2. Drôle de premier jour

298 44 220
                                    

- Hein ?! m'écrirai-je avant d'exploser de rire.

- Arrête de rire ! Ils t'ont prise en otage c'est ça ?

- Mais qui ? De quoi tu parles ?

   J'avais du mal à comprendre la nuance. En fait, je ne saisissais pas s'il blaguait ou non. Quelque chose me disait cela dit qu'il était plus que sérieux...

- Dis-moi à quoi ils ressemblent, tout ce que tu entends, dis-moi tout... continua-t-il dans son trip de paranoïa.

- Mais... Papa, on est pas dans Taken !

- Tout va bien alors ? Tu es sûre ?

   Griffonneau angoissait toujours dès que je m'éloignais de plus de trente kilomètres de la maison. Et comme je n'avais jamais été douée pour rassurer qui que ce soit, j'allais encore m'abstenir aujourd'hui de tenter le moindre carnage.

- Tout va bien, je te jure. Je vais aller faire quelques courses et ensuit je vais monter mes meubles.

- Ok. Fais attention à toi. Rappelle-moi dès que tu as du temps, d'accord ?

- Promis ! ricanai-je.

   Cet homme était carrément dérangé, maintenant ça ne faisait plus aucun doute. Au moins, je savais de qui je tenais ça.

   Je laissai la fenêtre ouverte, sortis une nouvelle tenue et me dirigeai vers la salle de bain. Elle était impressionnante, toute en marbre et en verre. Je cessai cependant mes contemplations car je n'avais plus beaucoup de temps devant moi.

   Maintenant que j'y pensais, j'allais aussi tirer les oreilles de Candide... Il n'y avait que deux solutions plausibles pour expliquer qu'elle m'avait oubliée 8 heures dans le salon.

   La première ? Elle s'était bien foutu de ma gueule. Et moi, j'étais assez naïve pour ne rien comprendre.

   La deuxième ? Ce serait qu'elle m'ait oublié. Ce qui n'était guère plus flatteur.

   J'espérais simplement que mes colocataires masculins n'étaient pas rentrés entre temps... Et si oui, quelle remarquable première impression j'avais dû leur faire.

   J'en avais vécu, des choses, à cause des hommes. De ce fait, je détestais me sentir à la merci de l'un d'entre eux. J'étais toujours persuadée qu'ils avaient de salaces idées en tête quand ils voyaient une fille. Que c'était systématique.

   C'était sûrement pour cette raison que Griffonneau n'avait pas été surpris que je lui annonce ma bisexualité.

   Il y avait d'ailleurs trois choses sur lesquelles mon père était génial : premièrement, sa tolérance vis à vis de mes penchants sexuels.

   Deuxièmement, son indulgence face à mes échecs scolaires. L'école, ce n'était pas fait pour moi - je n'étais pas bête pour autant, mais je voulais travailler avec la nature. De ce fait, j'avais étudié à Lyon dans le domaine de l'herboristerie. Il m'avait même laissée entrer au conservatoire lorsque je jouais de la batterie.

   Et enfin, troisième point, mon père avait toujours compris le pourquoi du comment sans que je n'ai à lui expliquer.

   Je n'avais jamais eu besoin de m'exprimer au sujet des raisons qui me poussaient à craindre les hommes. En réalité, j'ignorais s'il savait à quel point leur simple présence me paralysait. Je ne montrais jamais aucune faiblesse devant eux - par exemple, je ne m'endormais pas seule dans le salon de deux inconnus... Et jamais il n'avait cherché à comprendre pourquoi, c'était comme s'il avait déjà tous les éléments en main.

Anges, Démons, et puis quoi encore ? {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant