m'y tienne. Mais pour le moment, c'est silence radio et c'est très bien.
Dans l'après-midi, Adrien m'a gentiment proposé de m'accompagner à la gare pour que je puisse rentrer chez moi. Nos retrouvailles ne furent pas de tout repos. Nous nous sommes tous séparés avec un pincement au cœur. Mais il nous reste plus qu'un mois pour tous nous retrouver. Et j'ai hâte.
Cela fait deux semaines que je n'ai plus aucune nouvelle d'Andrew. Pas un message, pas un appel. Rien. Et à ce que l'on pourrait croire, il ne me manque pas le moins du monde. Je n'ai aucun regret d'avoir tout arrêté avec lui. Je n'avais aucun sentiment finalement. C'était bien, on sait bien amuser, ça s'est mal terminé. Et j'ai d'autres problèmes à gérer.
Ma mère me tape sur le système en ce moment. Elle fait tout pour me provoquer. Le moindre prétexte est bon pour elle. Le sel qui n'est pas rangé dans le placard, et s'est parti pour une dispute. Elle insinue que je ne retournerai pas en cours à la rentrer et qu'il faut que je trouve un travail. Heureusement, mon père intervient et lui dit qu'il est hors de question que je ne passe pas mon diplôme. Il me reste une année et après, je quitte la maison. Mon but est de trouver une alternance et me prendre un chez-moi.
Elle m'en veut, je le sais. Moi aussi, je m'en veux. Il n'y a pas un seul jour où je n'y pense pas. J'apprends seulement à vivre avec depuis quelques années. On n'en parle pas. C'est la règle. C'est une cicatrice qui peine à se refermer. Chaque jour est un combat pour garder la tête hors de l'eau. On ne peut pas oublier ce genre de chose. On ne peut qu'essayer d'avancer et se battre contre ses démons. Une noirceur, un secret, le mien. Il n'y a aucune option, je dois le vivre en silence. Mais ce n'est pas une raison de me rendre la vie encore plus difficile. Mon père passe outre, il a compris que j'étais déjà bien assez rongée de l'intérieur comme cela.
Je pense que je la dégoute, tout simplement. Elle n'a plus aucune once d'amour pour sa fille, moi.
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05/10/2020
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Connecte-Toi
RomanceTout démarre avec deux adolescents qui se parlent sur internet. C'est un jeu. Un jeu relativement dangereux pour Julie et Lucas. Mais ils ne le savent pas. S'en contre-fiche. C'est normal quand on a quatorze ans. Qui aurait- cru qu'il serait impossi...