12.1 Bal

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   Salle de sport, livres, et repas. Ce jour-ci était passé très vite, trop vite, même. J'avais rencontré Ariane - elle était canon d'ailleurs, je comprenais pourquoi Candide était éperdument amoureuse d'elle.

   Le genre de blonde aux jambes interminables et au visage déterminé, de grands yeux bleus et une bouche en cœur. Elle avait plutôt mal pris notre petite arrivée et quand nous nous étions affrontées, elle n'avait pas retenu ses coups.

   Heureusement que moi non plus, sinon je me faisais couper en dix.

   Candide et moi nous étions retrouvées dans la salle de bain afin de nous préparer à l'anniversaire de la sœur de Yahid. Kugora était parti chercher Lola et Lucasha boudait dans son coin - pour changer.

   J'avais sorti de ma valise la seule robe que je m'étais résolue à prendre avec. Celle qui avait vu toutes mes meilleures représentations au conservatoire, il y avait quelques années. Je ne pensais pas qu'en la sortant de ma valise, j'aurais toujours l'impression de ne l'avoir encore jamais portée.

   Je dépliai soigneusement le tissu satiné d'un bordeaux profond, puis la montrai à Candide qui affichait un regard émerveillé. Elle était restée très silencieuse aujourd'hui, mais le sourire qui étirait désormais ses lèvres valait bien mieux que des mots.

- Elle te plaît ?

   Candide hocha la tête et sortit d'un sac blanc une robe qu'elle semblait avoir tout juste achetée dans la matinée. Le tissu était plus épais, plus lourd. D'un rose pâle, elle arborait de fines dentelles qui descendaient jusqu'aux poignets, cachant ainsi sa peau trop pâle et parsemée de fines veines bleues.

   Le dos nu de ma robe descendait quasiment jusqu'au coccyx. Son drapé, lui, frôlait mes chevilles sans en dévoiler la moindre parcelle de peau. Je l'enfilai

   Une main me fit sursauter, celle de Candide sur mon épaule.

- Elle te va à merveille.

   J'observai sa silhouette maladive, camouflée sous sa robe nacrée, avant de lui sourire et d'approcher du miroir.

- Parle pour toi, chérie... souris-je passant mes doigts sur sa joue.

- Lissandre, tu ne me fais pas confiance, hm ?

   Je grimaçai en sortant de mon sac une palette de maquillage et tout un tas de pinceaux. Le juste milieu entre vulgaire et invisible était toujours difficile à atteindre, mais le résultat en valait la peine.

- Lissandre... grogna la méduse qui me fixait à travers le miroir.

- Que veux-tu que je te dise ?

- Pourquoi tu ne me dis rien, par exemple ! Pourquoi tu as l'air d'aller si mal et que tu ne me dis pas pourquoi ? Je sais pas, moi, dis-moi pourquoi tu as un bleu dans le cou...? Sérieusement, tu pensais qu'un peu de fond de teint allait tout cacher ?

   Elle avait presque élevé la voix et je pinçai les lèvres. J'aurais dû appliquer un peu de glace et de crème apaisante la veille avant d'aller dormir... Je l'avais fait seulement ce matin et ce n'était pas entièrement parti.

   En fait, non. Ce n'était pas du tout parti. J'avais de sales ecchymoses un peu partout sur le cou et la nuque, notamment sous l'oreille droite où l'on pouvait clairement deviner la trace d'un doigt.

- Candide... On vient de m'apprendre que j'étais sous protection rapprochée, parce qu'un démon surpuissant voulait tremper son biscuit dans mon verre de lait et me faire chier son gosse. Gosse qui n'est autre que celui qui est censé détruire le monde. Alors, c'est normal que je me sente un peu en danger je crois. Et cette marque, j'ignore d'où elle vient.

Anges, Démons, et puis quoi encore ? {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant