Chapitre 1.
Elles étaient la honte de la famille, rejetées par leur famille et par la société. Leurs torts? Etre les sœurs d'un traître.
Les soeurs Duhac étaient pensionnaires au couvent de Vouennes quand leur frère fut démasqué et tué. Elles finissaient leur dernière année de scolarité. Elles durent quitter le pensionnat afin d'assister aux funérailles de leur frère et de rencontrer leur nouveau tuteur, qui ne comptait plus couvrir les frais de scolarité.
Elles venaient tout juste de fêter leur dix-huitième anniversaire, seules au couvent. Depuis que leur frère Georges était leur tuteur, elles ne le voyait pratiquement plus, soit disant qu'il était trop occupé par ses affaires.
Cayla était l'aîné... de cinq minutes. Sa chevelure flamboyante reflétait bien son caractère emporté, ses yeux bleus pétillaient de vie, de vivacité.
Clémence était plus discrète. Ses cheveux châtains clairs témoignaient de sa douceur, ses yeux bleus reflétaient la compassion, l'altruisme.
Leur caractère était complètement opposé : l'une était plutôt impulsive et courageuse tandis que l'autre était plutôt calme et sage.
Malgré cette différence de caractère, elles étaient inséparables, voir fusionnelles. Leur mère n'avait pas survécu après leur naissance. A la mort prématurée de leur père, il y a six ans de cela, leur frère Georges, l'héritier du baronnet, devint leur tuteur. Mais Georges n'était pas de nature à s'embêter de deux adolescentes. Il les envoya donc au couvent de Vouennes, se déchargeant pour quelques années de sa responsabilité.
***
La calèche arriva enfin au manoir de Rustences, le lieu de résidence des barons Duhac. L'ambiance était glaciale, leur accueil n'en fut pas moins identique. Une vieille femme s'avança vers elles, endeuillée mais couverte de bijoux en or, n'hésitant pas à afficher son mépris envers les deux sœurs.
— Enfin vous voilà! On va pouvoir enterrer votre pauvre frère.
Clémence retenait ses larmes. Cayla, elle, contenait sa colère et préféra se concentrer sur sa sœur, en lui serrant la main. Elles n'avaient pas à subir les représailles de la trahison de leur frère.
Les obsèques de Georges Duhac eurent lieu dans la plus stricte intimité.
Clémence était dans sa bulle de tristesse, ignorant de percer les identités des gens présents. Cayla, elle, avait réussi à les cerner. La vieille dame qui les avait accueillie n'était pas si vieille que ça. Elle était la nouvelle baronne de Rustences. Cayla avait reconnu la broche appartenant à sa mère et qu'elle portait avec dédain sur son manteau.
Son époux, le nouveau baron, ne leur avait même pas adressé la parole, juste un regard chargé de mépris. Quant à leurs enfants, Pauline et Tristan, ils imitaient leurs parents, délaissant les deux sœurs, orphelines, dans leur peine. Pauline devait avoir à peine seize ans et Tristan, à peine plus âgé qu'elles. Le cercueil en bois s'enfonça dans le trou. Clémence y lança une rose blanche, les joues inondées de larmes. Main dans la main, les deux sœurs quittèrent le cimetière et prièrent en silence pour leur devenir.
***
— Entrez.
La voix forte et grave de leur nouveau tuteur résonnait de l'autre côté de la pièce.
Cayla et Clémence rentrèrent dans le bureau, autrefois celui de leur père puis de leur frère. Une foule de souvenirs les submergèrent : des souvenirs heureux où leur père prenait le temps de jouer avec elles mais ces jours de gaieté s'étaient vite assombris, laissant la place à la tristesse et à la solitude.
— Asseyez-vous, jeunes filles.
Leur tuteur était le cousin de leur défunt père.
— Je ne sais pas quoi faire de vous mesdemoiselles, leur avoua t-il. Vous êtes deux, ma femme a déjà Pauline à s'occuper sans oublier que votre lien direct avec Georges pourrait causer du tort à ma fille.
Cayla avait réfléchi à ce problème bien avant cet entretien. Elle redressa fièrement son menton sans quitter son tuteur des yeux.
— Je comprends tout à fait votre problème, monsieur, et je vous propose de vous libérer de votre devoirs envers nous.
Clémence regarda sa sœur, sans trop être étonnée. Elle aurait du se douter que Cayla avait réfléchi à une solution avant qu'elle ne leur soit imposée. Le cousin, intéressé, lui fit signe de continuer.
— Je vous écoute.
— Quand nous étions petites, papa nous emmenait souvent à Aniort. La famille possède un manoir mais aussi un cottage qui se trouve isolé de la ville. J'aimerais y vivre avec ma sœur. Nous vous demandons seulement une petite rente afin de nous aider et vous n'entendrez plus parler de nous.
— Comment comptez-vous survivre avec votre petite rente?
— Nous vous demandons juste de nous financer l'achats d'animaux pour notre ferme et notre potager, comme ça, nous pourrons nous-même subvenir à nos besoins.
— Ce cottage s'apprête t-il à la fonction de ferme?
— Oui monsieur. Un grand terrain est rattaché à la demeure et une grange la jouxte. Avec votre rente, nous pourrions ainsi subvenir à tous nos autres besoins.
— Soit. Demain, nous partirons pour Aniort que je juge par moi-même de la réalisation de ce projet.
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Saga La Nabriguie. La liberté d'aimer. (Terminé )
RomanceA la recherche d'une épouse, le roi Auguste De Brouet organise un bal où seules les identités seront masquées dans l'espoir que l'une des invitées tombe sur son charme tout en ignorant son titre. Séduit par Valéria, Auguste ignore tout d'elle : son...