Chapitre 15

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Bonsoir à toutes et tous ! J'ai finalement réussi à publier à temps, mais c'était tout juste. Comme je l'ai dit la semaine dernière, ce chapitre était assez laborieux, et il a nécessité une réécriture complète. Bon, au passage, il est deux fois plus long que ce que je vous offre d'habitude, j'espère que ça ne vous dérange pas ! Si c'est le cas, pas de souci, les prochains devraient retrouver une longueur classique ;)

Tout se passe bien de votre côté ?

Bonne lecture !

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Sting borda sa fille, Ling, un sourire fatigué étirant ses lèvres. Elle ne faisait pas encore ses nuits, ce qui était plutôt normal au vu de son très jeune âge, et il aurait damné son âme pour avoir un peu de sommeil en plus, mais c'était toujours avec un sentiment de béatitude particulier qu'il la regardait dormir durant quelques instants. Elle était si mignonne ainsi, si sereine. Silencieuse aussi, et c'était une bénédiction. Mais, plus encore, il lui arrivait souvent de sourire dans son sommeil. Et Sting adorait voir sa petite sourire dans son inconscient. Elle semblait si heureuse !

Yukino se retourna dans son sommeil en grognant, rappelant son fiancé à l'ordre. Presque à contrecœur, il s'éloigna de sa fille. Il allait se recoucher quand un cri l'arracha définitivement de son sommeil. Lucy faisait un cauchemar. Encore. Ils avaient commencé après que Sting lui eut parlé de son carnet à dessin, lui rappelant des souvenirs qui l'angoissaient. Il regrettait amèrement d'avoir été aussi idiot, et de ne pas avoir pensé aux conséquences de ses actes. Après tout, pourquoi Lucy aurait-elle pu accepter de suivre deux idiots qui l'avaient blessée, si ce n'était pour fuir quelque chose, pour fuir quelqu'un ?

— Vas-y, Sting, elle a besoin de toi, murmura sa fiancée d'une voix rauque.

Il s'excusa auprès d'elle d'un baiser sur le front et rejoignit Lucy pour la nuit après avoir vérifié que Ling dormait toujours. D'ordinaire sa simple présence atténuait les cauchemars de la blonde, soit en lui caressant les cheveux, soit en lui tenant la main, soit en fredonnant un peu... Mais pas cette fois.

Bien qu'il soit venu, elle continuait de gesticuler, gémir et sangloter dans son sommeil, laissant parfois échapper quelques marmonnements indistincts. Un nom semblait revenir souvent, et ce fut un coup au cœur pour Sting. Pourquoi avait-il fallu que cet abruti se pointe à Crocus pour foutre en l'air l'équilibre précaire qu'avait trouvé blonde ?

— Natsu...

Elle serra son oreiller contre son sein, pleurant doucement. Ses joues la tireraient, le lendemain. Son frère soupira. Il fallait décidément régler ce problème.

***

Sting souffla dans ses mains et les frotta pour les réchauffer. Il n'était pas venu à Magnolia depuis longtemps, et n'avait plus l'habitude d'un tel froid, en témoignait son nez rougi et ses mains bleutées. Quelques flocons de neige lui souhaitèrent la bienvenue. On n'était qu'en décembre, mais l'hiver avait toujours été rude, dans cette petite commune, et cette année-là était particulièrement froide.

Il lui fallait trouver de l'aide. Et il savait déjà vers qui se tourner. Restait à savoir où la trouver... Hésitant, il se balança sur ses jambes engourdies, avant de finalement s'engager sur l'artère principale de la ville de son enfance. Après tout, il pouvait bien profiter un peu des décorations de Noël et du vin chaud du vieux Wakaba...

***

Les lettres rouges et éclatantes le ramenèrent des années auparavant, quand il attendait Rogue à la sortie de son job d'été. Il avait rencontré Natsu pour la première fois juste-là, à cet endroit, alors qu'il était assis sous la lettre L, pianotant sur un téléphone à touches. C'était le tout dernier modèle à l'époque, et il l'avait jalousé pour cela. Natsu était plus vieux, plus riche, et Sting avait plus tard découvert qu'il était aussi plus sociable, qu'il avait beaucoup d'amis, et qu'il était bien trop généreux. Cette rencontre avait comme qui dirait distribué leurs rôles à jamais : Natsu toujours supérieur, et lui toujours impuissant et jaloux. Il aurait voulu pouvoir rendre sa sœur heureuse, mais il semblait que seul son mentor pouvait avoir une quelconque influence sur elle, désormais. Il pénétra dans le bar, refermant les grandes portes derrière lui. Il fut instantanément submergé par les effluves d'épices et l'odeur de l'alcool, et presque assommé par la chaleur suffocante qu'il faisait dans l'antre des fées.

