Chapitre 17

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Natsu avait fini par s'attabler, hésitant et gêné. Ils n'osaient pas se regarder. La blonde ne cessait de penser à leur baiser, songeait qu'il lui en voulait sans doute, et ne pouvait s'empêcher, bien malgré elle, de se souvenir en boucle de la douceur qu'avaient eu ses lèvres sur les siennes. Lui ne savait pas comment aborder le sujet et avait peur de se faire rejeter. Encore. Il se racla la gorge.

— Alors tu... Enfin... Mira et Sting ont finalement fait équipe ?

Elle répondit vaguement par l'affirmative, observant d'un air concentré son assiette vide. Natsu soupira.

— Tu n'es pas très loquace. Ils nous ont organisé un rendez-vous, peut-être que l'on pourrait...

— Tu n'as pas à te forcer, Natsu, le coupa-t-elle finalement, le regard dur.

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et demanda l'addition. Elle ne voulait pas qu'il la prenne en pitié. Il ne manquait plus que ça ! Elle voulait disparaître, ne jamais le revoir. Oublier. Partir loin, ne pas revenir, embrasser l'inconnu en fuyant son passé. Ses démons. Elle ravala un sourire moqueur en suivant le cours de ses pensées. On lui avait souvent dit qu'elle était très courageuse mais... Au vu de la situation, il était indéniable qu'elle aurait fait une bien piètre Gryffondor. Le souvenir de ces livres que Levy lui avait prêtés lui mit le baume au cœur tandis qu'elle enfilait sa veste de laine chaude. 

Alors qu'elle quittait le restaurant, le jeune homme se leva et tenta le tout pour le tout, avec l'énergie du désespoir.

— Je t'aime, Luce !

Elle s'arrêta, se retourna. Qu'il dise des mots si importants sans les penser lui brisait bien plus le cœur que tous les silences qu'il aurait pu opposer à ses sentiments.

— Non Natsu. C'est juste un reste de pitié. Et je n'en veux pas.

Elle partit. Comme un rêve, comme une apparition, elle n'était soudain plus là. Disparue, envolée. Absente. Il avait envie de s'arracher les cheveux, de casser quelque chose, de hurler au monde son incompréhension. Il avait envie de pleurer, aussi. Un peu. Pourquoi ne voulait-elle pas comprendre ? Pourquoi ? Et pourquoi n'avait-il pas tout simplement pu l'oublier, elle ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas passer à autre chose, alors qu'ils ne parvenaient pas à être ensemble, à se comprendre ? Il aurait été tellement plus simple de filer un amour parfait ou d'être deux inconnus.

— Pourquoi, Luce ? balbutia-t-il, perdu.

***

Il l'aimait. Ou, du moins, il croyait l'aimer. N'était-ce pas malsain ? Aider quelqu'un pour lui faire du chantage affectif en retour. Il n'en avait certes pas explicitement fait, mais il paraissait évident que c'était son but. La garder pour lui. Il voulait sans doute qu'elle lui appartienne.

— Lucy, pourquoi t'as fait ça ? Il t'aime vraiment.

La blonde s'arrêta. Que faisaient-ils ici, à Crocus ? Eux aussi étaient dans le coup ? Eux aussi s'étaient laissés berner par cet hypocrite manipulateur ? Ou bien peut-être avaient-ils toujours été dans le coup, jamais vraiment de son côté.

— T'en sais rien, Grey, cracha-t-elle à sa silhouette un peu floue, sans doute à cause de sa rage. Il est complètement obsédé par ma personne. C'est malsain. Je l'aime, mais je refuserai ses avances jusqu'à ce qu'elles soient sincères.

— Mais putain, Lucy ! Il l'est, sincère.

Une autre voix, plus proche. Moins lointaine, plus tôt. Rauque. Oppressante.

— Je ne crois pas, Gajeel. Vous êtes naïfs.

Elle sentait ses nerfs lâcher, elle avait envie de pleurer. Elle continua d'avancer vers l'appartement, avant d'être rattrapée par trois jeunes femmes. Pleurait-elle ? Elle ne voyait pas bien.

— Ma petite Lucy, je te jure que Natsu n'a pas pitié de toi. Il t'a toujours admirée. Il voulait t'aider, oui, mais il admirait ton courage.

Depuis quand avait-elle une voix si caressante, doucereuse ? Sa tête lui tournait. Il y avait de l'écho dans cette rue, comme si les propos de Gajeel et Grey revenaient en boucle, superposées aux voix des filles.

— Levy a raison. Crois en lui, Lucy.

— Juvia, Levy, arrêtez de dire n'importe quoi, s'écria-t-elle, la voix brisée à cause du nœud dans sa gorge. C'est malsain.

Après tout, quel genre de personne s'intéressait à une clocharde ? Elle n'en était plus une, mais il avait été tant obnubilé par sa personne que c'en était devenu effrayant. Les cheveux flamboyants de la dernière à ne pas s'être exprimée l'aveuglaient. Ils semblaient incandescents. Elle avait mal au crâne.

— Donne-lui une chance, Lucy ! C'est un idiot qui passe son temps à se battre et à qui il faut apprendre les bonnes manières, mais c'est quelqu'un de bien. Lui et Grey sont mes protégés, je les connais bien. Ils se connaissent bien. Et...

— Les gens changent, Erza, la coupa la blonde. Laissez-moi tranquille !

Quelqu'un claqua ses volets. Et puis les voix se turent, et elle se rendit compte qu'elle était à Crocus, et que ses amis ne pouvaient pas être là. Qu'elle était en passe de devenir folle. Qu'elle devait faire le point. S'éloigner. Encore. Elle éclata en sanglots, mêlés à un rire nerveux. Elle voulait juste oublier...

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Bon ! Un chapitre un chouïa long par rapport à la taille standard de cette fic, mais disons que c'est pour me faire pardonner du chapitre précédent... Et du chapitre suivant, qui sera aussi assez court, pardon d'avance ! On entre dans le dernier tiers de la fic, soit dit en passant ;)

J'ai fait de mon mieux pour représenter ce que je voulais représenter, une Lucy qui est prise entre deux feux : sa peur et ses désirs. Je pense que ça ne rend pas trop mal, mais j'ai peur d'en avoir fait un peu trop... Vous en pensez quoi ?

J'espère que ça vous a plu, le cas échéant n'hésitez pas à laisser un petit commentaire, et on se retrouve dimanche ! :p

Merci d'avoir lu <3

AquarellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant