Chapitre 29

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Julie

Cher Journal

Survire, voilà le premier mot d'ordre en ce moment. Je m'étais dit que tu aurais envie de savoir.

Il me manque. Il occupe chacune de mes pensées, tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes.

Sourire, le deuxième mot. En toutes circonstances, affichez un sourire. Rire à l'une des blagues de merdique d'Adrien, en ce moment il en lâche pas mal. Mais le cœur n'y est pas.

Évacuer, le troisième. Sous la douche, dans mon lit quand tout monde dort, n'importe où, mais cacher et en silence.

Nos soirées me manquent, nos appelés me manquent, sa voix me manque. Tout sans exception. J'ai l'impression de devenir folle. Bonne à interner dans un hôpital psychiatrique.

Rémis, Clem, Adrien font tous sans exception pour me changer les idées. Je leur laisse ce que je veux bien laisser paraître. Des jours sans et des jours avec. J'arrive quand même à les dupé de plus en plus.

Je suis dans un état de rage intérieur. Je le déteste ! Je le hais !

La dernière fois que j'ai eu le cœur en miette, c'était avec lui, Antoine. J'ai survécu aussi. C'était plus douloureux. Bien plus et bien plus grave pourtant. J'ai l'impression d'avoir aussi perdu quelque chose avec Lucas.

- Ah, Julie, tu es là !

Je referme vite mon journal, le range dans mon sac et sèche la larme qui a coulé le long de ma joue. Rémis s'avance à pas de loup, comme si j'étais une petite chose fragile prête à se briser. Je suis vraiment pathétique.

- Oui, je suis là. Tu me cherchais ?

- Ça va ? Tu faisais quoi ?

- Rien d'important. Je passais juste le temps. Tout va bien, lui dis-je avec un petit rictus.

Nous n'avons pas cours cette après-midi. Adrien a séché les deux heures qu'il avait pour être avec Clem. Ils sont partis se promener. J'ai décliné leur invitation, je ne voulais pas tenir la chandelle. Leur relation est ambiguë, il faut du temps à tous les deux. Ce que je peux très bien comprendre.

- T'es sûr de toi ?

- Il faut que j'avance Rémis, je ne peux pas passer mon temps à pleurer dans tes bras ou ceux de Clem. Alors une dernière fois, je vais te le dire ensuite promet moi que plus jamais on n'en reparle. C'est dur, mais il faut que j'avance maintenant. Tout est terminé avec lui, et c'est mieux dans se sens. On ne pourra jamais se voir. J'ai juste été trop naïve de croire que d'avoir un copain à distance était possible. Et si ça se trouve, il s'est complètement fichu de moi. Mais ça je ne préfère pas penser à cette version. Alors, aller s'il vous plaît dans mon sens, fait comme si tout allait bien. Et j'irais mieux aussi. La vie continue et j'ai connu pire, crois-moi.

Il me prend dans ses bras et me fait un câlin. Je pense que maintenant, il a compris. Cela fait maintenant deux mois et demi que c'est terminé. Il faut que je prenne sur moi-même. Il faut qu'ils arrêtent de me regarder comme une petite chose fragile, prête à craquer à tout moment. Cela ne m'aide pas.

Le reste de l'après-midi passe assez rapidement. Avec Rémis, nous avons passé le temps à parler des cours et des examens qui approchent. C'est notre dernière ligne droite. D' ailleurs, j'ai rempli quelques dossiers d'inscription pour l'année prochaine en espérant que j'obtienne mon bac et que je sois prise dans l'une des écoles.

J'ai pour projet pour l'année prochaine, je voudrais faire mon BTS en alternance. Cela me permettra de prendre un appartement et de voler de mes propres ailes. Pour l'instant, je n'ai aucune réponse d'employeur, mais je persiste à envoyer mes lettres de motivation. J'ai postulé aussi dans une école pour être en cours à temps complet, juste au cas où, que je ne trouve pas de patron prêt à m'accueillir. Je suis résolu à poursuivre mes études. Deux ans, de plus, ce n'est pas non plus énorme et sera un plus pour ma vie professionnelle. J'espère tout de même trouver une alternance, ce qui m'offrira un salaire et la possibilité de ne plus vivre chez mes parents.

Rémis lui arrête ses études. Il a saisi une belle opportunité, une place bien au chaud qui l'attend. Son stage, c'est très bien passer, ils lui ont fait signer une promesse d'embauche, la seule condition pour qu'elle soit valide, est qu'à l'issue de sa scolarité, il obtienne son diplôme. Adrien est pris en alternance dans la boutique d'informatique de son père. Quant à Clem, c'est une grande question pour elle. Elle ne souhaite pas poursuivre ses études de Commerce, elle voudrait voyager. Elle a peut-être une piste pour être hôtesse de l'air, mais elle il n'y a que moi qui le sais. Elle ne veut pas en parler au garçon, surtout à Adrien. Elle le fera en temps voulu. Elle veut voir où mène leur relation. Ce n'est pas juste pour lui, mais c'est son choix. Je lui ai conseillé de ne pas trop attendre non plus trop longtemps. Au risque de lui briser le cœur.

Nos vies se tracent lentement, mais sûrement.

Nous sommes rejoints par Clem et Adrien, mains dans la main avec les yeux pétillants pour chacun d'eux. Ça fait plaisir de les voir ainsi. En quelque sorte, cela me remonte un peu le moral. Comme quoi, chacun a le droit à sa part de bonheur. Il faut juste attendre la bonne personne et nous sommes encore jeunes.

Il est presque dix-huit heures, le ciel s'est obscurci. L'air se rafraîchit de plus en plus. Pour une journée d'hiver, elle était belle, le soleil était au rendez-vous, cela change d'hier, il a plu toute la journée. Nous décidons tous les cinq de rentrée à l'intérieur du Lycée.

Dans la salle de permanence, je consulte mon téléphone. Bien entendu aucun message. Même de mes parents depuis le début de la semaine. Demain, c'est le dernier jour de la semaine et le surlendemain risque d'être perturbant, nous serons le dix-huit mars. Personne de mes amis n'en est informé et c'est mieux comme ça. C'est l'anniversaire de Lucas. J'ai pesé le pour et le contre, mais après une bonne réflexion de trois jours, je m'y tiens. Je ne le débloque pas, je ne lui envoie aucun message.

Heureusement ce je ne passerai pas ces deux jours toute seuls. Rémis vient passer le week-end chez mes parents. Il est déjà venu pendant que j'étais en stage, mais je n'étais pas très marrante. Il est venu pour me réconforter, j'ai pleuré des heures dans ses bras. 

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22/01/2020

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