— Tiens donc, ne serait-ce pas le petit Sting ? ricana Gajeel tout en astiquant un verre, ses piercings toujours aussi nombreux que dans son souvenir.

— Salut, tête de métal, le taquina-t-il en retour, assailli par une bouffée de nostalgie. Bonjour, Levy.

La petite femme lui sourit en guise de bonjour et partit à la recherche de Grey et Juvia. Elle ne l'avait jamais beaucoup aimé, malheureusement, mais il ne pouvait guère lui en vouloir. Après tout, il avait été un petit con toute son adolescence – et pas seulement avec Lucy.

— Qu'est-ce qui t'amène à Magnolia, gamin ? Et que devient Rogue ? ajouta le percé en souriant affectueusement.

Il était rare de le voir aussi attendri, sans son éternel rictus moqueur ou une mine patibulaire à faire pâlir les morts. Les seules personnes qui lui inspiraient un tel élan d'émotion étaient Levy, Rogue et Lucy, chacun pour des raisons différentes, mais à une intensité égale.

— Rogue va bien, répondit le plus jeune en ôtant sa veste. Il se marie bientôt, tu sais ? Les invitations devraient bientôt vous parvenir.

— Sans déconner ? Qui a bien pu vouloir d'un môme aussi taciturne ?

— T'es pas le mieux placé pour dire ça, face de clou, lança Grey en arrivant, un grand sourire plaqué sur son visage.

— La ferme, l'exhib', grogna le concerné.

Après avoir attiré Sting dans une accolade émue, Grey prit place sur l'un des tabourets de bar, installant Juvia sur ses genoux. Elle toisa Sting sans rien dire, avant de reprendre sa discussion avec Levy, à propos de chats et de kiwis. Elle non-plus ne semblait pas lui avoir pardonné sa bêtise passée. Il se désintéressa de leur conversation, se focalisant sur la raison de sa venue. Gajeel et Grey n'étaient pas dupes, et semblaient attendre ses explications. Après quelques minutes de silences, le percé se racla la gorge, perdant patience.

— Accouche, Barbie, on n'a pas tout ton temps. Je travaille, au cas tu l'aurais pas remarqué.

Sting déglutit et prit une grande inspiration, cherchant ses mots. Les deux jeunes femmes avaient cessé de parler, se doutant qu'il était venu à cause sa sœur, et il avait cette fois toute leur attention.

— J'ai besoin de votre aide. Lucy aime Natsu et ça la bouffe. Enfin vous le savez sans doute, il a dû tout vous dire en rentrant de Crocus. Bref, maintenant qu'elle l'a revu elle fait chaque nuit des cauchemars et je veux que ça s'arrête. Soit on parvient à lui faire oublier cet idiot, soit on les met en couple.

Il fit une petite pause pour reprendre son souffle, et regarda déjà leurs réactions. Gajeel était stoïque, fidèle à lui-même, et Grey avait l'air inquiet pour sa petite protégée. Levy et Juvia, quant à elles, grimaçant comme si elles venaient de manger un citron, semblaient retenir quelques remarques acerbes, sans doute réticentes à l'idée d'interférer.

— Ça me fait mal de dire ça, continua le blond avant qu'elles ne se décident, mais j'ai vraiment l'impression qu'elle est incapable de l'oublier. Après tout ça fait trois ans qu'elle aime quelqu'un qu'elle n'a plus vu depuis autant de temps... Alors même s'il ne la mérite pas, au vu de ses actes irréfléchis et égoïstes, je crois devoir opter pour la seconde solution. Donc j'ai besoin de Mirajane.

Les deux garçons frémirent à l'entente de ce nom. Elle leur avait fait des misères, au collège comme au lycée, pour parvenir à les mettre en couple. Mais ils étaient heureux désormais, donc peut-être était-ce là la solution ?

— Elle commence son service dans dix minutes, si tu veux, proposa Levy, comme à contrecœur. Tu pourras lui en parler. Mais je ne veux rien avoir à faire avec ça, d'accord ?

— Moi non plus, renchérit Juvia, je sens que cette histoire va mal finir.

— Ouais, ça me va, sourit Sting. Et faites-moi confiance, un peu, c'est pour elle qu'on fait ça !

Elles ne répondirent rien, leur regard parlait pourelles. Mais il fallait le comprendre. Il ne voulait que son bonheur...

AquarellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant