Chapitre 2

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Valéria était épuisée. Après le long voyage en calèche, elle aurait bien aimé un peu de calme mais non, elle devait faire face à une Alicia toute excitée, qui  ne cessait de se projeter sur ses futures fiançailles avec le roi tandis que Valéria la prépara pour prendre le thé au salon.

« Crois-tu que le roi sera présent pour le thé ?, A ce qu'on dit, il est bel homme...,Crois-tu que j'ai mes chances ? Suis-je belle comme ça ? »

Ces questions posées en boucle par Alicia avaient fini par l'achever. Valéria avait besoin de prendre l'air. Elle profita donc de l'absence de sa tante et de sa cousine pour aller se promener aux alentours du château. Elle décida d'aller explorer le petit sentier menant vers la petite maison en pierres et s'arrêta devant la ferme qui s'y trouvait à côté pour regarder les poules et les canards, qui se partageaient l'enclos et les dindons qui cohabitaient avec les oies dans une parcelle plus réduite. Elle reprit sa route et aperçut la forêt droit devant elle, alors que le sentier sur sa droite menait vers des prairies servant de pâturages aux vaches, moutons et chevaux.

A peine mis elle un pied dans la forêt, qu'elle se sentit transporter dans un autre monde. Elle ferma les yeux et respira l'air boisé et humide, aux odeurs de champignons. Valéria adorait l'automne : entendre le craquement des feuilles mortes sous ses pieds et contempler la beauté des arbres qui se déshabillaient de leur feuillage aux différentes teintes, l'apaisaient. Les souvenirs de son enfance avec ses parents lui revenaient en mémoire quand ils partaient faire des ballades dans les bois. S'essuyant la larme qui roula sur sa joue, Valéria décida de ne pas explorer les bois mais plutôt de profiter de ce cadre pour se reposer. Elle fut vite attirée par un gros chêne, s'y cala et finit par vite s'endormir.


Auguste appréhendait ces trois jours. Il savait que réunir tant de débutantes avec leur mère, les douairières présentes prendraient plaisir à jaboter. Il avait toujours fui ces mondanités mais aujourd'hui, il devait faire face à ses responsabilités. Avant de supporter les parades féminines à venir, il décida de sortir Orcus, son étalon noir. Après avoir galopé à une cadence soutenue, Auguste ramena sa monture au trot en passant par la forêt.

Il était prêt à affronter ses invités féminins autour du thé, soulagé d'avoir son identité cachée.

Perdu dans ses pensées, il avait failli ne pas la voir... la beauté endormie contre un arbre.

Était-elle une apparition féerique, une hallucination ? Pour en avoir le cœur net, il descendit de cheval et s'approcha pour mieux la contempler.

Ses longs cheveux châtains foncés ondulaient sur ses épaules. Ses yeux, fermés, laissaient le mystère quant à sa couleur. Elle avait un joli petit nez assorti à une bouche pulpeuse, aux couleurs de la fraise. Elle paraissait si sereine...

Qui était cette jeune femme ?Était-elle une invitée ? Si oui, que faisait-elle ici au lieu de tenter de percer l'identité du roi autour du thé comme toutes les autres jeunes filles?

Si elle était une domestique, elle  ne porterait pas cette robe, un peu démodée certes mais jolie quand même, sauf si c'était un cadeau de sa patronne.

Le mystère l'incita à la réveiller. Il s'agenouilla face à elle et lui caressa la joue. Il sentit, sous ses  mains rugueuses, une peau fine et douce. Un parfum de fleurs, du jasmin, lui éveilla ses sens.

L'inconnue lui sourit quand il lui toucha le visage mais elle ne se réveilla pas. Auguste était tenté de l'embrasser pour tester la véracité de certains contes, comme quoi, un baiser d'amour réveillerait la belle princesse endormie, même si elle n'en était pas une. Finalement, la jeune femme avait réagi à ses caresses. Elle s'étira avant d'ouvrir les yeux.

Saga La Nabriguie. La liberté d'aimer. (Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant