La Guerre des Clans - Tome 1 : Survivants [Cycle 1 : Vengeance]

Chapitre 40 : espoir cauchemardesque

Fumée Opaque

Je lèche frénétiquement le chaton qui se trouve entre mes pattes. Il ne bouge absolument pas depuis tout à l'heure.

Il est minuscule. Je n'ai jamais eu de chose aussi minuscule entre mes pattes. Je continu de le lécher sans relâche. Il faut qu'il vive !

Soudain, une queue se pose sur mon épaule. Je tourne la tête. Coeur de Pierre me regarde tristement.

- Ce n'est plus la peine, Fumée Opaque. Il est partit...

- Arrête de dire n'importe quoi...

Je jette un coup d'oeil au chaton. Son pelage noir et blanc est tout ébouriffé. Mais même comme ça, on arrive à voir les Côtes de la pauvre bête. La réalité me donne une gifle au visage. Évidemment qu'il est mort... Il est mort depuis qu'il est sortit du ventre de sa mère.

Des larmes brouillent ma vue. C'est horrible de mourir si jeune. Personne ne mérite ça...

Coeur de Pierre s'assoit à mes côtés et essaie de me rassurer.

- Il était trop faible et trop petit... Mais ne t'inquiète pas, il va vivre une belle vie au Clan de l'Au Delà.

Je soupire. Ce n'est quand même pas juste...

Je jette un coup d'oeil à Étoile de Corbeau qui est assit la tête baissé près de deux autres cadavres. Je regarde Coeur de Pierre, paniqué.

- Aucun des chatons n'a survecu ?

Le vieux guerrier gris me lance un regard triste et se met à fixer la toison argenté.

- Ils vont vivre tous les trois la haut... ils vont veiller sur nous...

Mon coeur se brise. Plume d'Aurore ne mérite pas de vivre ça. Elle qui était si heureuse d'avoir des chatons... Je sers les dents, essayant de ne pas pleurer.

Le chef sombre lève son regard empli d'une tristesse infinie vers nous.

- Il faut qu'on ramène Plume d'Aurore au camp et qu'on enterre ses chatons...

Une boule se forme dans ma gorge. Mes pattes tremblent.
Coeur de Pierre s'empare du chaton noir et blanc et d'un autre marron et commence à prendre le chemin du camp. Je le suis en prenant le dernier chaton, blanc aux tâches grise.

Sur le chemin, les flocons se remettent à tomber. L'un d'entre eux tombe sur le museau du pauvre chaton qui se met, à mon plus grand étonnement, à éternuer.

J'ouvre de grands yeux et pose la petite chose sur le sol.

- Coeur de Pierre ! Celui-ci est vivant !

Le vétéran accourt vers moi et fixe le pelage blanc du chaton.

- Il faut vite le ramener au camp pour qu'il se réchauffe ! Vas-y, je te suis de loin !

Je me met à courir comme si ma vie en dépendait. Dans ce cas, c'est plutôt la vie du chaton qui en dépend...

J'arrive au camp à bout de souffle mais je ne m'arrête pas. Il faut que je l'emmène voir Nuage de Crabe le plus vite possible !

J'entre dans sa tanière sans rien dire. L'apprenti brun me lance un regard haineux.

- Tu peux prévenir avant d'entrer...

Je le coupe immédiatement et pose le minuscule chaton à ses pattes. La pauvre petite chose est toute tremblante.

Nuage de Crabe me lance un regard d'incompréhension. Je jette un regard à Orage du Crépuscule qui, heureusement, est en train de dormir.

- Plume d'Aurore à accouché sur le chemin du retour... Ce chaton est le seul survivant... Je t'en prie, sauve le !

Les larmes se mettent alors à couler toute seules. Je n'en peux plus de me retenir...

Nuage de Crabe se jette littéralement sur le chaton et se met à le lécher frénétiquement à rebrousse poil.

- Je vais aller voir si Coeur de Pierre a besoin d'aide.

Je sors de la tanière. Je ne peux rester un instant de plus dans cette tanière à voir un chaton entre la vie et la mort. C'est au-dessus de mes forces.

L'air glaciale me coupe le souffle. Je vois Coeur de Pierre et Étoile de Corbeau près du tas de gibier. Plume d'Aurore est allongé à leur côtés et elle hurle à la mort.

Mon coeur ratte un battement quand je vois les deux petits cadavres déposés sur le sol près d'elle.

Peut-être que, tout compte fait, je préfère rester avec Nuage de Crabe... Je fais donc demi-tour et cours vers la tanière du jeune chat brun.

Mais, quelqu'un me coupe dans mon élan. Mon apprenti, Nuage d'Aigle, me regarde avec incompréhension et me demande :

- Qu'est ce qu'il se passe ?

Je ne veux rien lui dire. Je ne veux pas qu'il sache et qu'il soit triste. Je murmure donc :

- Ça a mal tourné...

Puis, je le laisse la avec Nuage de Fleur et fuis dans la tanière de Nuage de Crabe.

Celui-ci lève son regard pétillant vers moi. Il a l'air confiant, cela me rassure.

- Je pense qu'elle est hors d'affaire...

Je regarde le chaton allongé en boule sur une litière fait exprès pour lui.

- Elle ?

- Oui, c'est une femelle.

Un sourire apparaît furtivement sur mes babines avant d'être vite effacé en pensant à Plume d'Aurore dehors qui pleure la mort de ses chatons.

- Ça ne va pas Fumée Opaque ?

- Il n'y avait pas qu'elle... Les deux autres sont mort... plume d'Aurore est anéanti... Je...

Je renifle. Le jeune guérisseur farfouille quelques instants dans sa réserve et en ressort des graines.

- Tiens.

Je fronce les sourcils. Ce n'est pas moi qui est besoin d'un remède...

- Tu es traumatisé, tu as besoin de t'en remettre ça va t'aider. Ne t'inquiète pas je vais aller en donner aussi à Plume d'Aurore. Surveille le chaton et si Orage du Crépuscule se réveille, ne l'inquiète pas d'accord ?

Je hoche la tête. Intérieurement, je le remercie de ne pas me faire retourner dehors. Je ne veux plus jamais revoir cette scène. Plus jamais !

Je m'assois donc aux côtés de la petite chatonne et me met à la lécher. Elle semble avoir froid. Je ferais tout pour qu'elle ne meurt pas ! Je murmure, pour la rassurer :

- Ne t'inquiète pas ma petite, tu seras une guerrière formidable et ta mère sera toujours fière de toi. Je te le promet.

Mes yeux se ferment peu à peu. Je crois que les graines de pavot sont en train de faire effet. Mais je ne veux pas m'endormir ! La petite a besoin de moi !

Mais les effets de la graine ne l'entendent pas de cette oreille et, bientôt, je me retrouve allongé par terre, dans la poussière, près de la chatonne blanche aux tâches grises.

Mes yeux se ferment définitivement après quelques temps de lutte.

Tant pis. Tout ce que j'espère, c'est que, quand je me réveillerais, je découvre que tout ceci n'est qu'un horrible  cauchemar.

Mais j'en doute.