Deux mains se posèrent sur mes épaules alors que je marmonnais. Non, il était trop tôt pour que je me lève... Je n'avais pas récupéré toutes mes forces.
- Lissandre, il est huit heures du matin. La cérémonie commence dans... Vingt minutes, annonça Marla en me forçant à me redresser.
La tête dans le cul, je frottai mes paupières endolories et m'étirai, raide comme un piquet. J'espérais que tout ne soit qu'un vague cauchemar, mais comme Thora ne me gratifiait d'aucune insulte au réveil, j'en conclus que non.
Je soupirai, maussade, puis me levai en catastrophe en comprenant le "vingt minutes".
A la hâte, j'enfilai les vêtements que j'avais préparés la veille et me jetai sur la porte. La chat-garou ne répondit rien et se contenta de me suivre dans la salle de bain.
Ma tête était affreuse, sans surprise. Seulement, j'avais autre chose à penser : je me balançai une salve d'eau froide au visage puis coiffai rapidement ma tignasse.
La seconde après, j'étais en bas, une part de tarte dans la main. Marla ouvrit la porte et m'attira vers la voiture de Yahid qui ronronnait dans la rue. A l'arrière, une petite fille aux longues mèches blondes buvait bruyamment un Capri-Sun en m'ignorant.
Je m'installai à l'avant en lui jetant un bref coup d'œil. Ses yeux d'un bleu parfait semblaient si limpides qu'on aurait cru qu'un océan s'y étendait, calme et paisible.
- Lissandre, je te présente Véronika, annonça Yahid en attrapant ma main dans la sienne.
Je hochai la tête et la saluai bien qu'elle continua de faire comme si je n'existais pas. Le trajet jusqu'au cimetière se fit en silence. Arrivés sur le lieu de rendez vous, nous dûmes nous garer à l'autre bout du monde pour trouver une place ; nous avançâmes ensuite jusqu'aux imposantes grilles en fer forgé.
Nous jouâmes des coudes pour nous approcher d'une petite chapelle dans laquelle nous nous précipitâmes.
La cérémonie fut plus courte que je ne le pensais. Tout d'abord, ils listèrent le nom de chaque victime. Ce fut sans doute l'étape la plus longue.
Ensuite, ils dictèrent quelques mots. L'homme qui s'exprimait était le chef d'une grande famille européenne. Yahid m'apprit qu'il s'était porté volontaire pour cette tâche, mais que si personne ne l'avait fait, il aurait dû s'en charger lui.
- Je n'ai pas encore les épaules pour ce genre de choses... Ni assez de recul. J'ai perdu mon meilleur ami, mon frère, celui que je considérais comme ma moitié. Je m'en sens tellement... Incapable, avoua-t-il.
- Je ne m'inquiète pas. Un jour, tu y arriveras.
Il se tourna vers moi avec un petit sourire que je lui rendis. Puis il fut temps de sortir pour, comme l'exigeait la tradition chez les surnaturels, libérer les âmes des défunts. Pour cela, il fallait passer une branche de sapin le long de tous les cercueils en baissant la tête.
Yahid m'expliqua le fonctionnement du rituel alors que j'opinai. Puis, accompagnés des chefs de chaque regroupement, nous nous avançâmes les premiers.
Devant chaque boîte, il y avait un nom. Beaucoup que je ne connaissais pas, d'ailleurs. Marcialo, Louis, Jack, Marie, Ava, et un tas d'autres qui étaient morts pour notre monde et que je n'aurais jamais la chance de pouvoir remercier.
Finalement, j'arrivai dans la rangée que je redoutais le plus. Ariane Smite fut la première. Ma gorge se noua face à cette boite identique à toutes les autres, d'un brun foncé aux douces senteurs forestières.
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Anges, Démons, et puis quoi encore ? {TERMINÉE}
ParanormalJ'étais pure et innocente, perdue dans un monde trop lisse et régulier pour moi. Je m'y sentais prisonnière, enfermée, suffoquant jour et nuit en quête d'une brève inspiration. Dorénavant, je suis perdue dans un dédale de complots, de congrégations...