La Guerre des Clans - Tome 1 : Survivants [Cycle 1 : Vengeance]

Chapitre 52 : L'espoir nous lie

Nuage d'Aigle

Je marque le territoire a la frontière du Clan du Soir. Fleur Blanche est avec moi mais je l'ignore. Je n'ai plus rien a faire avec elle. Heureusement, Fumée Opaque est la, lui aussi. Plume d'Aurore, quant à elle, est partit chasser.

Je m'éloigne un peu des autres. Je préfère être seul. Je n'arrive même plus a regarder Fleur Blanche dans les yeux. Je ne sais pas ce qui lui a prit. Pourquoi lui ? Pourquoi Cœur d'Ebène, le lieutenant ennemi ? Une boule se forme dans ma gorge. Pourquoi pas moi ?

- Nuage d'Aigle, ne t'éloignes pas trop !

Nan mais je rêve. Et en plus elle croit qu'elle peut me donner des ordres. C'est pas parce que, maintenant, c'est une guerrière, que je vais lui témoigner du respect.

Je l'ignore donc mais la voix forte de mon mentor gronde :

- Nuage d'Aigle reviens ici tout de suite !

Je soupire et retourne auprès d'eux en trainant des pattes. Fumée Opaque me fixe les yeux plissés. Son regard passe de Fleur Blanche, qui a les yeux baissés, a moi.

- Qu'est ce qui se passe entre vous ?

- Rien du tout, tout se passe bien ! s'empresse de répondre la jeune guerrière blanche.

- Ne vous foutez pas de moi. Vous étiez inséparables avant. La, c'est a peine si vous vous regardez. Il se passe quoi ?

Fleur Blanche me lance un regard paniqué. Elle ne veut pas que son secret soit dévoilé. C'est normal, ça pourrait lui causer de grave problèmes.

Elle ne doit pas s'inquiéter. Je ne dirais a personne ce que j'ai vu au Quatre chênes. Elle peut avoir confiance en moi. Je lâche alors pour toute réponse :

- Et il se passe quoi entre Nuage de Crabe et toi ? Vous étiez amis non ? Alors pourquoi tu l'évite ?

Fumée Opaque est prit au dépourvu. Il secoue la tête. Il n'aime pas quand je lui manque de respect.

- Ça n'a aucun rapport. On n'a jamais été amis !

Il se lève et se tourne vers nous les yeux plissés.

- Je m'en vais, vous avez besoin de discuter. Le Clan de L'aube n'a pas besoin d'être détruit de l'intérieur a cause de vos disputes débiles de chatons.

Nous n'avons pas le temps de répliquer qu'il est déjà partit. Je soupire. Fleur Blanche se met a grogner de mécontentement.

- Non mais j'y crois pas ! Il se prend pour qui celui-là ! Je suis une guerrière il a pas a me donner d'ordre !

Je la regarde quelques instants. Elle est vraiment belle... Une boule se forme a nouveau dans ma gorge. Elle a choisit quelqu'un d'autre...

Elle se tourne vers moi, ses yeux bleu brillant de colère. Je baisse les yeux vers le sol. Une fourmi est en train de porter une graine jusqu'à son nid. Je porte mon attention sur elle et essaie d'oublier la chatte qui s'assoit à côté de moi.

- Nuage d'Aigle, merci de n'avoir rien dit a Fumée Opaque.

Mon cœur se serre. Je l'ai aidé a continuer ses entrevues avec cette cervelle de souris de Cœur d'Ebène. Je suis juste trop stupide.

Elle se sert contre moi et j'inspire profondément. J'ai envie de la repousser mais mon cœur me l'interdit.

Je tourne donc un regard froid vers elle.

- Met fin a vos entrevues.

Son regard devient triste et elle se lève. Elle commence a faire les cent pas.

- Nuage d'Aigle... Je...

- Ne le revoie plus jamais.

Elle est étonnée par ma détermination.

- Et tu va faire quoi si j'arrête pas ?

Je sers les dents. Pitié Clan de l'au-delà faites que je ne sois pas obligé d'en arriver là...

- Je te dénoncerais.

Elle fait un pas de recule.

- Tu ne ferais pas ça ?!

Je me lève a mon tour et vais la rejoindre.

- Fleur Blanche ! Tu te rends compte de ce que tu fais ?! C'est le lieutenant ennemi ! C'est même peut-être lui qui a tué tes amis ou ta famille ! Y a tellement mieux pour toi ! Tu ne le mérite pas c'est juste un salop ! Il va te faire du mal !

Son visage se décompose au fur et a mesure que je dis ma tirade. Des larmes ruisselles sur ses joues. Ses beaux yeux bleu brillent maintenant de flot de larmes. Ça me brise le cœur de savoir que c'est a cause de moi quelle pleure...

- Nuage d'Aigle... murmure-t-elle.

Je sens que ce qu'elle va me dire va me détruire. Je plonge mon regarde jaune dans le siens.

- Quoi...

Son regard est brillant de détresse. Mon cœur bat de plus en plus vite. J'ai l'impression qu'il va exploser.

- Je crois que...

Elle fait une pause. Elle ferme les yeux. Je les ferme aussi. Je n'ai pas envie de savoir. J'ai envie qu'elle garde ça pour elle. Mais en même temps, je veux l'aider.

- Quoi, Fleur Blanche ?

- Je crois que j'attends des chatons.

J'ai l'impression que tout mon monde s'écroule sous mes pattes. J'ai l'impression que mon cœur s'est arrêté de battre. J'ai l'impression de tomber dans un gouffre sans fond.

Elle fond en larme devant moi mais je ne peux rien faire. Je suis comme paralysé. Cette annonce est bien pire que tout ce que j'ai pu imaginer. Comment va-t-elle faire pour régler ça ?

Je cligne des yeux et secoue la tête pour me réveiller de ma létargie. Elle a besoin d'aide. Je suis le seul au courant. Elle a confiance en moi.

Je m'approche d'elle et pose ma queue sur son épaule. Elle lève un regard étonné vers moi.

- Est ce que tu en es sûre ?

Elle hausse les épaules.

- Ça fait deux matins que je me lève pour aller vomir... Et... Je sais pas... Je le sens, c'est tout...

Je prends une grande inspiration.

- Tu t'es foutu dans une sacrée merde... Mais ne t'inquiètes pas. Je suis la. Je vais t'aider à surmonter ça.

- Oh ! Merci Nuage d'Aigle ! Je... Je suis désolée de t'avoir mêlé a tout ça...

Je fais un léger sourire qui s'efface tout de suite.

- Mais, Fleur Blanche, il faut absolument que vous arrêtiez vos rendez-vous.

Elle baisse la tête.

- Je sais... Je ne l'ai pas vue depuis mon baptême de guerrière... Mais il faut que j'aille lui dire que c'est fini entre nous...

- Si tu veux, je pourrais venir avec toi pour te soutenir...

Elle fait un sourire triste.

- Merci vraiment. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi...

Je souris, le cœur chaud. Je suis son meilleur ami, c'est normal que je l'aide.

- Aller, vient. Rentrons au camp, allons manger la plus juteuse des souris.

Elle se lève et nous marchons en silence vers notre camp. Marcher a côté d'elle m'avait tellement manqué.

Je m'en rends compte maintenant, sans Fleur Blanche, je ne suis rien.