Chapitre 26

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Julie

Cher Journal,

Cela fait longtemps que je ne t'avais pas communiqué mes pensées. Depuis cette histoire, avec Julian à vrai dire. Alors tu dois bien te douter que je vais très mal.

Aujourd'hui, j'ai besoin de t'écrire. J'ai rencontré un garçon, Lucas. Enfin, ça fait quelques années maintenant. Notre relation est un peu particulière. Du moins l'était...

Nous ne nous sommes jamais vus réellement. Pourtant, il m'avait fait retrouver espoir, l'envie de vivre à nouveau. Il me faisait oublier. Ce n'était pas juste un coup de cœur. Je suis tombée amoureuse de lui.

Je croyais que nous arrivions à dépasser cette histoire de distance. Mais... nous n'y sommes pas arrivés.

Quand je relis nos conversations comme ce soir, le trou dans ma poitrine se creuse.

J'aurais aimé pouvoir dormir avec lui, sentir son odeur et sa chaleur. Sentir ses lèvres contre les miennes. Je voulais le voir. Il m'a envoûté. Peu à peu, il m'a volé mon cœur. J'avais besoin de plus que des mots. J'avais besoin de lui face à moi. J'avais décidé de lui donner toute ma confiance, malgré l'épisode avec Justine. J'ai foncé tête baissée dans une relation à distance avec lui.

Il n'a fallu que quatre semaines pour que je cède. Un petit mois à le torturer. Ce n'était pas de trop. Il n'a rien lâché. Je voulais être sûr de lui.

Les trois semaines suivantes, on ne s'est pas quitté. Appel, texto, visio... Tout y passait. Le fait que je suis à la maison pour mon stage a beaucoup facilité les choses. C'était tellement magique. Nous avions le projet de nous voir pendant les vacances de Noël. Il avait décidé de venir. Enfin, c'est ce que je croyais.

Comment te dire ? La quatrième semaine, nos échanges la journée ont commencé à diminuer. Pendant les trois premiers jours, je n'y ai pas prêté attention. Nous discutions avec le même engouement le soir. Nous nous échangions des mots doux, on se taquinait. Tout allait pour le mieux.

La quatrième soirée, il avait prétexté être trop fatigué. Alors, nous avions parlé juste une petite heure rien de plus.

La cinquième soirée, j'ai juste reçu un texto, qu'il ne se connectait pas. J'ai commencé à trouver ça bizarre. Mais j'ai laissé. Je pensais me faire des films.

Le sixième jour, il s'est enfin connecté. J'étais contente, telle une petite fille à qui on donnait son bonbon préfère. Au début, tout se passait bien. Puis il est devenu distant dans la façon de m'écrire. À la caméra, il n'avait plus la même expression. Je pouvoir voir à chaque message que je lui envoyais, il fronçait des sourcils. Son expression devenait de plus en plus dure.

J'ai donc pris sur moi et lui ai fait cracher le morceau. Encore une fois, il m'a brisé le cœur.

" J'en ai parlé avec mes parents.

Il faut se rendre à l'évidence, ce n'est juste qu'un flirte. Il est temps d'arrêter tout ça."

Il m'a fallu quelques secondes pour réaliser ce qui venait d'écrire. J'ai relu au moins bien cinq fois ce qu'il avait écrit pour bien comprendre. Je lui ai dit que sa blague était de très mauvais goût. Mais son expression ne changeait pas à la camera. Il est resté stoïque. Alors j'ai compris. Tout était fini.

J'ai coupé nos caméras et puis je me suis effondrée. Je me suis sentie vide, trahie. Des milliers de questions en tête et surtout, je me suis demandé s'il était finalement sincère. Je n'ai pas dormi de la nuit. J'ai été un robot toute la journée.

Je n'ai pas allumé mon ordi une seule fois de la journée le lendemain. J'ai éteint mon téléphone aussi. Je ne voulais parler à personne. Faire le point avec moi-même.

Puis, Cher Journal, j'ai pris une décision. J'ai décidé que ça serait la dernière fois qu'il se jouerait de moi. J'ai allumé mon ordinateur, et je l'ai bloqué. Sa sœur a essayé de venir me parler quand je me suis connecté, mais je l'ai aussi bloqué.

J'ai pris mon portable et j'ai mis son numéro sur liste noire, ainsi que son compte Facebook et celui de Ludivine.

Plus aucun contact !

C'est T-E-R-M-I-N-É !

Aujourd'hui, cela fait deux semaines. Et c'est toujours aussi dur. La première semaine, j'ai failli craquer a plusieurs reprise de le débloquer, ou juste sa sœur. Mais à quoi bon ? Le mal est fait !

Les larmes coulent toujours. Heureusement, je suis bien entouré. Remis, fait ce qu'il peut pour me remonter le moral. Clem aussi. J'ai des amis en or. On se parle tous les jours. Ils m'aident à passer le cap. Il va falloir du temps. L'oublier est la seule solution. Par moments, je doute de ses réels sentiments. Peut-être finalement, il a simplement joué. Et d'autre, je me dis qu'il n'aurait pas passé autant de temps à m'écrire ou appeler.

Ma mère a dû comprendre que quelque chose se passait. Mon état mélancolique la rend plutôt gentille, au moins elle me fiche la paix. Je l'avais mise au courant pour Lucas, elle ne l'avait pas mal pris, ni bien. Elle m'avait répondu simplement "OK, tu es grande ma fille". Mon père lui laissait le bénéfice du doute quant à ses sentiments envers moi. Il attendait de le rencontrer. Il m'avait juste demandé de faire attention. Ma cousine, essaie d'être là le plus possible, mais elle est enfin avec Léo, alors c'est normal qu'elle passe du temps avec lui. Mon cousin quant à lui, a voulu ses coordonnées. J'ai refusé. Je sais très bien ce qu'il aurait fait et je ne donnais pas cher de Lucas. Il aurait été en Bretagne juste pour lui casser la figure. Je n'ai même pas son adresse complète, heureusement.

"On ne touche pas à la famille, c'est sacré."

Ce furent ces paroles. D'ailleurs, Léo a dû passer près de trois heures seul avec lui. Le pauvre, il l'a briefé. On a eu peur toutes les deux. Mais il est revenu sans une once de peur, tout s'est bien passé.

Cher Journal, je vais m'arrêter ici. Cela m'a fait du bien de poser des mots. J'espère ne pas avoir à te sortir de ton tiroir une nouvelle fois. Car ça voudra dire, que je vais bien.

Merci à toi.

À jamais.

Je ferme mon journal et le range bien au fond de l'un de mes tiroirs de mon bureau. Et je me glisse dans mon lit, avec pour seule compagnie, la télé.

Je zappe les chaînes, mais je ne trouve rien d'intéressant. En même temps, à minuit, les programmes ne sont pas très attrayants. J'appuie sur le petit bouton rouge de la télécommande et me retrouve dans le noir. J'ai toute la peine du monde en ce moment pour réussir à m'endormir. Une nuit sur trois, je passe une nuit blanche. Les autres nuits, je m'endors seulement d'épuisement.

Cette nuit est à priori, celle que je ne dormirais pas. Je tourne, d'un côté et de l'autre dans mes draps. Je croyais qu'écrire dans mon journal m'aiderait. Cela m'a aidé juste le temps de l'écriture finalement. Tout part en vrille dans ma tête. Je me demande, si lui arrive à fermer les yeux toutes ses nuits. Et peut-être que finalement, il a la conscience tranquille. Pourquoi je suis tombée amoureuse ? Pourquoi j'ai cru encore une fois à tous ces mots doux qu'un mec me dit ?

Au fond de moi, je le sais : je suis beaucoup trop naïve..

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29/12/2020

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Je vous souhaites de bonnes fêtes de fin d'année ! 🎉

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