23.2 Falaise

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   J'avais envie de le lui dire, mais c'était purement ridicule, elle se serait foutue de moi. Et puis comment justifier une telle pensée ? Elle allait se méprendre sur mon compte et c'était bien la dernière chose que je voulais.

- Après ton départ, Adrian n'avait plus personne. Et il parle de toi comme d'un père. Alors tu n'as peut être pas porté ton propre bébé dans tes bras, mais tu as su rendre un enfant heureux. Lui laisser en mémoire l'impression d'avoir eu le patriarche qu'il n'a jamais eu. Camilla a eu tort de t'en vouloir. Personne n'est parfait et chaque histoire forge l'avenir d'une personne sans pour autant la condamner... J'allais dire que tu étais jeune et que tu avais toute la vie devant toi mais...

   Elle ricana et baissa la tête vers sa main qui serrait vigoureusement la mienne.

- C'est encore mieux, parce que tu as l'éternité devant toi pour trouver le moyen d'être heureux autrement. Tout n'est pas désespéré, c'est ce que je me force à croire. Et tu devrais en faire autant.

- C'est niais, ce que tu dis.

   Elle soupira et me relâcha alors que sa chaleur me manqua dans l'instant.

- Est-ce que c'est pire que d'être pessimiste ?

- Tu peux être déçue, à croire tout et n'importe quoi. Pas moi.

- Mais l'espoir fait vivre. J'ai décidé de vivre. Et je fais en sorte de faire vivre les autres aussi. Pas toi, rétorqua-t-elle avant de me lancer un regard dédaigneux.

   Je lui claquai une baffe à l'arrière du crâne et elle ronchonna avant de me griffer le dessus de la main. Puis elle afficha un sourire franc.

- J'ai l'espoir de rendre les gens heureux. Ou dans tous les cas, un peu plus heureux que ce qu'ils sont. Et... Tu vois, ça marche, se vanta-t-elle en appuyant la pulpe de son index sur le coin de mon sourire.

   Je donnai une tape dessus et elle poussa un petit cri avant de froncer les sourcils. Mon sourire retomba, mais je constatai avec soulagement que mon cœur me faisait beaucoup moins mal. Il battait presque. J'eus du mal à comprendre comment c'était possible, mais c'était Lissandre. Il n'y avait pas vraiment d'autre explication.

- Tu es insupportable.

- Ouais, tu radotes, papi.

- Tu devrais me croire, me moquai-je en me relevant.

- Et toi, tu devrais arrêter de venir ici.

- Ok. Si tu me promets de ne plus te suicider pour moi. Plus jamais, quoiqu'il arrive. Je me suis senti coupable, confessa Aiden à ma place.

   Bordel, je vais le tuer...!

- Coupable ?

- Tu as risqué ta vie parce que je me suis fait capturer. J'aurais mérité de mourir.

   Elle afficha une expression de colère si terrible que j'arquai immédiatement un sourcil avant de lever les mains d'un air innocent.

- Ne dis plus jamais de choses comme ça. Je ne regrette absolument pas mon geste. Et ne te pense pas redevable ou je ne sais pas quoi.

- Tu rigoles ? C'est toi qui a payé ta dette, cette fois, ricanai-je alors que la colère laissait place à la surprise.

- Quelle dette ?

- Tu te souviens de ton mémorable combat contre le rhinocéros maléfique, dans mon salon ? fis-je d'un air mystérieux qui la fit sourire.

   Finalement, elle n'était pas si infâme que je le croyais quelques heures plus tôt. Force était de constater que pour une Griffonneau, elle avait cette lueur dans le regard qui la rendait presque appréciable.

Anges, Démons, et puis quoi encore ? {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant