Chapitre 22

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 Julie

La semaine de cours est déjà bien entamée. J'ai décidé d'éteindre l'objet de mes tourments jusqu'à que j'ai le courage de me confronter à une de ses réponses. Où bien alors à aucune réponse.

Je n'aurais pas dû envoyer le dernier message, je ne veux pas nous donner de faux espoir.

Adrien a décidé de nous inviter à boire un verre ce soir dans un bar afin que l'on se retrouve tout ensemble. Nous avons le droit une sortie majeure par semaine.

Nous nous rendons, Rémis, Adrien, Clem et moi au Tripolo. Un bar assez branché de la ville.

- Vous voulez quoi les filles ?

Clem commande un cocktail sans alcool, les garçons ont commandé une bière chacun et moi, je commande au serveur un Mojito.

Nous sommes assis sur un des petits canapés d'angle rouge avec en face de nous une table basse blanche brillante sur laquelle reflète une lumière bleue. La nuit, ce bar prend des effets boîte de nuit tandis que le jour, il a une allure assez chic. Nos discutions vont de bon train. Je ne manque pas les œillades échangées entre Clem et Adrien. Je ne comprends pas ce qu'ils attendent tous les deux. Mais je suis mal placée pour dire quoi que se soit.

Cette petite escapade au Tripolo nous fait du bien. Loin des cours, loin de l'internat, loin de nos soucis de notre vie lycéenne.

J'observe mes amis, me demandant ce que nous ferons l'année prochaine. Nos chemins, seront-ils séparés ? Cette question m'émet un pincement au cœur. Il ne nous reste plus que quelques mois avant d'obtenir notre diplôme. Je n'ai pas envie de couper court à cette belle amitié. Ces quelques mois vont être très précieux. J'ai eu la chance de rencontrer de belles personnes. Avec le recule, je comprends dorénavant le sens des paroles qu'une assistante d'éducation me disait quand je suis rentré à l'internat, lors de mon premier jour, il y quelques années maintenant : "Profite de tes années d'internat, ce seront les plus beaux souvenirs de ta vie de lycéenne."

Malgré ma première année plus que chaotique, j'ai eu aussi beaucoup de bons souvenirs. De belles rencontres, comme celle de maintenant. Cela nous permet de grandir, murir, d'être plus sûr de nous, un vrai bénéfice pour son développement personnel et social. Quoi que pour certains, cela n'aide en rien, ils stagnent sous leurs statuts de collégiens irrécupérables.

Le serveur me sort de mes pensées quand il pose nos boissons sur la table. Un grand blond à la tête d'ange, je ne m'empêche pas de le reluquer. Il est habillé d'une chemise blanche avec un badge avec son prénom, Mike. D'un jean slim noir qui épouse parfaitement ses formes. De dos, ses fesses sont parfaitement moulées à en faire rêver toutes les filles. Clem n'en manque pas une miette non plus sous le regard rageur d'Adrien.

- Arrêtez de baver les filles, clame Rémis.

Sans que je m'y attende, Clem se lève et me tire par le bras pour que je la suive. Je jette un œil en arrière aux garçons, qui eux haussent les épaules d'incompréhension. Elle nous dirige vers les toilettes des filles.

La porte passer Clem commence a faire les cent pas t-elle une furie. Pour le moment, je ne dis rien. Je m'adosse contre le mur et attends qu'elle se décide à parler.

- Non, mais tu as vu sa réaction ?!

Je comprends alors qu'elle me parle d'Adrien, je hoche la tête pour lui répondre. Concrètement, je n'arrive plus à les suives.

- Il ne veut pas qu'on se mette ensemble, car il a peur qu'on aille trop rapidement du fait qu'on se voit presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Mais putain le gars y rage quand je mate un autre ! Je ne vais pas passer ma vie à l'attendre ! Il nous reste encore plusieurs mois avant qu'on soit fini le lycée !

Je la laisse faire son monologue. Elle me raconte qu'ils se sont embrassés lors de notre soirée, ce que je savais déjà, mais ils ont été finalement plus loin pendant que l'on dormait. Ils ont couché ensemble dans sa voiture. Je comprends alors parfaitement le malaise qu'il y avait au réveil le lendemain.

- On s'envoie des messages tous les soirs. On tourne autour du pot et j'en ai marre ! Je veux plus que des messages ! Et le pire de tout ça, tu sais quoi ? On ne regrette absolument rien de ce qu'il sait passer ! Je veux plus. Je veux beaucoup plus ! Et lui aussi, mais il nous freine ! Ces peurs sont irréalistes ! On devrait profiter au contraire, après le diplôme, on ne sait pas où on ira.

Elle marque une pause et reprend.

- Et toi aussi, tu me fous en boule, tu as un mec qui te coure après et tu n'en fais rien. Laisse-lui une chance, allume ton téléphone et réponds-lui bordel ! Je vois bien que ça ne va pas !

- C'est compliqué, je chuchote la tête baissée.

- Non prends les choses en main ! Moi aussi, je vais les prendre ! À cet instant même ! Je vais aller l'embrasser, il n'aura plus le choix !

D'un pas, détermine, Clem sort des toilettes et se dirige droit vers Adrien. Quand elle arrive à sa hauteur, elle se jette sur lui à pleine bouche sous les yeux ébahis de notre ami. Je reste en retrait avec un rictus aux lèvres. Contente que celui-ci y réponde favorablement.

Je ressasse dans mon coin les paroles de Clem en prenant le pour et le contre. Tout est un bordel dans ma tête. Je sais pertinemment que nous ne serons pas que simples amis si je décide de nouveau à le contacter et le bloquer n'est pas envisageable. Je me décide à rejoindre mes amis. Les deux tourteaux ont les joues rouges tomate.

Nous continuons notre soirée tranquillement sans évoquer l'éventuelle relation de Clem et Adrien. Le serveur, Mike est venu nous servir nos derniers verres avec un petit bout de papier glisser a coté de mon cocktail sans alcool. Quand il part, je saisis le papier et y découvre un numéro de téléphone. Je le glisse dans l'arrière poche de mon jean, je verrais plus tard ce que j'en ferais. Pour le moment, je préfère passer le reste de la soirée avec mes amis, profiter au maximum.

Il n'est pas loin de vingt-deux heures et nous allons rentrer à l'internat. Nous devons y être à maximum vingt-trois heures. Sur le chemin du retour, la fatigue prenant le dessus, le trajet se fait sans un mot.

Je laisse couler l'eau chaude sur mon corps, ce qui me fait un bien fou, mes muscles se détendent. Nous avons passé une bonne soirée. Pour une fois, nous avons été sages et n'avons pas abusé sur l'alcool. Je pèse encore le pour et contre pour allumer la source des mes ennuis futurs. Je ne pourrais pas néanmoins le laisser éteins indéfiniment. Et puis merde !

Installer sur mon lit une personne dans la pénombre, je saisis l'objet de mes tourments et, mais fin au calvaire.

Je reçois plusieurs notifications, mais une seule m'intéresse vraiment, elle...

Mon cœur s'emballe quand je lis les cinq messages en prévenance d'un certain Breton. Un seul m'interpelle réellement.

✉Lucas : Chaque matin quand je me réveille je pense à toi. Chaque nuit, quand je dors, je rêve de toi.

✉Moi : Il n'est pas interdit de rêver.

Je n'aurais peut-être pas dû lui répondre... Je me frappe mentalement.

Cet échange ne rime à rien. Quoi lui dire ?

Un autre message arrive, ce qui me fait souffler.

✉Lucas: J'ai cru que tu m'avais bloqué. Tu ne dors pas ?

✉Moi: J'aurais peut-être dû. Non, je ne dors pas.

✉Lucas : Je peux t'appeler ?

✉Moi : Non

✉Lucas : Pourquoi ?

✉Moi : Pour quoi faire ?

✉Lucas : ... S'il te plaît.

✉Moi : On n'a plus rien à ce dire Lucas !

✉Lucas : Écoute-moi juste Julie !

Je ne sais pas ce qui ne comprend pas dans mon message. Mon écran affiche déjà trois appels manqués. Un quatrième est en cours. Furieuse, je décroche une bonne foi pour toute, pour lui l'envoyer baladé !

*- Lucas tu ne comprends pas quoi dans "On n'a plus rien à se dire" !?

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24/10/2020

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