Chapitre 8

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- Bonjour Lucy.

- Salut p'tite blonde !

La concernée leva les yeux de son aquarelle. Deux garçons qu'elle connaissait bien, Sting et Rogue se tenaient devant elle. Le premier avait coupé ses cheveux blonds qui autrefois lui tombaient aux épaules et, au contraire, les mèches corbeau du second chatouillaient désormais son cou pâle.

- Salut les gars. Désolée pour vous mais j'ai pas de jouet à vous laisser piétiner, ironisa-t-elle.

Après tout, la meilleure défense n'était-elle pas l'attaque, comme le disait Erza ? Ils avaient été particulièrement hargneux envers elle, quelques années auparavant. Comme presque tous les habitants de Magnolia l'étaient. Certains le regrettaient une fois adulte, ayant mûri. Ils avaient alors tant de remords qu'ils aidaient le plus possible les sans-abris, leur offrant de la nourriture, et quelques jouets aux enfants. Pourtant, la plupart continuaient de persécuter les pauvres, ceux qui n'avaient rien.

- On n'est pas venu pour ça, p'tite blonde. On veut se faire pardonner. Ce qu'on t'a fait c'était vraiment pas cool, on regrette.

Lucy ricana. Comme si quelques excuses allaient suffire. Ils avaient été abominables et abjects - ce n'était pas quelque chose d'aisément oubliable. Elle savait que Sting et Rogue n'étaient pas de méchants garçons, au fond. Elle l'avait toujours su. Malgré ce qu'ils lui avaient fait, elle leur faisait confiance. Mais de là pardonner leurs actes, qui l'avaient blessée aux larmes nombre de fois ? Certainement pas.

- Et comment tu comptes faire ça, Sting ? demanda-t-elle avec hargne, sans prendre la peine de camoufler son amertume. Je ne vois pas trop quelles possibilités tu as.

Les deux amis se regardèrent un instant, hésitants. Il semblait que l'attitude désabusée agressive de la blonde les déconcertait. Tant mieux. La blonde savait que ça ne lui ressemblait pas, d'être aussi cynique et désagréable - et quelques semaines plus tôt, elle leur aurait probablement adressé un grand sourire - mais être éloignée de Natsu et devoir supporter la douleur de s'éloigner volontairement de ses amis lui était difficile. C'était douloureux, là, au creux de sa poitrine, et un nœud nouait sa gorge en quasi-permanence.

- On a appelé une galerie d'art de Crocus en leur montrant des photos de tes œuvres, déclara finalement Rogue. Ils ont dit qu'ils étaient d'accord pour t'accorder une exposition à nos frais. Une... amie a une grande propriété à la capitale et accepte de nous loger le temps qu'on trouve autre chose. Il ne manque plus que ta signature. Tu es d'accord ?

Contre attente, Lucy partit dans un grand rire, probablement plus nerveux que sincère. Il semblait que tout le monde s'échinait à lui faire des propositions improbables, ces derniers temps. Partir à la capitale ? Ça lui convenait parfaitement. Elle s'éloignerait de Natsu, de cet amour impossible, de la cause du trou béant sa poitrine. Et peut-être qu'elle trouverait des raisons suffisantes de pardonner à ces deux imbéciles leurs actes passés.

Et puis elle pourrait se faire connaître.

- D'accord, finit-elle par acquiescer, sesépaules tressautant toujours légèrement.

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